XL : Les secrets
Noëlle a beau se concentrer, elle ne voit pas ce qu'il se passe vraiment dans cette cellule. L'évêque fait des choses à sa mère de 10 ans. Mais elle ne comprend pas vraiment quoi. Maman a peur. Maman a mal. L'évêque a le cœur qui bat vite, il respire fort. Patrice referme la porte et Noëlle revient à la réalité.
Appel entrant sur le smartphone de Patrice. Il décroche :
- Papa. Rouvre la porte !
- Noëlle… je ne peux pas. J'ai des consignes dans une feuille pliée en quatre.
- Ah, Ah… OK. Dans ce cas je vais aller lui demander en personne.
Patrice réfléchit. À sa mission. Aux détails du contrat. Il n'y a que quelques litiges. Noëlle est réceptive à 100 %, elle a donc accès à ces informations mais elle n'est soit disant pas « mûre » pour savoir. Ces règles doivent au moins dater du douzième siècle. Noëlle est sa fille. Il prend une décision. Il n'a pas le temps d'ouvrir la bouche pour l'annoncer que :
- Enfin ! J'arrive. Non, c'est toi qui vient. Il n'y a plus de bus à cette heure là et je ne veux pas déranger Jean-Paul.
- Mais…
- Je veux que tu me l'expliques de vive voix, je n'ai plus la force de me concentrer ! » Clic. Elle a raccroché.
Patrice arrive à la ferme avec les engrais chimiques qu'il avait promis à Aurélie.
- Noëlle est là ? Je peux la voir ?
Il la retrouve dans sa chambre :
- Il n'y a pas que les réceptifs. Il y a aussi les émetteurs. Ils ne sont pas facile à repérer. Ils ne le savent même pas eux-même en général. L'évêque en a repéré un. Ta mère. Il y a un protocole assez étrange pour le savoir, pour en être sûr. Je n'ai pas tous les détails. Elle a dû prendre ça pour un abus. A partir de là, elle était suivie. J'ai eu pour mission de l'approcher.
- Et mon père ?
- Thomas est réceptif. Il l'a tout de suite repéré, sans le savoir. Émetteur, récepteur, ça fait des étincelles.
- Et Noël ?
- Il a sans doute hérité un peu des deux.
- Sans doute ? Et moi ?
- Surdosage. Je suis un 100 % réceptif. Toi aussi. Mais ça ne va pas durer toute ta vie.
- Ça explique pourquoi j'ai eu un problème avec Noël. C'est un émetteur.
- Un problème ?
- Résolu. J'ai dû trouvé la solution toute seule. Un protocole assez étrange.
- Ah bon ? Quel protocole ?
- Tu n'as pas à connaître tous les détails.
Noëlle regarde par la fenêtre. Patrice dit au revoir à Aurélie. Leurs mouvements, la position de leurs corps, leurs regards, il y a quelque chose, elle plonge dans les profondeurs pour aller pêcher les sensations perdues. Là, elle voit leur histoire à eux deux, ensemble, c'est torride, tout un été, elle n'a que 15 ans, Noëlle se concentre pour aller encore plus profond mais elle est brusquement arrêtée par un rituel, une cérémonie où Patrice officie sur Aurélie. Noëlle est propulsée à la surface. Elle rouvre les yeux et prend une inspiration en regardant la voiture de Patrice s'éloigner et Aurélie le regardant partir, les bras croisés. Tellement de secrets dans cette famille…
Pendant le dîner Aurélie allaite son bébé. C'est magnifique. Noëlle se concentre sur Gabrielle, ses sensations. Un instant elle a l'impression de recevoir un signal. Puis elle repense aux explications de Patrice, à la scène du départ et décide de prendre la parole, là, devant eux-deux, pas un secret de famille de plus :
- Noël, Patrice est venu m'apporter des explications. Il me le dit à moi parce que je suis une réceptive 100 % mais j'estime que vous avez le droit de savoir. Dans le monde de l'invisible, il n'y a pas que les réceptifs. Il y a aussi les émetteurs. Ils ne sont pas facile à repérer. Ils ne le savent même pas eux-même en général. Maman a été repérée. Elle t'a transmis son profil. Mais à une faible intensité, 25 %. Aurélie tu es réceptive à 25 %. Vous vous êtes trouvés comme maman a trouvé papa, Thomas. Avec le même pourcentage, ça matche. Sinon ça disjoncte. C'est pour ça que j'ai été très bizarre avec toi cette année. En fait tu n'es que mon petit récepteur, mon frère, que j'aime à moitié.
Dit-elle en lui prenant la main, en croisant ses doigts dans les siens et en le regardant avec amour.
- Il faut maintenant que je trouve mon 100 %.
Aurélie sourit en les regardant. Et commence à réaliser plein de choses dans sa relation avec Noël depuis le début. De l'autre côté de la table, Noëlle et Noël se regardent encore et pensent à ce qui s'est passé dans l'abri. Aurélie :
- C'est l'heure du bain, je vais aller donner sa toilette à Gabrielle.
- Je peux venir, tu me montres ? Demande Noëlle. Elle les suit dans la salle de bain. Réglage de température d'eau. Petit transat dans la baignoire, on pose le bébé tout nu qui gigote.
- Aurélie ? Ce n'est pas tout. Je voulais te dire rien qu'à toi. Je vous ai regardé tout à l'heure par la fenêtre avec Patrice quand il est parti. J'ai ressenti quelque chose. J'ai vu. Vous étiez ensemble quand tu étais jeune. Tout avait l'air d'avoir commencé à une cérémonie étrange. Je n'ai pas pu voir plus loin, plus tôt, je n'ai pas compris. Qu'est ce qu'il s'est passé ?
- Heureusement que tu n'as pas vu avant ça. Patrice l'a effacé. Comme il a pu. En fait, la cérémonie était une réparation. J'étais toute cassée. Mon père m'a violée. Pendant des années.
- Mon Dieu…
- Il paraît qu'il est sorti de prison. Qu'il veut me demander pardon. Je ne peux pas...
Aurélie fond en larme et sanglote pendant que Noëlle la prend dans ses bras, la serre et ferme les yeux pour absorber toute cette peine, mais Noëlle se remplit et finit par déborder aussi, et leurs larmes à elles deux tombent dans l'eau de la baignoire où Gabrielle semble aussi capter l'orage de tristesse au dessus d'elle.
Ce soir là, Noëlle prépare une boisson chaude apaisante pour tout le monde avant d'aller dormir. Elle y ajoute un peu du philtre d'amour dilué que Natacha lui a donné l'année dernière. Cette nuit là, Noëlle dort avec eux dans leur lit. Aurélie entourée, cajolée, consolée par plein de bisous. D'abord sur les joues, puis tour à tour sur ses lèvres. Ils descendent sur sa poitrine. Chacun son sein à titiller pour y goûter le lait maternel et en ramener en baiser sur sa bouche à elle, leurs deux mains mélangées entre ses cuisses, elle ouvre les yeux sur leur baiser languissant d'où coulent son lait en pluie de larmes sur ses joues avant de les refermer de plaisir. Elles le mettent ensuite sur le dos, Aurélie chevauche son homme et Noëlle lui fait face, assise sur le visage de Noël elle embrasse goulument Aurélie en lui massant ses seins trempés pour se rafraîchir les siens, les réveiller à la vie qui s'annonce en elle. Mais avant d'aller trop loin, elles se ravisent et sortent de leur homme pour continuer leur baiser autour de sa source de vie à lui jusqu'à en partager la semence qu'elle ne manquèrent pas d'aller lui faire goûter.
Écoute ma voix, écoute ma prière
Écoute mon cœur qui bat, laisse-toi faire
Laisse-toi au gré du courant
Porter dans le lit du torrent
Je te prendrais doucement et sans contrainte
De quoi as-tu peur allons n'aie nulle crainte
Annotations