11 - Bougie
Elle regardait la flamme qui vacillait doucement. Il n’y avait pas de vent et pourtant elle menaçait de s’éteindre à chaque seconde, comme si la respiration de la jeune femme était trop violente pour elle. Pourtant, elle bougeait à peine, assise par terre en regardant sans vraiment la voir, la cire blanche fondre et le feu éclairer la pièce.
Un instant elle se demande comment cette lumière pouvait être si forte et si fragile en même temps.
Puis son regard se perdit sur le bougeoir en métal. Finement sculpté, scrupuleusement nettoyer, son âge avancé était tout de même visible aux marques d’usure. Les délicates arabesques semblaient danser avec les ombres, tandis qu’une écriture désormais illisible donnait encore du relief au métal.
Elle leva le regard et le posa sur le siège en velours rouge à côté d’elle, laissant son esprit vagabonder. Perdue dans ses souvenirs, il lui sembla la sentir s’installer dans son fauteuil et caresser doucement ses cheveux comme elle en avait l’habitude. Leurs voix s’élevèrent en duo, dans la petite pièce uniquement éclairée par la bougie.
Ez dakit euskaraz hitz egiten.
Elle revit tout. Son enfance dans le grand jardin, à courir dans les escaliers ou à se cacher dans les sombres recoins de la vieille maison. Une délicieuse odeur s’élevait du four pendant qu’elle était là, assis à la regarder jouer d’un air à la fois doux et grognon. Sa voix chevrotante qui s’élevait alors qu’elle racontait les bribes de son passé. A travers ses yeux fatigué, elle avait tout vu : les joies, les peines, les déceptions, les peurs…
Baina musikaren hitzak atzerriko hizkuntza batean jarri nahi nituen.
Puis à la fin de la chanson, la présence se fit de plus en plus froide, de plus en plus lointaine. Sa voix disparut progressivement et elle se retrouva à chanter seule la dernière note.
Musikarik ezean.
Dans un soupir, la bougie s’éteignit.
Alferrikako testua izango da.
Annotations
Versions