Juste un passeur d'histoires...

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Tout de suite, on va poser les choses : il est possible que vous vous demandiez ce que j’ai fumé, mais je vous assure que j’ai arrêté de fumer du tabac il y a presque dix ans et les autres types d’herbes « médicinales » en tout genre, depuis encore plus longtemps.

Ceci posé, voilà ce qu'il en est pour moi – je sais que c’est bizarre mais c’est une croyance profonde - toutes les histoires existent déjà. Ce n’est même pas une croyance, c’est une certitude, du genre 2+2 =4… ou 5 voire 3 dans le pire des cas. Bref, je le SAIS.

Elles doivent se trouver dans une espère de gigantesque bibliothèque – pensez, toutes les histoires dans toutes les langues, de toutes les époques et même celles à venir – quelque part… Dans un endroit qu’on ne voit pas. Elles sont toutes là et elles attendent de se choisir un « passeur d’histoires ». Un peu comme la croyance japonaise qui dit que les enfants se choisissent une famille où naître, je pense que les histoires se choisissent un passeur pour les écrire et les transmettre. Elles doivent faire des essais, tâter le terrain – le cerveau, l’imagination- plusieurs fois, avant de trouver le bon ou la bonne, passeur ou passeuse d’histoire.

Quand elles sont certaines de leur coup, elles y vont.

Pourquoi croyez-vous que de temps en temps (parfois ? souvent ?) les histoires nous arrivent lors de rêves ? Ou dans un état de conscience légèrement altéré, comme un demi-sommeil, un effort physique prolongé, une immersion dans de la musique ? C’est que notre esprit doit être moins fermé à elles. Il doit être dans un état où il peut les capter plus facilement.

À ce moment-là, il faut se laisser porter par elles. Ne pas chercher à y mettre son grain de sel, la laisser se dérouler telle qu’elle est. Juste l’écouter et l’écrire. Pour moi, il suffit que je mette un clavier sous mes doigts et c’est parti. Je ne maîtrise plus grand-chose. Il peut même y avoir ce type d’urgence décrite par plusieurs, ce besoin d’écrire vite, vite, tout ce qui vient, de peur que ça s’échappe.

Je ne dis pas que c’est continu. Sinon, j’arrêterais de manger, de boire ou de dormir tant que l’histoire n’a pas été déroulée jusqu’au bout. Donc je pense – excusez du délire, mais je n’ai pas trouvé mieux comme explication et comme ce ne sont pas toujours les plus compliquées ou les plus alambiquées les plus vraisemblables, je vais garder celle-ci – qu’elles sont magnanimes. Elles savent nos besoins naturels et si donc, elles veulent être retranscrites jusqu’au bout, il faut bien qu’elles ménagent leur « vecteur ». En fait elles appliquent le fameux précepte : qui veut voyager loin, ménage sa monture. Nous ne sommes que les montures de ces histoires me semble-t-il…

En ce qui me concerne, je me suis mis à écrire assez tard. Sans doute pas avant 1995 et l’arrivée des ordinateurs portables (PC, pas Mac, c’était disponible sans doute un peu avant mais je n’avais pas les moyens). Je me souviens, mon premier ordinateur portable était un Compaq, avec une batterie aussi grosse et lourde que l’ordinateur lui-même. C’est avec lui que j’ai commencé à écrire ma première histoire (Vivre !) qui n’est d’ailleurs toujours pas finie. Ai-je eu un défaut d’attention qui fait que je n’en ai pas capté la fin ? C’est possible… Pour le moment, elle reste en suspens. J’ai trop d’autres projets en cours.

Dans ces histoires, pour les dialogues, c’est assez simple : il suffit de se lancer. Ensuite, c’est comme si je voyais les protagonistes discuter devant moi et que je n’avais que leurs mots à retranscrire. Ensuite, je rajoute les incises, pour faire comprendre l’état d’esprit que j’ai perçu chez chacun d’eux, l’ambiance, les éventuelles tensions, quand c’est nécessaire.

Pour moi toujours, vient ensuite le vrai travail de l’écrivain. Il faut dans tous les cas, relire, corriger, reprendre, enlever les répétitions, enrichir le vocabulaire, chercher des synonymes, mettre de la cohérence, vérifier la définition du cadre, l’objectif de l’histoire.

Quand on dit qu’écrire, c’est du boulot, c’est bien de cela qu’il s’agit, de la réécriture, des reprises et corrections. On m’a dit récemment que quand on n’arrivait plus à relire une histoire pour la corriger, qu’elle vous sort par les yeux, on est arrivé au bout du processus. Elle est « terminée ».

Donc, sans aucun conteste possible, je suis un jardinier. Mais un jardinier qui entretient son jardin, qui taille, qui greffe, qui met de l’engrais à certains endroits. Un jardinier qui jardine, quoi…

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