Matinée. Métro. Métropolitain. Bousculades. Impoli. Malpoli...
 Un matin poli...
 Un matin d'automne...

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« Certains mots sont probablement aptes à changer le monde, ils ont le pouvoir de nous consoler et de sécher nos larmes », dit Stefánsson. Mais ces mots, je les cherche encore...
 Amitié ? Amour ? Partage ?...
 Mais si je prononce seulement ces mots...
 Qu'est-ce que ça change ?
 On n'était pas au courant de leur existence ?

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Un matin d'automne...
 Une incartade...
 Ca ne va pas, je ne dis rien. Je mets seulement les mots sur ce qui s'est passé. Les mots attendus. Alors je suis inutile. Tout le monde les a, ces mots...
 Mais si je donne d'autres mots que ceux attendus, et dis autre chose que ce qui est attendu...
 Je mens ?
 Je mens alors ?

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Un matin d'automne...
 Drapés de vertus...
Jeter la première pierre...
 Bah ! je dis seulement la chose. Je sors une image, je donne une référence, pour dire quelque chose de simple. Et si ça n'avait pas fait 7 syllabes, j'aurais adapté artificiellement...

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Un matin d'automne...
 Vous le savez déjà que le poète vous ment ?
Un matin d'automne... Femme, homme, face, visages, politesse...
Déambulent, excavation, exutoire, inconvenance, incommunicabilité...
 Mon regard se brouille.

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 Face à moi, des signaux lumineux qui partent d'une surface rectangulaire... Electrique... Un écran. Des mots, des taches, des tâches, des voies peut-être... Non, rien que des mots, des mots neutres, des mots muets, des mots idiots. Comme si tout se jouait ici, sur cet écran, séparé selon l'espace et le temps !
 Je soupire... La vraie poésie, c'est se moquer de la poésie... Peut-être...

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 « Certains mots sont des balles de fusil, d'autres des notes de violon »
 « Ca vous libère de tous les maux » murmure Renaud...
 On peut mourir pour un poème ; peut-on vraiment vivre pour ?
 Je chante piteusement une silhouette qui s'en va, si proche et si loin, fatalement... Elle se retourne : soudain tout se tait en moi. « Hélas ! lorsque j’étais son captif, l’Amour, loin de réchauffer ma Muse, enchaînait mon essor et ma voix. »

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 Même en son absence : elle m'est un phantasme. Une imagination ! Et Cupidon n'est que le dieu de l'erreur... De l'égarement.
 N'oubliez jamais... Le poète vous ment...
 Elle au loin, je m'écorche la poitrine et bave sur la feuille, quelques gouttes d'encre et de sang lacrymales...

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 Je me taille une épopée, invoque les dragons, les tours et les Princesses. J'invoque les hauts noms ! je mets du Rimbaud, du Racine, du Hugo... Je compare, j'associe, j'apparie, comme jouant dans la gallerie des glaces. - C'est moi que je regarde dans la glace.
 Peut-être, ce n'est pas elle qui s'en va, mais moi...

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 Parfois, je me tais.
 Je laisse parler.
 Je laisse parler mon coeur, à nu.
 J'attends que les mots viennent d'eux-mêmes.
 Rien ne se passe.
« Words can be losing... »

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« Un matin d'automne
 Banal...
 La première pierre... »
 C'est banal, banane.
 Je ris tout seul, inexplicablement.
 Only my weakness (Weakness)...

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 On cherche tous ce qu'il y a derrière les mots... On devrait chercher.
 « Derrière les mots, derrière nos voix, est-ce qu'on entrevoit...? »
 Je chante avec Voulzy et Souchon.
 Ce n'est pas que les mots, vous savez. Sur sa palette, ce sont autant des mots que des moods que le poète mélange.
 Le poète sait que nous nous voyons tous à travers des miroirs sans teint.
 Et le poète se jette dessus, à travers l'écran de papier, tel Murakami.
 Et perce.

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 On se juge, on se reconnaît, on s'identifie. On fait comme si, on suit, les convenances... On fuit...
Il faut, donc, ainsi, tout le monde... Parfois, même, pour faire comme tout le monde il faut dire, négativement : "tout le monde"...
 On ne peut faire vraiment comme tout le monde qu'en étant persuadé de son autonomie, qu'en (se) prétendant se distinguer.

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 Pour reprendre Lao Tseu :
 Après la perte du Dao, viennent les sentiments ;
 Après la perte des sentiments, viennent les mots ;
 Après la perte des mots, viennent les on-dits ;
 Après la perte des on-dits, vient la frustration.

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 Un matin d'automne
 Un geste a éparpillé
 En milliers d'éclats...