I

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Olden était de nouveau plongé dans le cauchemar qu’il refaisait chaque nuit lorsque son téléphone vibra sur le bois sombre de sa table de chevet. Le visage de Skarlet flotta une seconde encore devant ses yeux, puis il s’assit sur le matelas avant de décrocher.

Ainsi qu’à son habitude, il proféra quelques sons inarticulés puis raccrocha. Cela faisait à peine deux mois que les parents d’Octavia Lévigne avaient mis leur fille en terre et voilà que d’autres allaient devoir faire de même : les corps de deux adolescents venaient d’être découverts, dissimulés derrière l’autel d’une petite église de banlieue.

~oOo~

Sur les lieux, Olden rejoignit John, ainsi que toute l’équipe déjà à l’œuvre dans l’édifice religieux.

— Qui a découvert les corps ? demanda Olden en rejoignant son équipier.

— Le prêtre là-bas, répondit-il en désignant un homme assis sur le parvis. Il était apparemment venu préparer son sermon quand il a remarqué les jeunes gens. Il leur a demandé ce qu’ils faisaient là, mais comme ils ne répondaient pas, il s’est approché ; c’est là qu’il a constaté leur décès et qu’il s’est précipité dehors afin de nous appeler.

— Pourquoi ne pas avoir passé le coup de fil à l’intérieur ?

— La réception est très mauvaise dans le bâtiment.

Krane, qui avait enfilé ses gants tout en discutant avec John, se dirigea vers la grande porte en bois puis entra dans l’église. Il suivit ensuite l’allée jusqu’à l’autel, derrière lequel Nao examinait les dépouilles.

Il la salua puis s’accroupit à son côté.

— Pauvres gamins ! Ils n’ont même pas dix-huit ans, déplora-t-elle en tendant à Olden leurs cartes d’identité.

Krane les saisit avant de les parcourir des yeux. Délicatement, il releva ensuite les visages des deux jeunes gens.

— Ils sont frère et sœur.

— Je t’avoue que j’ai regardé leurs noms, mais je n’ai pas encore eu le courage d’affronter leur regard. Tu en es sûr ?

— J’en ai bien peur. Même nom de famille, même adresse… en plus de leur frappante ressemblance.

Il soupira avant de questionner :

— Tu as quelque chose ?

— La scientifique est passée, celui qui les a abandonnés ici n’a pas laissé d’empreinte ni de cheveux, si c’est ta question.

Olden secoua la tête.

— Pour ça, j’irai voir Prudence. Dis-moi si toi, tu as relevé quelque chose.

— À première vue, ils n’ont pas subi de tortures ; ni l’un ni l’autre ne saigne. Mais je n’ai pas encore bougé les corps… peut-être que les blessures se cachent ailleurs… Il te faudra patienter jusqu’à ce que j’aie pratiqué leur autopsie.

Olden sourit tristement à sa collègue, se releva, retira ses gants de protection, puis rallia l’entrée de l’édifice.

Après avoir adressé un signe à John afin de lui signifier qu’il se rendait auprès de la famille des adolescents, il rejoignit sa Dodge, se roula une cigarette pour la route, puis démarra.

~oOo~

Olden se garait dans l’allée menant à la maison de la famille Lemarchand quand une femme d’une quarantaine d’années se présenta sur le perron, un gros sac-poubelle à la main.

Elle plissait les yeux dans la direction du véhicule inconnu lorsque Olden en sortit avant de remonter l’allée.

— Madame Lemarchand ? demanda-t-il.

La femme resserra les pans de sa robe de chambre sur sa poitrine et souffla un « oui » à peine audible.

— Je suis l’inspecteur Krane. Je vous prie de m’excuser de venir si tôt, et surtout un dimanche matin.

Madame Lemarchand le regarda, ouvrit la bouche, mais la referma sans mot dire.

— Pourrais-je entrer ? questionna Olden.

La quarantenaire hocha la tête puis le précéda dans le couloir. Elle l’invita ensuite dans la cuisine où Krane la pria de bien vouloir s’asseoir.

Lorsqu’elle fut installée, elle leva le visage vers lui.

— C’est mon frère, c’est ça ?

Olden fronça les sourcils.

— Vous êtes de la police, vous venez pour me dire que mon frère a été tué dans l’exercice de ses fonctions ?

— Non, madame. Il ne s’agit pas de votre frère.

Krane prit une longue inspiration pour se donner du courage avant d’apprendre la tragique nouvelle à la mère de famille.

L’annonce faite, la femme cligna des yeux puis explosa de rire.

— C’est impossible, affirma-t-elle. Ma fille est partie chez une amie à elle pour le week-end et mon fils s’est rendu chez l’un des siens également pour deux jours. Ils rentreront demain matin afin de prendre leurs affaires pour retourner au lycée.

Puis, comme Olden prononçait les prénoms des deux adolescents, elle poussa un hurlement avant de fondre en larmes.

Krane tira à lui l’une des chaises présentes sous la table de la cuisine et s’y assit, prenant la main de madame Lemarchand dans les siennes.

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