Aurora

Le matin du 28 février

J'ai bien l'intention de découvrir les secrets de cette famille et de l'empêcher de nuire. D'ailleurs, c'est pour cette raison que je compte entrer par effraction dans la maison de la défunte Isabelle, dont son neveu Mickaël a hérité. Dans ma jeunesse, j'appréciais m'entraîner à déverrouiller des serrures à l'aide de différents objets, afin d'imiter les films d'espionnage. Apparemment, ces heures passées devant les portes de la demeure de mes parents, n'étaient pas vaines.
Tout de même, je mesure la gravité d'un tel acte, mais grâce à une amie très douée, j'ai pu couvrir mes arrières en désactivant la sécurité. J'enfile des gants, de manière, à ne pas laisser la moindre empreinte. Je me dirige tout d'abord vers les chambres du haut. Une seule contient un cadre photo personnel, c'est certainement son amante Célia qui l'a installé ici. Cette pièce ne comporte pas....

Pourquoi Mickaël possède-t-il un coffrage si volumineux pour ses volets roulants, juste dans cette chambre, au lieu de celui beaucoup plus discret dans les autres pièces de sa maison ? Plus qu'à l'ouvrir, afin d'aller au bout de ma pensée. J'aperçois une boîte fermée avec un cadenas. Toutefois, quel code cet homme tordu a-t-il inséré ? J'essaye d'entrer l'année de naissance de sa mère, quelques combinaisons au hasard, la date de sa rencontre avec Célia, et tous cela ne fonctionnent absolument pas. Je visualise dans ma tête, toutes les dates importantes de la vie de cet homme, jusqu'à me rappeler le jour de la mort de sa mère. C'est exactement ce code, c'est adorablement malsain. Je consulte dès lors les nombreux papiers, en tout genre, à l'intérieur cette boîte.

D'après un document, la sympathique Isabelle, cette femme qui je pensais être la victime de son neveu. Celle-ci a financé le meurtre de sa propre sœur, de la mère de son neveu, auprès d'un professionnel. Je découvre cet acte innommable sur une facture, tout ce qui a de plus banale, seulement aucun nom n'est mentionné à part une phrase latine : Alea jacta est. Je ne sais pas vraiment la signification de ce proverbe, même si je crois que cela à un rapport avec Jules César. Un rapide tour sur internet, m'apprend que cela signifie : le sort en est jeté. Ce détail est sans importance, car il me sera impossible de retrouver la trace de ce meurtrier, peu importe son identité. Je dois me concentrer sur Mickaël, j'observe ainsi attentivement le contenu de cette boîte, jusqu'à ce que mon regard soit attiré par deux lettres.

La première se révèle être écrite avant le meurtre de la sœur d'Isabelle : « Madame, je vous fais part de mes grands remerciements, à propos du généreux présent que vous m'avez offert. Effectivement, je fermerai les yeux sur ce qui pourra advenir de votre sœur. De toute façon, je sais que vous êtes une femme de discernement et qu'elle n'aura que ce qu'elle mérite... Signé, Monsieur Le Maire, votre humble serviteur. »

« Tandis que la seconde doit se situer après ce meurtre : « Madame, comme convenu, j'ai expressément demandé au supérieur hiérarchique de l'enquêteur Monsieur Jean Michel Lapsir de fermer l'enquête, à cause du prétendu manque de preuves. Le comportement de son supérieur l'a fortement stupéfait, seulement, il n'a d'autres choix que d'obéir... »

Je ne peux y croire. Isabelle a corrompu le maire de la ville, afin de se couvrir du meurtre de sa sœur. Pourquoi son neveu garde-t-il encore ces documents ? Pourquoi ne rien dire à la police ? Il est possible, que sa famille le couvre du meurtre d'Isabelle et Ayano Shiraishi, en échange qu'il ne divulgue pas ces documents. Peut-être, avait-il découvert ces papiers, avant d'assassiner sa tante ? La raison du meurtre de celle-ci, serait alors un accès de rage, que cette dernière aurait provoqué, avec un ultime acte à l'encontre de son neveu. Quel pourrait être le déclencheur de la furie de son neveu ? Je vois difficilement ce qu'elle a pu faire de pire que de lui enlever sa mère. Cette femme est un véritable monstre, ce jugement que j'ai porté sur son neveu était trop hâtif et injuste. Comment avoir un équilibre mental dans une telle situation familiale ?

En y réfléchissant, Isabelle était une fine manipulatrice, ma mère la prenait pour une personne respectable. Enfin, il faut toujours se méfier des gens dans ce genre-là, il cultive l'apparence à défaut de développer leur conscience. Si je puis dire, sa mort est d'une certaine façon bénéfique pour l'humanité. Dorénavant, je vais prendre tous ces papiers, ainsi que fuir au plus vite de cette maison, et continuer à enquêter. Dommage que je ne puisse pas en parler à Célia, le soutien d'une telle détective m'aiderait forcément, heureusement que j'ai déjà l'appui d'une journaliste.