Seul avec tous

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Le réveil se mit à sonner. Sans réfléchir, il tapota sur la table de chevet, cherchant son portable pour arrêter la sonnerie qui l’avait brusquement extrait de son sommeil.

Il se redressa et sortit du lit en s’étirant. Dehors, la neige tombait encore, recouvrant la chaussée d’une épaisse couche blanche. Encore une bonne journée qui s’annonce, pensa-t-il.

Edward avait trente-cinq ans et était inspecteur de police. Il était reconnu et respecté grâce aux nombreuses affaires qu’il avait déjà résolues dans la ville. Il vivait seul depuis sa séparation, il s’y était habitué. Tant qu’il pouvait voir son fils et sa fille, tout allait bien.

Il se changea et descendit les escaliers. Il se dirigea vers la cuisine, prit un petit café puis enfila sa veste avant de claquer la porte en sortant. Comme tous les matins, il prit sa voiture pour se diriger vers le commissariat.

Lorsqu’il y entra, il sentit que quelque chose n’allait pas. Ses collègues qui le saluaient toujours avec un grand sourire l’ignorèrent totalement.

- Bonjour ! s’exclama-t-il.

Jeff, son coéquipier habituel s’approcha de lui.

- Bonjour monsieur. Désirez-vous un renseignement ?

- Ah ! Salut Jeff ! Que se passe-t-il ? Tout le monde est de mauvais poil ce matin ?

- Euh ... excusez moi mais je ne pense pas vous connaître ... affirma le jeune homme d’un air embarrassé.

Edward ne put retenir un petit rire.

- Haha, c’est une plaisanterie ? Nous avons une enquête importante en cours ... ne perdons pas de temps. Avez-vous trouvé d’autres éléments depuis hier ?

- Écoutez, je ne vous connais pas monsieur. De plus je n’ai pas l’autorisation de divulguer des éléments d’enquêtes en cours. Je vous suggère de quitter cet endroit.

- Mais enfin ? Tu es devenu amnésique Jeff ?

- Bon écoutez, sortez d’ici ou je vous place en garde à vue.

- Cette petite blague n’est plus drôle, je n’ai pas que ça à faire ! Laisse moi passer.

Le jeune homme lui barra la route. Deux autres policiers se dirigèrent vers eux. En les voyant arriver, Edward leur adressa la parole :

- S’il vous plaît, dites à Jeff de s’écarter et d’arrêter de me faire perdre mon temps.

L’un des agents de police qui s’était avancé prit la parole :

- Vous n’avez rien à faire ici, donc déguerpissez en vitesse avant que l’on vous arrête pour outrage à agent.

- Non mais je rêve, murmura Edward en soupirant.

Il passa sa main dans la poche de sa veste pour y sortir sa plaque. J’étais sûr de l’avoir mise dans cette poche ... évidemment, j’ai dû l’oublier à la maison ... pensa-t-il.

- Je reviens tout de suite !

Il se hâta de retourner chez lui. Il chercha dans tous les recoins de la maison mais ne trouva rien. Lorsqu’il inspecta son bureau, il redressa un petit cadre dans lequel figurait une photo de lui, ses deux enfants et leur mère. Lorsqu’il y jeta un œil, quelque chose l’interpella : il avait disparu de l’image. Bouleversé, il recula pour s’effondrer dans le siège derrière lui. Que se passait-il ? Tout le monde l’avait oublié ? Est ce que cela signifiait qu’il se retrouvait seul dans ce monde ?

Non, il restait un espoir. Il se releva et s’empressa de rejoindre la voiture. Il fallait qu’il voit ses enfants pour s’en assurer. Est ce qu’eux aussi l’avait oublié ?

Il était huit heure moins le quart, c’était l’heure à laquelle ils partaient à l’école. Avec de la chance, il allait les croiser sur le chemin.

Arrivé à un carrefour, le feu passa au rouge. Edward s’arrêta au dernier moment, prit dans ses pensées. En tournant la tête, il vit sa fille et son fils qui courraient dans la neige. Sans réfléchir, il sortit de la voiture en criant leurs noms. Ils se retournèrent, le fixèrent sans dire un mot puis s’en allèrent de nouveau vers l’école. Se pourrait-il qu’ils l’aient oublié eux aussi ? Habituellement, ils seraient venu vers lui d’un air joyeux, content de revoir leur père. Un sentiment d’abandon se mit à l’envahir. Il était seul ... seul parmi tous ses proches qui l’avaient oublié ... il était seul avec tous. Soudain, le klaxon d’une voiture le fit sursauter.

Lorsqu’il ouvrit les yeux, il était chez lui, allongé dans son lit. Il regarda son portable sur sa table de chevet. Il était trois heures du matin. Edward se leva précipitamment et se dirigea dans la pièce d’à côté. Sur le bureau, le cadre n’avait pas bougé. Avec soulagement, il contempla la photographie. Il était bien là, aux côté de ses enfants. Il esquissa un sourire avant de murmurer :

- Tout va bien ... ce n’était qu’un rêve.

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