Aurélie arrive chez Patrice. Le père Simon et Natacha sont affairés à vérifier le contenu d'une sacoche de travail. Patrice comprend qu'elle veut lui parler en privé. Ils s'isolent pour discuter.

• J'entends des voix.
• Ah ? Il faut que je révise les techniques de bûcher ?
• En fait, j'entends une voix, une seule. Celle du petit Noël. Seulement quand on est dans la même pièce.
• Télépathie. Rien de grave. Mais pourquoi vous êtes connectés ? Pourquoi lui ?

Aurélie expose sa théorie. Le protocole d'Aline se répète.

• Je n'y suis pour rien. Ça vient d'Aline. Sans doute un transfert.

Patrice réfléchit.

• Tout est OK. Je ne vois rien de mal. Pour personne.
• Et le petit Noël ?
• Ça vient peut-être de lui, aussi. Je vais surveiller. Si je détecte quoi que ce soit, on en reparle.

Dans l'autre pièce, Natacha est contente d'avoir terminé sa première sacoche d'intervention. Elle affiche un sourire fier au père Simon qui la regarde bizarrement. Elle reprend un visage grave et attend qu'il parle.

• Je la vois aussi.
• Qui ?
• Ta sœur. Quand je suis sobre je vois des tas de choses. Trop.
• Je te remercie mais je tiens mal l'alcool et elle ne me dérange pas du tout. C'est ma jumelle. On est la même personne.
• Si jamais tu changes d'avis, on peut essayer une technique pour la faire partir. Ou une autre pour la faire revenir.
• Quoi ?
• Elle est coincée entre deux mondes. Mais on peut l'aider à partir de l'autre côté ou à revenir en toi.
• Et c'est maintenant que tu me le dis ?
• Je ne l'avais pas vu avant. Je ne suis pas souvent sobre. Et Patrice n'était pas pour. Car ça ne t'affecte pas tant que ça. Mais il ne s'agit pas que de toi. Il ne l'a pas vu elle. Je suis d'avis de faire quelque chose. Mais ce n'est pas à lui ni à moi de décider.
• Merci mon père. Je vais y réfléchir. Et va te servir une bière, ça nous fera des vacances. Et dès que Patrice revient on lui explique tout. Je ne veux pas de secrets entre nous trois, quatre avec Marwah. On est une équipe. Au fait elle est où Marwah ?

Elle est partie archiver les copies de rapport à la bibliothèque et elle avait de la doc à vérifier aussi.

• Qu'est ce que tu veux dire par la faire revenir en moi ?
• La faire revenir à un niveau de conscience supérieur. Vous pourriez même vous partager le même corps. Chacun son tour, un jour sur deux.
• Ça fait trop longtemps pour elle. Elle ne sait pas qu'elle est morte. Elle a toujours 10 ans. Ça ferait de moi une sorte de Marwah à mi-temps. Ce n'est pas une bonne idée. Et je ne veux pas la faire partir non plus.
• Tu ne seras jamais libre.
• Je ne serai jamais seule. Je ne serai jamais à moitié morte. Il ne s'agit pas d'une de tes réincarnation. La gémélité c'est autre chose que tes fantômes qui se baladent d'hôte en hôte. Je ne serai pas un de tes cobaye.
• Je vais faire une prière pour toi, pour que tu trouves la paix. Tu dois te donner une chance. Tu dois te pardonner de ne pas être partie avec elle. Tu dois te pardonner d'être restée.

Natacha pleure et pense " Qu'il est con quand il est sobre. Mais il a raison. Je le ferai mais sans exorcisme ni conjuration. Je veux que ça vienne d'elle. Je ne la laisserai jamais. C'est à elle de me libérer. Quand elle sera prête. Si elle est prête un jour. Sans protocole ni procédure. "

Il me temps un mouchoir. Merci mon Père. "

Aurélie les rejoint. Natacha comprend qu'elle veut lui parler aussi. Elle la laisse se confesser et va rejoindre Patrice. Elle va se confesser à lui aussi. Cette nuit. Avec son corps. Elle lui demandera de lui donner la fessée. C'est toujours elle qui donne la première caresse. Il a tout son amour, toutes les nuits, celles où il est là, celles où il ne disparait pas on ne sait où. Patrice, lui, n'a rien à confesser, ni au Père Simon, ni à elle.

Un si joli bouquet, nos atomes accrochés
Malgré tout nos secrets resteront bien gardés
Malgré tout essoufflé au centre ou dispersé
Ce si joli bouquet de peut-être a fané
Si simplement j'avais le courage de le dire
Si simplement j'avais ce courage à t'offrir
Si simplement tu avais le courage de le dire
Si simplement tu avais ce courage à m'offrir