La bague de l'avare

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 Le mois suivant, Avenant alla frapper chez Louis Jaret. Une domestique vint à sa rencontre le faisant patienter dans un salon, seul. Avenant sortit son ocarina et en joua. Dans le bureau, on entendit une plume noircir du papier, pour s’arrêter subitement. Un pas lent, presque trainant succéda au silence puis la porte s’ouvrit sur un homme bedonnant, mais avec un visage ensoleillé d’une beauté singulière. On avait bien du mal à décrocher les yeux de Louis et c’est sans nul doute cela qui lui permettait d’être cet être abject que l’on respectait. On lui pardonnait jusqu’à sa violence.

 Il s’approcha d’Avenant qui déjà tissait son malheur et les scènes qui s’en suivraient. Son regard était vide, comme deux tunnels de ténèbres.

 Le marchand continua à jouer, puis il partit, laissant l’homme derrière lui. Il voulait les voir, leur donner leur sentence, les narguer sans jamais se corrompre.

 Trois jours plus tard, le bruit courait que Louis Jaret avait mandaté sa sœur à offrir à qui le voulait les joyaux de sa collection personnelle. On trouvait cela étrange et encore plus quand il commença à courir les marches à la recherche des pierres qu’il avait données.

 Louis avait battu Anne-Lyse. Après l’avoir humiliée en l’attachant à un pilier dans leur cour, zébré son dos si frêle et amputé trois de ses doigts, il l’avait lui-même escortée dans l’une des cellules des hautes tours pour un fait qui n’était pas le sien. Semblait-il que la pauvre femme ne comprenait rien et pleurait chaque jour son malheur ? On disait que Louis souffrait de la folie de son père. Plusieurs plaintes furent déposées à son encontre, mais chacune fut étouffée.

 Un soir, alors que Louis courait dans un escalier d’une des tours Est, il glissa et se rompit le cou aussi bêtement que son esprit était construit. Sous la bonne grâce d’un domestique, qui avait entendu Louis commander à sa sœur de donner son trésor, elle fut libérée. Toujours amoureuse, elle consentit aux derniers souhaits de son frère et envoya une lettre au journal de Damaulnoy qu’il avait laissé.

 Le lendemain, tout le monde pouvait lire ces derniers mots.

« Je me suis ligué contre le roi Avenant et la Reine Célestéa et ait participé à la prise de pouvoir. Je savais pourtant la vérité. J’ai fait condamner la reine sans ressentiment, me suis amusé de son corps mou retenu à cette corde. C’était une revanche. Ils avaient tout eu, quand moi, je devais faire le singe pour recevoir un regard du vieux roi Grabon. Je n’avais pas mérité ce mépris. ».

 La nouvelle fit grand bruit au vu du nombre de lecteurs.

 Les habitants de Damaulnoy, qui avaient connu la tragique histoire, appelaient désormais à la vérité.

 Que c’était-il passé il y a trente ans ?

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