Sur son lit de mort, elle pense : « Je suis au bout du chemin. Je laisse ma vie, je laisse ma fille à son destin. Je sens la chimie opérer en moi. Pas la chimio, l'autre, naturelle, celle qui enclenche le processus, qui libère les toxines et qui bloque les organes, la mort naturelle, chimique, décidée par la Nature. Je m'endors sans pouvoir dire un dernier mot à ma fille que je laisse abîmée sans avoir pu la protéger, sans avoir dû le dénoncer. Nul besoin de jugement de la loi des Hommes pour me condamner. L'occulte s'en est chargé. Je l'ai laissé venir en moi, je l'ai accueilli comme le verdict du pardon. Et que mon âme s'éteigne comme un rêve qui s'oublie, que mon corps arrête de faire vivre cet esprit, j'emporte avec moi la maladie dans les profondeurs oubliées de ma conscience, là où la lumière ne pénètre plus, dans l'épais bleu nuit où la vie s'efface sous la pression étouffante comme celle du fond de l'océan. » Une dernière fois elle ouvre ses yeux bleus sur le plafond blanc, arrête de respirer et le bip continu du moniteur se confond avec le sifflement de son existence qui fuit dans le vide de l'éternité. Une dernière sensation, de froid, de solitude, isolée et perdue dans un noir absolu et un silence de néant infini où plus rien ne s'écoule ni même le temps qui n'existe plus.

Comme une allégorie de l'Humanité, sa vie lui a été donné. Elle a donné la vie, elle a fait des erreurs, il y a eu un jugement et une peine capitale. Toute l'histoire des 99 chapitres suivants peuvent se résumer ainsi. Mais l'important n'est pas la destination, l'essentiel est dans le voyage avant d'y arriver, une exploration de tous les possibles dans toutes les directions, dans toutes les dimensions et dans tous les temps avec comme dénominateur commun deux forces qui se renforcent, deux Fois qui croient l'une en l'autre pour faire vibrer les personnages et leurs petites histoires dans la grande, où chacun apporte sa pierre à l'édifice pour finalement se constituer en un monument sacré qui célèbre, qui les célèbre avant de tout oublier pour tout recommencer, de zéro à l'infini.

Je vous souhaite un bon voyage dans cette histoire dans l'histoire, où fiction et réalité se rejoignent dans un espace temps à deux directions, où les personnages ont fini par me sembler réels, certains le sont, d'autres m'ont envoûté quand sonnait la fin. Il y a plusieurs débuts et plusieurs fins, pas forcément dans l'ordre de lecture mais suffisament pour comprendre, petit à petit, ce qui se joue, ce qui se vit, ce qui se lit et se délit au détour des chapitres plus ou moins longs, plus ou moins bons, avec des ambiances différentes dans un premier jet qui se réécrit au jour le jour en fonction des relectures et des remarques.