XXXVIII : Le traitement
De retour à Dijon :
- Tu vas à la cérémonie la semaine prochaine ? Demande Aline en nuisette en enlevant ses boucles d'oreilles dans la salle de bain.
- Oui, tu sais, les porte-drapeaux on est tous plus ou moins mourant. Il faut le mériter sur le cercueil, après.
Elle le rejoint dans le lit et se glisse tout contre son corps chaud qui sent bon avant de lui chuchoter à l'oreille :
- En attendant, je vais te donner du plaisir jusqu'à ton dernier souffle.
Mais Aline avait un autre plan. Donner l'occasion à Patrice de gagner enfin un combat. Un combat qu'il avait perdu avec la mère d'Aurélie. Patrice reçoit Jean-Paul à la bibliothèque du couvent. Pas de dialogue. Patrice lui prend les mains, ferme les yeux. Tourne autour de lui. Pose sont front dans le creux de ses épaules, et toutes sortes d’auscultations étranges. Pendant un bon quart d'heure. Jean-Paul a le temps de s'imprégner des choses étranges de la pièce.
- On ne gagne jamais contre cette maladie. Je ne sais pas ce que vous disent les médecins, mais je peux tout au plus vous faire gagner 5 ans. Ça, c'est ma part à moi. L'autre, la plus importante, elle doit venir de vous. Je ne vous demande pas de croire (dit-il en désignant la croix au dessus de lui) je vous demande d'en être sûr. Et certain. Et on se reverra dans 20 ans pour faire le point.
Puis, près de lui, il lui parle doucement. Comme des incantations.
- Vous avez une femme merveilleuse qui vous aime. Elle attend un enfant de vous. Vous allez être heureux, le voir grandir, l'accompagner dans la vie, deux parents aimants main dans la main donnant au monde le fruit de votre amour etc.
Patrice passe la journée avec lui à tout le temps lui parler. Ils vont déjeuner, visiter le musée des beaux-arts, prendre un café place de la Liberté et descendre à Saint Bénigne écouter un concert d'orgue. À la fin de la journée, il le raccompagne chez lui, à pied. Jean-Paul et Aline se sont trouvés une petite maison de plein pieds à deux pas de l'église Saint-Joseph, un petit nid douillet mais assez grand pour y accueillir un enfant. Arrivés devant, il fait nuit. Ils voient Aline s'affairer dans la cuisine. Jean-Paul ose enfin demander :
- On commence quand ?
En fait, c'était déjà fini.
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