75 - Le poème
Dans l’ordre d’apparition dans l’histoire :
La maman d’Aurélie :
Sur mon bracelet d’hôpital
Sur mes bilans d’examens
Sur l’épitaphe de ma tombe
Je raye ton nom
Aurélie : la mère de Gabrielle
Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
De mon destin à venir
J’écris ton nom
Patrice : le père de Noëlle et Gabriel
Sur les icones dorées
Sur les armes des croisés
Sur la couronne des papes
J’écris ton nom
Aline : la mère de Noël, Noëlle et Abigaëlle
Sur le missel de l’église
Sur le lit de la cellule
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom
Noël : le fils de Aline et Thomas et le père d'Aurélia
Sur les merveilles d’Aurélie
Sur le pain blanc des années
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom
Noëlle : la fille de Aline et Thomas et la mère de Solène
Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom
Natacha : la mère de Gabriel
Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom
Frédérique : le père de Déborah
Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom
Thomas : le père de Noël et de Valentin
Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom
Le père Simon : le père de Patrice, Djibril, Simone et Tinaïg
Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom
Marwah : la mère de Djibril et Simone
Sur les sentiers éveillés
Sur les routes exorcisées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom
L’évêque : le père de Marwah
Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom
Jean-Paul : le père de Sophie et Pauline
Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom
Gabrielle : la fille de Aurélie et Noël et la mère de Yael
Sur mes poules gourmandes et tendres
Sur leurs crêtes rouges dressées
Sur leurs pattes maladroites
J’écris ton nom
Pauline : la fille de Aline et Jean-Paul
Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom
Le père d’Aurélie :
Sur toute la chair violée
Sur le front de mes ennemis
Sur chaque main qui me lâche
J’écris ton nom
Sophie : la fille de Jean-Paul et la mère d'Abigaëlle
Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom
Phoebe : la copine de Sophie
Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom
Lisa : la mère de Lambert
Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom
Chloé : la fille de François et la mère de Aurélia
Sur la santé revenue
Sur le bébé disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom
Hélène : la sœur de Frédérique et la mère de Valentin
Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer :
L’Invisible.
Et dans l'antre de la chapelle désafectée du couvent, un homme en cape noire explique à ses disciples :
- Alors que tout le monde s'entête à le chercher ou à le ressentir comme un pouvoir privilégié, l'Invisible se manifeste partout autour de nous comme l'oxygène dans l'air prêt à nourrir le feu du paranormal, on le respire et il nourrit notre perception de lui à qui veut bien se détacher de ses préoccupations matérialistes et se poser dans le calme et dans le noir pour comprendre ce qu'il a à nous dire. Allez-donc vous promener la nuit dans les bois et écoutez votre instinct et si vous n'êtes pas déjà sourd de la vie qui vous use, soyez attentifs à vos sentiments les plus profonds dans cette fine surface de la réalité dont vous éloigne la vie moderne. Si ça ne suffit pas, allez y nu, dans le froid, sous la pluie, comme un voyage initiatique vers un monde perdu qui essaie de vous retrouver après avoir oublié qui vous êtes.
Le Père Simon continue :
- Jésus voit, en passant, un homme aveugle de naissance. Ses disciples lui demandent : Rabbi, qui a péché ? Cet homme ou ses parents, pour qu'il soit né aveugle ? Jésus répond : Ni lui, ni ses parents, c'est Dieu qui l'a voulu. Pour que je le rencontre et que je lui redonne la vue car je suis la lumière du monde et il crache à terre et commence à jouer avec son glaviot qu'il mélange avec la poussière et la terre pour en faire de la merde à appliquer sur les yeux de l'aveugle.
Les disciples commencent à rire. Le Père Simon reprend :
- Jésus dit : Va te laver la face de toute cette merde qui t'aveugle. Il y va, se lave et ouvre les yeux sur la lumière du monde. La merde a guéri l'aveugle, cette même merde dont se sert Dieu afin de créer l'Homme dans le livre de la Genèse. Le Christ envoie l'aveugle se laver car c'est le signe du baptême, cérémonie par laquelle Dieu donne sa lumière à l'humain qui l'a demandée, ou pas, c'est plutôt les parents qui décident. Mes enfants, pour l'Invisible, nous allons vous laver le cerveau.
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