XLIV : L'hiver

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Gabriel et Gabrielle voient leur première neige. Noëlle et Noël leur fabrique un bonhomme de neige entre deux batailles de boules de neige. Tout le monde est dehors à discuter. Aurélie et Marwah enlèvent leurs gants pour se tenir par la main et ne pas glisser, soit disant :

  • Qu'est ce que tu lui fais à ton Padre, regarde il fait beaucoup plus jeune que Jean-Paul.
  • L'amour. En ce moment c'est … par derrière, tous les jours. » Aurélie pouffe : «
  • C'est vrai que tu as pris de jolies forme, tu es plus … confortable.
  • Merci.
  • Vraiment, tu es radieuse.
  • Arrête.
  • Plantureuse.
  • OK, je pense qu'on peut aller s'enfermer 5 minutes dans la salle de bain.
  • Ça va faire juste pour goûter à ton gros popotin.

Et elle s'éclipsent, Aurélie reprend :

  • Tu sais, avec tous ces réceptifs autour, ça va finir par se savoir.
  • Non, je ne crois pas, j'ai mis un masque d'invisibilité sur notre relation.
  • Tu peux faire ça ?
  • Entre autres.

Aurélie se retourne pour regarder le père Simon :

  • Tu sais, si un jour il s'ennuie, si il a une autre lubie ou si il le propose, n'oublie pas que je suis là.

Et elles gloussent en silence vers la salle de bain, ferment le verrou, remplissent le lavabo d'eau chaude et se consomment sur place en mode fast food. Une fois assouvies, Marwah tient à s'expliquer sur le père Simon :

  • Aurélie, je voulais te dire, avec le Padre je pense que c'est fini. J'ai découvert des choses. Quand ils m'ont sauvé pendant l'exorcisme, Simon en a profité pour m'innoculer une âme en moi, quelqu'un qu'il connaissait, qui prenait petit à petit le dessus sur mes actes conscients. L'amour que je croyais avoir pour le Padre vient sans doute d'elle. J'ai fini par découvrir un tas de choses. Ils se sont aimés. Ils ont eu un petit garçon. Patrice. Quand j'ai découvert ça, j'ai cherché les outils et les protocoles adéquats et j'ai réduit cette âme au silence. J'ai été abusée. Mais sauvée aussi. Et j'aime mes enfants. Mais maintenant que je suis moi, une sorte de moi, j'espère, maintenant je sais une chose, je sens une chose, qui ne vient pas de mon âme hôte, qui vient de mon cœur, c'est fort, c'est évident, c'est pur, c'est puissant, c'est juste mon amour pour toi Aurélie.

Marwah pleure d'émotion d'avoir tout avoué, Aurélie la prend sans ses bras et la serre très fort, elle l'aime aussi, elles s'aiment, tellement.

Pendant ce temps dans le salon, Aline veille sur tous les bébés, avec ses gestes précis et mesurés, plein d'amour pour ces petits êtres. Parfois elle sent une âme bienveillante passer au dessus d'elle. Quelqu'un qui la suit dans tout son parcours depuis 20 ans. Elle le voit ressurgir à chaque Noël pour repartir quelques semaines après. Le grand-père de Thomas. Le papy dont elle s'est occupée jusqu'à la fin quand elle était jeune. Elle le sent plus présent cette année. Il semble être à la recherche d'une âme à investir. Il semble tourner autour de Djibril. Elle va donc le revoir un jour ?

Aurélie demande des comptes à Patrice sur l'affaire Marwah :

  • Pour moi, elle était perdue, c'était la vingt-sixième intervention, on avait même creusé deux trous pour l'enterrer. Alors oui j'ai laissé le père Simon faire sa tentative. Elle n'était pas censée remonter autant.

Aurélie accepte, elle comprend.

Marwah demande des comptes au Padre. Il avoue tout. Elle lui dit que c'est fini. Il comprend. Qu'il pourra continuer de voir les enfants. Qu'elle leur pardonne à tous, qu'elle les remercie et qu'elle les aime quand même. Mais qu'elle doit maintenant suivre son propre chemin sentimental, tout en restant dans l'équipe, tout en restant dans la famille.

Les quatre se voient en présentiel et mettent tout sur la table. Tout. Ils acceptent. Ils comprennent. Toutes ces histoires les lient encore plus. Une fois les mots sortis, ils se tiennent la main et ferment les yeux pour un partage qui ne ment pas, chacun voit en l'autre et tout le monde est prêt à accueillir le printemps.

Parce qu'il faut avancer. Parce qu'il n'y a pas de formule magique. Et même avec les meilleurs outils seul compte ce qu'on en fait. Au delà du I, du S et du A ils restent une équipe soudée. Une famille. Dans laquelle on rentre sans jamais en sortir sauf par la porte visible de l'Invisible, là où il n'y a plus de S et de A, cet endroit où votre âme erre en hiver de la vie avant de retrouver un hôte.

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