L'annexe d'Aurélie
Aurélie est à l'entrée du cimetière, elle a amené Gabrielle avec elle. Elles attendent Patrice. Il arrive:
Tiens, il y a une nouvelle porte. C'est vrai qu'on l'avait un peu abîmée l'autre nuit. Un fantôme récalcitrant qu'on ramenait à sa tombe. Il nous a aveuglé et on est rentré dans la porte avec le corbillard. Marwah était morte, de rire. Elle se moquait du père Simon en disant un truc du genre prêtre au volant, mort au tournant.
- Je voulais que tu sois là. Je n'y suis jamais retourné depuis l'enterrement. Je veux présenter Gabrielle à sa grand-mère, et dire au revoir ou… adieu.
- Tu sais, je pense qu'elle n'est pas là. Il y a juste son corps. Elle a renoncé à son âme, même dans l'invisible.
- Se laisser mourir et disparaître. Tu parles d'une façon de se racheter. Et mon père ?
- Il n'y a rien à enterrer, il a fini en pièces détachées.
Ils rentrent tout de même voir. Gabrielle s'assoit sur la tombe. Rien ne se passe non plus pour elle. Aurélie comprend, il n'y a qu'en elle que tout ce drame a survécu. Elle pleure. Gabrielle réagit tout de suite et vient s'accrocher à sa jambe. Patrice aussi ressent aussi une profonde tristesse en prenant Aurélie par l'épaule. Il remarque qu'elle a des bijoux. Ce ne sont pas les siens. Ce sont ceux de sa mère. Collier, boucle d'oreille, bague. Il a une idée, ça devrait rentrer. Il sort sa boite à chapelet en coquillage nacré. La vide de son contenu et la donne à Aurélie qui la regarde ouverte dans sa main. Une larme tombe dedans. Patrice lui enlève le collier, les boucles d'oreilles et la bague pour les placer un à un dans la boite. Aurélie la referme. Gabrielle les regarde faire, puis elle regarde la tombe qui commence à s'ouvrir, on entend le granit frotter pour laisser un petit passage dans le vide. Gabrielle prend la boite et la laisse tomber dans la tombe de sa grand-mère qui se referme. Elle tend ensuite ses bras à sa maman et l'embrasse sur la joue, sur une larme. Patrice comprend tout de suite que c'est Marwah qui lui a appris. Maintenant tous les trois regardent la tombe et ressentent une présence à qui dire au revoir, ou adieu. Puis Gabrielle leur prend la main pour les tirer vers la sortie et vers la Bretagne car c'en est fini ici, adieu Dijon. Direction le Nord Ouest, vers la Manche qui les sépare de l'Angleterre. Aurélie tourne le dos à ses morts et se tourne vers son avenir. Elle a encore tant de choses à accomplir. La ferme était un essai, un entrainement. Maintenant elle va passer à la taille au dessus. Un château, le début d'une ville, d'un pays à gérer et à dirigera avec toute sa famille.
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