Un symbole inoubliable
Combien de temps s'est-il passé depuis que nous l'avions arrêté ? Je dirais bien une bonne dizaine d'année. Nous avions dû le rallumer car elle était de retour. Elle avait emmagasiné assez de puissance pour nous mettre à nouveau des bâtons dans les roues et causer du tort à nous, aux autres, au monde entier. Nous étions des guerriers. Certes, personne ne savait ce que l'on faisait dans l'ombre, mais chaque jour, nous risquions nos vies. Et dire que nous n'étions que des collégiens à cette époque. La paix était revenue le jour où nous l'avions vaincu, mais pendant toutes ces années je n'ai jamais été tranquille. Je ne pouvais m'empêcher de regarder tout autour de moi, si elle n'allait pas revenir une fois de plus. Je le pense encore aujourd'hui, et de plus en plus.
Je regarde la télévision en prenant mon petit déjeuner, me demandant si c'est une bonne idée de se torturer une nouvelle fois l'esprit avec ces images de catastrophes naturelles qui surviennent de plus en plus fréquemment depuis deux mois en France. Des glissements de terrain, des inondations atteignant les dix mètres de hauteurs, des tornades dévastatrices et j'en passe. Pourtant, nous ne sommes qu'en Aout, la saison des pluies n'était pas prévu pour ce mois-ci.
L'école est censée reprendre bientôt, c'est la dernière ligne droite vers le diplôme d'ingénieur en informatique. Aujourd'hui, j'ai prévu d'aller acheter les dernières fournitures qu'il me manque pour être fin prêt à affronter cette année quasiment les doigts dans le nez.
Je n'ai quasiment plus de nouvelle de mes amis avec qui j'avais tissé des liens très fort pendant que nous nous battions contre cette entité. Sauf une, celle avec qui tout avait commencé et terminé. Je reçois ces messages régulièrement. Mais il s'est bien passé deux ans depuis la dernière fois où nous nous sommes physiquement vue. Pauvre de moi, je n'ai toujours pas eu le courage de lui avouer mes sentiments pour elle. Mon coeur s'emballe chaque fois que je pense à cette fille.
***
10h30, je sors de mon petit studio d'étudiant pour aller au supermarché du coin où je pourrais trouver mes fournitures. Dehors, il fait gris, le vent souffle à en faire plier les arbres. On se croirait sur les côtes d'une île tropicale. En avançant, je remets mon écharpe qui tente de s'envoler et presse le pas pour éviter de le perdre à nouveau. Sur le chemin, dans les vitrines high-tech, encore les news. Une nouvelle catastrophe s'est déclenché dans le sud de la France, une inondation emportant des centaines de maisons et des corps flottaient. Les scientifiques parlent de "réchauffement climatique" et de "fonte des glaciers" qui dérèglent le climat.
11h30, je suis rentré chez moi en courant sous la pluie. J'ai encore une fois perdu mon écharpe sur le retour. Quelle imbécile ! Je rallume pour la énième fois mon téléviseur pour prendre des nouvelles de cette inondation. Toujours les mêmes images d'horreur en boucle. Je commence à ranger mes achats lorsque quelque chose attira mon regard pendant les news. Le temps de tourner la tête, ce que je pensais voir disparu pour de nouvelles images. Je reste figé à l'écran, attendant que cette chose réapparaisse. Le drone des journalistes survole les décombres, afin de chercher d'éventuels survivants puis dézoome son focus pour avoir un aperçu global des dégâts. C'est à ce moment-là que je vis ce qui m'avait interpelé du coin de l'oeil. Rapidement, j'attrape la télécommande, puis je cherche le bouton de l'arrêt sur image. Pas de doute, ce symbole dessiné par les débris m'est familier, trop familier, inoubliable. Un grand frisson parcourt mon corps tout entier, ma bouche s'assèche, mes mains commencent à trembler, j'ai du mal à déglutir. Mon portable sonne soudainement, j'ai du mal à m'en rendre compte tout de suite. Sur la photo, c'est elle, je dois répondre.
- Jérémie, tu regardes aussi les news ? Tu vois ce que je vois ?
- Hmm...
- Elle est de retour. Qu'est-ce qu'on fait ? demanda-t-elle.
Je ne réponds pas tout de suite, le temps de réaliser la situation.
- JEREMIE ! cria mon amie qui me fait reprendre mes esprits.
- Préviens les autres et dit leur qu'on se retrouve là-bas demain matin à la première heure.
Journal de Jérémie Belpois
JOUR 0
XANA est de retour !
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