02 - Sommeil
Les paupières lourdes, elle ferme les yeux. La pluie frappe avec fracas contre les volets la berce. Elle se rappelle des contes qui l’endormaient quand elle était enfant.
Tout a disparu autour d’elle.
Ne restent plus que le confort de l’oreiller, la chaleur de la couette et la mélodie des gouttes tombant les unes après les autres contre le vieux bois la protégeant de l’obscurité de l’extérieur tout en la plongeant dans le noir. C’était ce moment que choisissaient les ombres pour se transformer en monstres, ramper jusqu’à elle et envahir silencieusement son paisible sommeil. Seconde après seconde ses songes devenaient sombres et hostiles. L’oreiller devenait une prison, la couette des chaînes et le bruit apaisant de la pluie se transformait en grognements de bêtes féroces semblant habitées par une rage folle. C’était à ce moment-là qu’elle se réveillait, percevant à travers la légère luminosité de la pièce que les monstres avaient regagné leur tanière où ils se reposeraient jusqu’à ce que la lune soit de nouveau maîtresse des cieux.
Ses paupières sont lourdes, mais elles refusent de se fermer et de laisser la quiétude du sommeil envahir son corps, car elle est éphémère, un délicat papillon qui volète entre les crocs acérés des monstres. Ses paupières sont lourdes. Mais elle ne dormira pas, préférant le calme de la fatigue à la torture du repos.
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