19 - Loup/Loup-garou
Le soleil se couchait.
Les ombres envahissaient peu à peu le village, s’étirant le long des maisons et venant danser sous l’astre de la nuit, exceptionnellement rond et gros. Des yeux jaunes, animés d’une cruauté bestiale, brillaient dans les sombres ruelles.
Le village était silencieux, la reine de la nuit imposait son calme, ignorant le massacre qui aurait lieu sous son apaisant manteau. Dans une bâtisse près de la grand place, une petite fille regardait avec attention l’endroit qui quelques heures plus tôt grouillait de monde. Désormais, les pavés sales et les quelques papiers encore à terre démontraient de l’effervescence évanouie du lieu. Elle scrutait avec attention l’endroit désert, son regard s’arrêtant par moment sur la fontaine qui, dans le silence de la nuit, continuait de verser continuellement son eau.
Puis les silhouettes apparurent lentement, telles des prédateurs ayant prit une proie en chasse, ils se rapprochaient de la place, où une âme inconsciente errait encore, ignorant le danger qui s’apprêtait à s’abattre sur elle. Un nuage passa devant la lune, masquant la nuit, sous les yeux effarés de la petite fille qui tentait tant bien que mal de discerner les criminels.
Lorsque la lune apparut de nouveau, les monstres étaient déjà partis.
Deux femmes apparurent à ce moment. Cachées derrières un mur, elles avaient attendu que les monstres passent à l’action.
La première observa avec attention la victime avant de secouer doucement la tête. Celle-ci, elle ne pourrait pas la sauver. Elle observa ensuite la seconde avec attention. Ses yeux gris recouverts d’un voile léger semblaient se perdre au-delà du visible tandis que, d’une main tremblante, elle s’appuyait sur son amie. Après quelques secondes à échanger de silencieuses paroles, elles se levèrent et s’éloignèrent de la scène macabre.
Elles avaient échoué cette nuit, mais bientôt elles réussiraient à capturer les monstres.
Derrière la colline, le soleil se lève paisiblement. Les villageois ouvrirent les yeux. Autour de la table, certains firent semblant de s’étirer ou de bailler, tandis que le maître du jeu, sourire aux lèvres, échangea un regard complice avec les loups-garous.
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