Les refuges
En revenant chez Aline la sensation est encore plus forte. Ce calme. Cette sécurité. Ce bien-être. Il y a comme quelque chose de sacré dans chaque objet de leur maison, tout à l'air à sa place, il n'y a aucun chaos. Lorsqu'on passe à table tout le monde est heureux, s'envoie des regard doux, c'est comme une communion, un partage. Aucune tension. Tous les propos sont gentils ou positifs.
Les enfants dorment. Aurélie termine ses devoirs et prépare ses affaires pour le lendemain. Un coup d’œil aux prévisions météo pour choisir les habits. Programmation du réveil. Ses gestes sont doux et mesurés. C'est le moment d'aller discrètement à la salle de bain. Aurélie préfère se laver le soir, une bonne douche chaude la détend et elle aime se glisser propre dans sa nuisette avant de se mettre au lit. En revenant à sa chambre, on entend Aline et son petit homme s'aimer en silence. C'est la maison de l'amour.
Aurélie se réveille calmement, elle se sent bien. Elle visualise sa journée et pense à une amie. Elle se prépare et repense encore à son amie. Elle dresse la table pour le petit déjeuner et Natacha est encore dans ses songes éveillés. Elle sourit, elle a hâte de la revoir et de discuter de tout et de rien avec elle, elle est tellement douce, tellement à l'écoute, ne s'étonne jamais de rien et ne juge pas. Natacha est son autre refuge. Elles l'ignorent mais elles ne se sont pas rencontrées par hasard. Quelque chose les lie, elles ont un point commun, un traumatisme d'enfance. Chacune a perdu une partie d'elle-même dans leur enfance. Des fois Aurélie remarque que Natacha s'arrête et se perd dans ses pensées, comme connectée à un autre monde. Parfois ça leur arrive ensemble, lorsqu'elles se tiennent les mains. Et elles savent que l'autre est spéciale. Dans leur refuge.
Et Aurélie lui chante :
Emmène-moi, loin de cette vie qui a brisé mon cœur,
et tu seras mon refuge où que nous allions,
emmène-moi, embrasse-moi à l'ombre des pommiers,
ce sera dimanche tous les jours de l'année,
faut dire qu'avant toi,
jamais je n'ai eu de maison.
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