Episode Quatre : Edmond
- Quand je suis sortie, je n'ai même pas senti le souffle de l'explosion. J'ai cligné des yeux et il n'y avait plus personne, plus de manoir. J’avais l’impression que rien n’était réel. J'ai trouvé Duncan devant la porte et je n'ai pas cherché les corps des autres.
- C'est après ça que tu es partie ?
- Non. D'abord, j'ai dû laisser Adrian.
- Ah, oui.
Dysill remuait une cuillère dans sa tasse de thé alors qu'elle ressassait ses souvenirs. C'était une maison qui n'était pas d'un grand luxe, mais tout de même une maison. Avec un feu dans l’âtre, des tables, des fauteuils, un garde-manger et deux lits bien chauds.
- Tu es bien, ici.
- Je trouve aussi.
Un long silence s'ensuivit.
- Et toi, qu’est-ce que tu as fait, pendant tout ce temps ? Tu as continué ?
- J’ai continué, oui. Et j’ai bougé.
- Et ça a été ?
Dysill se gratta la tête et but une gorgée.
- Oh, pas toujours. Mais les jours où ça allait, ça allait.
- C’est bien.
En voyant les aiguilles avancer sur la grande horloge, elle se rendit compte qu’on ne lui avait jamais appris à lire l’heure. Quand on a la notion des heures, se disait-elle parfois, on doit vivre dans un autre monde.
- J'ai essayé, Edmond... se lança-elle pour briser la glace. J'ai essayé de revenir vers toi, j'ai essayé de te prévenir. Je n'en ai pas eu le courage. Je n'ai pas eu la force de venir te dire qu'ils étaient tous morts.
Quelques larmes coulèrent sur ses joues.
- Pardonne-moi, Edmond, pardonne-moi...
- Ce n’est pas de ta faute.
- Si. Si, Edmond. Tu me dis ça pour être gentil, mais c’est à cause de moi.
Le vieil homme se leva de son fauteuil et regarda Dysill droit dans les yeux.
- Est-ce que tu crois que c'est en te tenant responsable de leur mort que tu leur rends hommage ?
- Quoi ? demanda-t-elle, confuse.
- Duncan, Sally, Lucas. C'étaient tes frères et tes sœurs. Sans leur sacrifice, tu ne serais plus là. Plutôt que de culpabiliser, chérit le fait d'être encore ici, dit-il sèchement.
- Edmond...
La voix du vieil homme commença à trembler.
- C’est grâce à eux que je peux encore me tenir près de toi. Dysill. Ma petite Dysill.
- P… Père…
C’était la première fois que Dysill se permettait d’appeler Edmond ainsi. C’était la première fois qu’Edmond tolérait que qui que ce soit le fasse.
- Bon retour chez toi, mon enfant.
Et ils se jettèrent l’un dans les bras de l’autre.
Le dîner se déroula sans accroc, Dysill raconta à Edmond ses petites aventures des six dernières années, ce qui ne manqua pas d'égayer le repas.
- Alors là, le gars me double dans sa cariole pourrie et me fait « vous pouvez pas faire attention » ? Et au moment où il se retourne pour regarder la route, il se prend une branche et tombe par terre, ce corniaud ! Les quatre fers en l’air ! Deux minutes plus tard, les hospitalières viennent me voir et elles me font « C’est de la famille » ?
Elle rit à gorge déployée.
- Non mais tu le crois, ça ?
- Ce que je crois, c’est que tu as passé beaucoup de temps dans les tavernes, depuis la dernière fois, sourit le vieillard.
- Ah, oui, peut-être… dit-elle en se calmant un peu. Elle avait bien perdu en manières et en politesse depuis qu’elle n’était plus sous la tutelle d’Edmond.
- Mais dis-moi Dysill, pourquoi es-tu es revenue dans le quartier ? Ce n’est pas que je veuille que tu repartes, mais je ne pense pas que tu sois en sécurité.
Il coupa son discours en deux pour avaler une gorgée de vin.
- Edward est mort, certes, mais la famille Sica est toujours puissante. Celui qui est à la tête du clan n'a aucune importance, n’importe qui peut le remplacer. Pour l’instant, c’est Darren qui domine et il nous a toujours dans le viseur ! Je n'aimerais pas qu'il t'arrive la même chose qu'aux autres.
- Je te rassure, je ne compte pas rester longtemps.
Elle saisit sa sacoche de sous la table et en sortit le morceau de bois.
- Je suis à la recherche d'un endroit qui s’appelle Laydear. Tu penses que tu pourrais m'aider ?
Elle lui tendit.
- Laydear ? Non, je n'en ai aucune idée. Peut-être que c’est un jeu de mots.
- Un jeu de mots, tu dis ?
- Ce qui m’embête, c’est que la graphie ressemble à celle des gens des montagnes. Seulement, la consonnance est assez inhabituelle si il s’agit bien d’un nom de lieu.
- Alors, si on part du principe que ce truc-là, c’est la mer, ce serait au Nord du Sidaltra ?
- C’est possible. Pourquoi, de quoi s'agit-il ?
- Peut-être de l'endroit où trouver Nicolas Gath.
Edmond manqua de s'étouffer avec un os.
- Gath ? Mais Gath...
- J'ai rencontré deux types il y a quelques jours. Ces gars-là étaient à sa recherche et parlaient de lui comme si ils savaient où le trouver. Ce petit bout de bois, c’est un morceau de leur carte. Si je pouvais arriver là-bas avant eux, je pourrais peut-être suivre leur piste.
- Ça, c'est pour le moins inattendu. Ça me fait beaucoup d’émotions pour aujourd’hui.
Il reprit son souffle.
- Mais je pense que tu n'as pas idée de ce dans quoi tu te lances, Dysill. Il y a des forces en ce monde auxquelles tu ne peux pas te mesurer.
- C'est exactement ce qu'a dit Sica.
- Et il avait raison ! Notre monde est parcouru de tant de contrées invisibles… Se lancer dans un tel voyage, c’est accepter de passer à travers elles et peut-être de ne jamais en revenir.
- Je comprends rien à ce que tu me dis.
- On ne parle pas d’un vendeur de gaufres, Dysill. Tu cherches l’homme qui sait tout. Nicolas Gath est de ceux qui ont franchi des barrières infranchissables et rien qu’imaginer à quoi ressemble son monde devrait te terrifier. S’il a préféré rester caché tout ce temps, c’est sans doute pour une bonne raison. En plus, si tes deux garçons sont à la recherche de Gath, d'autres le sont aussi. Alors laisse-leur cette quête et ne va pas te mettre en danger. Je ne veux pas te perdre à nouveau.
- Mais…
- Duncan, Sally, Lucas, Adrian, ils sont tous tombés parce qu’ils sont passés dans ce monde ci. Parce que Sica avait le pouvoir de les détruire. Tu n’y as réchappé que par miracle.
Dysill se tut un instant.
- Très bien, dit-elle en se levant de table.
Elle se dirigea vers la porte d'entrée.
- Qu'est-ce que tu fais, Dysill ? Tu ne restes pas pour la nuit ?
- Non, j'ai eu ce que je voulais.
- Mais je n'ai même pas pu t'aider...
Il suivit Dysill, mais celle-ci lui fit volte-face.
- J'ai une question pour toi, Edmond. Deux, en fait. Depuis quand est-ce que tu vis dans cette maison et depuis quand est-ce que tu n'as plus besoin de t'adosser à une canne ?
- Je...
- Tu n'as pas besoin de me le dire, je le sais déjà. Ça fait six ans.
- Qu'est-ce que tu racontes ?
- Avant même qu'on prononce un mot, Sica savait qu'on venait pour voler le Coeur. Il savait pour Adrian, il savait pour le plan. Belle coïncidence, non ?
-Dysill...
- Que tu te sois enrichi, d'accord. Que ta jambe aille mieux, ça me paraît pas impossible. Mais que tu affiches ton nom devant ton perron, ce n'est pas crédible une seconde. Il t'aurait fallu l'approbation de la pègre pour ça. Et tu l'as obtenu. Je l’ai compris quand tu m’as dit que Darren nous avait dans le viseur. Si c’était le cas, qu’est-ce que tu ferais encore dans le quartier ?
- C’est ridicule…
- Je ne t’ai rien raconté sur le Cœur de Caldis. Rien sur la lumière que Sica faisait sortir de ses mains. Alors, dis-moi, comment aurais-tu pu savoir qu’il faisait partie du « monde d’au-delà des barrières » ?
- Attends, tu es entrain de m'accuser, Dysill ?
- Une accusation ? Non, c'est un jugement. J'ai bien compris ce que Sica cherchait à faire : tuer Adrian. Ce type était un perfectionniste, tout ce qu'il voulait, c'était finir le boulot maintenant pour ne pas subir de représailles plus tard. Tu lui as envoyé mon frère en échange d'assez d'argent pour te guérir et t'installer sans problème. Et si tu as demandé à Adrian de ne pas s'en prendre à Sica, ce n'était pas de bon cœur, c'était pour ne pas qu'il tue le type qui devait te donner ta récompense. Tout ce que tu as fait, c'est nous donner en pâture à ce type.
Le vieillard resta bouche-bée.
- Depuis combien de temps est-ce que tu y réfléchis ? demanda le vieil homme.
- Bien plus longtemps que je n’ose l’admettre. Réponds. Est-ce que j’ai tort ?
Le vieillard se mordit le pouce en grimaçant et n’osant regarder Dysill dans les yeux.
- Non. C'est vrai. Je vous ai tous envoyé à l'abattoir.
- Alors pourquoi ? Quand bien même il ait voulu Adrian, pourquoi Duncan, Sally, Lucas ? Ils n’avaient rien demandé ! hurla-t-elle.
La voix de Dysill commençait à vriller, à mesure que des larmes s'écoulaient de ses yeux.
- Qu'est-ce que tu comptes faire maintenant ? Finir le travail ? Je suis là, devant toi. Alors qu'est-ce que tu attends ? lui lança-t-elle.
L'homme commençait à murmurer quelques mots, mais ne bougeait pas.
- Quoi ? répondit Dysill.
- Si j'avais envoyé Adrian seul, vous vous seriez doutés de quelque chose. Quant aux autres, quant à toi... Je l'ai supplié de ne rien vous faire, il m'a donné sa parole.
Il commença à pleurer.
- Et toi, tu as cru Sica ? T'es vraiment immonde !
Elle envoya alors un coup de pied dans la jambe faible du vieil homme qui tomba par terre sans même essayer de se défendre.
- Peu importe combien auraient pu être épargnés, tu voulais tuer Adrian. Et au nom de quoi ? De ta petite vie tranquille ? De ta santé, vieux débris ?
- J'avais... des priorités.
Il leva alors les yeux au plafond.
- Des priorités, hein ? Et qu'est-ce qui peut être plus important que la vie de son propre enfant ?
Edmond ne disait plus rien, il ne regardait plus que la porte.
- J'étais bien trop souffrant… En fait, je savais que personne ne pouvait m'offrir plus que Sica, j'ai proposé de me mettre à son service, mais il ne voulait qu'une chose.
- Adrian.
- Je savais que ce jour viendrait. Que tu saurais. Alors vas-y, tue-moi.
- Pas question.
- Pourquoi ?
- Parce que je le vois dans tes yeux, Edmond. Tu n'as pas le moindre remord.
Elle envoya un coup de pied dans les côtes du vieil homme.
Et un nouveau coup, puis un autre. Pure colère. Pure haine.
Quand elle arrêta, Edmond alla difficilement s’asseoir dans un coin de la pièce, il était tout de même un vieil homme fatigué. Essoufflée, Dysill se laissa tomber contre le mur, à l’opposé.
- Tu sais, Dysill, reprenait-il en respirant lentement, c'est sous la menace que j'ai livré Adrian à Sica, je devais le faire, sinon c'est moi qu'ils auraient tué.
Il se laissa respirer un instant.
- J'étais détruit au moment de vous livrer, anéanti. Nous avions passé de si belles années ensemble, vous étiez ma famille.
Il se releva alors et saisit le dossier d'une chaise pour s'y accouder.
- J’ignore pourquoi j’ai éprouvé tant de plaisir à vous voir tous mourir.
Dysill eut un haut-le-cœur.
- Non, je mens encore. Maintenant je le sais. Sica m'a ouvert les yeux. C'est parce que c'est là qu'est votre place. Dans le caniveau. Vous n'êtes rien de plus que de la chair à nourrir les blattes.
- Les… blattes ?
- Regarde cette ville. Regarde cette crasse. Vous vous plaisez à y grouiller, à y manger les miettes qu’on vous lance. Vous êtes des parasites sans dignité et j’ai mis trop longtemps à le comprendre.
Edmond se redressa encore et son regard devint plus sombre. Il regardait Dysill comme si il allait la tuer d’un instant à l’autre.
- J’étais un puissant de ce monde, autrefois ! D’une noble et prestigieuse famille ! Pas un vulgaire traîne-pattes obligé de voler pour gagner sa vie. J’avais besoin de ce fric, tu comprends ? hurla-t-il frénétiquement. J’en avais assez d’être un chat de gouttière.
Le vieil homme commença à faire les cent pas autour de celle qu’il considérait autrefois comme sa fille. Celle-ci ne pouvait plus rien entendre, elle était piégée dans une spirale de doute et d’incompréhension.
- Quand j'ai compris qu'il me suffisait de vous livrer pour enfin accéder au confort et au pouvoir, je n'ai plus eu de "remord", comme tu le dis. Tu aurais fait la même chose à ma place. Au fond, tout ce que je regrette, c'est de ne pas t'avoir tuée pour un peu plus d’argent. Au moins, tu ne serais pas revenue me hanter…
Dysill se leva pour le pousser de toutes ses forces. Une fois de plus, l’homme tomba. Dysill ne pleura pas, ne cria pas, ne bougea presque pas. Et puis, quand elle vit tous les hématomes qui couvraient le corps d’Edmond, elle sanglota.
- C'est faux, dit-elle calmement. Je veux que ce soit faux. Je veux que tu me racontes une histoire et que tu me dises que tout ira bien. Je veux pas… je veux pas que ce soit vrai…
- Et moi je voudrais que tu sois morte, répondit-il dans un souffle étouffé. On est tous les deux déçus. Comme quoi, tu vois… Même ma réalité est plus accessible que la tienne.
Dysill ne pouvait pas répondre, elle n'avait plus rien, plus de voix, plus de tripes, plus de colère, seul un grand vide s'étendait en elle. La vérité, c’est que ce n’était pas une surprise pour elle.
Cela faisait bien longtemps qu’elle savait au fond d’elle qu’Edmond les avait trahis. C’est ce qui l’avait poussée à ne jamais revenir. Maintenant, ses doutes étaient devenus réalité. C’était la réalité d’Edmond, la réalité de Duncan, d’Adrian, de Sica, de Sally et de Lucas. Et la sienne, maintenant.
- Si tu ne m’achèves pas, je leur dirais que tu es venue me voir. Je leur dirais que tu es de retour, et ils te tueront, dit Edmond.
A ces mots, Dysill pris une grande inspiration et sécha ses larmes d'un coup ferme de sa manche.
- Dis-leur toi-même.
- Tu ne vas pas me tuer ?
- Regarde-toi, tu croules au sol comme un cafard. Regarde ta petite vie misérable gagnée dans le sang. Ce serait te rendre service.
- Tu es faible.
- Je sais de qui je le tiens.
Dysill quitta la maison, laissant le vieux traître dans son antre de mensonges. Même celui qu'elle avait appelé père n'était rien. Rien n'avait plus de valeur et tout était vide. Au fond, elle en restait au même point, il y a quelque temps, elle ressentait la même douleur, pensant qu’Edmond la renierait pour avoir laissé mourir ses compagnons. La seule différence cette fois-ci, c'est qu'elle n'avait plus même un allié sur cette Terre. En fait, elle aurait préféré être reniée. Devait-elle vraiment aller voir Gath, finalement ? Devait-elle tenter quoi que ce soit ou se laisser mourir, comme Edmond le lui avait suggéré ?
Alors elle s'effondra dans une ruelle et se recroquevilla, espérant que personne ne la trouve ici, que rien ne la fasse changer d'avis. Elle ferma les yeux et supplia qu'on la laisse s'endormir cette fois-ci. Personne ne sait combien de temps elle resta sous cette forme, sans manger si bouger, coincée entre deux poubelles, à cet endroit où personne ne passait jamais.
En fait, du monde passait dans les environs, mais ils ne la voyaient pas, ils ne voulaient pas voir ce petit être faible, sans ardeur, sans vie, sans volonté.
Mais dans les affres de son esprit, dans les ruines d’un monde au bord de la chute, dans son univers qui n'avait plus pour préoccupation que l'autodestruction, une pensée naquit. Une pensée qui ne la quitterait plus jamais.
"Adrian"
Alors elle se leva, titubante, et elle reprit ses esprits. Non, il lui restait encore quelque chose. Il lui restait un espoir auquel se raccrocher. Il lui restait une étincelle pour tenir. Elle devait le faire, elle ne pouvait pas se permettre de mourir ici et maintenant, alors qu'il était encore là, en vie. Ce serait lui manquer de respect. Elle devait aller le voir.
D'abord, elle boîta, progressant difficilement dans les rues d'Andaria. Elle vola des fruits et des beignets de poisson grillé au marché. Chaque jour, elle avançait. Elle reprenait des forces, elle reprenait de l'espoir, même si elle n'avait plus que ça pour vivre. Plus que lui. Deux jours plus tard, elle y était : L'Asile de Sieg Strauss. Nerveuse, elle ne s'arrêta pas pour autant. En fait, elle était maintenant dans un état où rien ne pouvait l'arrêter, rien ne pouvait la persuader de faire demi-tour. Elle entra et pris la direction de la cellule où était enfermé Adrian depuis près de six ans.
- Vous êtes de la famille du malade ? demanda une sœur hospitalière qui en gardait l'entrée.
- Oui, c'est mon grand frère, répondit-elle.
- Normalement, vous ne devriez pas être autorisée à le voir mais… Celui-ci ne reçoit jamais de visite, je pense que ça peut lui faire le plus grand bien.
Dysill saisit la poignée de la porte pour l'ouvrir, mais la nonne l'arrêta aussitôt.
- Surtout, ne vous approchez pas de lui à moins de trois mètres. Il est attaché, mais il est toujours très dangereux.
Dysill le savait très bien. Elle entra et découvrit le jeune garçon recroquevillé dans un coin de la pièce entrain de mordiller un coin de sa chemise. Il avait bien grandi, mais sa colonne vertébrale avait été trop souvent repliée sur elle-même.
- Bonjour, Adrian.
Celui-ci ne répondit-pas et, comme une bête, se précipita vers Dysill. Comme animé d'une folie meurtrière, il hurla et tenta de l'agripper. Bien sûr, les chaînes auxquelles il était attaché l'en empêchaient.
- J'espère que tu m'entends, quelque part au fond de ta tête. J'espère que tu te souviens un peu de moi, aussi.
Aucune réaction de la part du garçon, si ce n'est qu'il arrachait avec les dents les vêtements qu'on lui avait donné et bavait.
- Ecoute, j'ai peut-être trouvé un moyen de te guérir. Ce sera peut-être difficile, ce sera peut-être impossible, mais je vais essayer.
La sœur hospitalière demanda à Dysill de bien vouloir s’écarter, au cas-où il briserait ses chaînes.
- Je serais de retour avant que t'aies le temps de dire "ouf", Adrian. Je serais là le plus vite possible.
Dysill s'empressa de partir, non sans avoir jeté un dernier regard à son frère adoptif. Elle savait ce qu'elle devait faire à présent. C'était peut-être futile, mais c'était la dernière chose qui la maintenait en un seul morceau. Elle devait essayer !
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