Célia

La soirée du 14 janvier

Je m'effondre sur le sol renversant au passage le vase que mon père avait offert à ma mère, je m'en souviens de ce jour-là. Ma mère est revenue de l'hôpital complètement épuisée par sa chimiothérapie et s'est écroulée à côté de mon père. Ce dernier l'a alors contemplé aussi affectueusement que d'habitude. Ce regard aimant que lui renvoyait son mari redonnait la force de vivre à ma mère. Sachant que ma mère était florevasophile, il lui avait offert un vase en porcelaine de Limoges pour célébrer leur anniversaire de mariage. Malgré l'adversité et les moments douloureux que rencontraient mes parents, leur couple demeurait solide, il restait fidèle et loyal l'un envers l'autre. J'ai perpétuellement aspiré à vivre une histoire d'amour comparable à celle de mes parents. Lorsque, je parviens à croiser le chemin d'un homme qui est sur le point de me faire découvrir les délices de Vénus, je me dérobe âprement à lui. Je me suis emportée d'une manière déplorable, je ne me supporte décidément plus.

Je ramasse les bouts de verre sur le parquet, il ne manque plus que cela, je viens de me couper le doigt. Je me rends précipitamment à la salle de bain pour trouver un antiseptique ou au moins un médicament pour me soulager. Je me résous à apaiser ma souffrance à l'aide de puissants somnifères qui constitue sans doute la pire idée possible. J'espère profité d'un très long sommeil, je m'assois sur le rocking-chair de ma maman. J'entends la porte s'ouvrir et mes yeux se ferment sur Mickaël courant vers moi.

Maman est assise sur ce rocking-chair, elle me brode un bonnet et se met tout à coup à pleurer. Je ne comprends pas pour quelle raison maman sanglote, elle me câline en répétant qu'elle sera éternellement dans mon cœur. Elle me presse fort contre son buste, et me murmure qu'un jour, elle rejoindra ma grand-mère dans les étoiles. Je pleurerai forcément un long moment, mais petit à petit, la tristesse disparaîtra et il ne survivra que des souvenirs nostalgiques d'elle. Je veillerai absolument dès lors sur Sandrine, et prêterai main-forte à mon papa. Je ne lâcherai en aucun cas mes rêves d'études, en ce qui concerne ma maman, les études ne l'ont jamais intéressé. Être mère au foyer et s'occuper de sa famille, cela caractérisait ses uniques aspirations et le plus beau métier du monde. Si dans l'avenir, j'étais atteinte par cette cruelle maladie, je ne détiendrais que le pouvoir de maîtriser mon esprit d'après elle. Je ne comprends pas toutes ces paroles, apparemment, je cernerai le sens de tout cela bientôt au cours de mon existence selon elle. Maman ?! Ta peau, elle s'.... eff... ri... te, je vois des lambeaux de peau tombés jusqu'à qu'il ne reste que de la poussière...

Mes yeux s'ouvrent subitement, Mickaël me réconforte percevant visiblement que je me réveille d'un affreux cauchemar. Je l'observe soigner ma main avec son regard aimant tourné vers moi. Vous m'avez tellement fait peur me dit-il en me prenant dans ses bras, il me vouvoie encore, c'est mignon. Je dois assumer qui je suis, il ne subsiste que ce détail qu'il ignore de ma personne de toute manière. Je lui déclare sommairement être vierge, et le fait que je souhaite que les choses aillent moins rapidement entre nous en précisant mon attachement à lui. Sa réaction ne se fait pas attendre, il m'indique que cette révélation ne comporte aucune gravité ni honte. Il admet avoir développé certains sentiments pour moi, et il sera bien entendu attendre le moment où je serais prête. Je me dirige dans le jardin pour pouvoir respirer de l'air frais et m'y allonge.

Il me rejoint afin de me couvrir d'un plaid blanc et se pose à côté de moi. Ma tête se dépose sur sa poitrine et sa main se pose sur ma taille, nous regardons ensuite les étoiles ensemble et nous nous endormons.