Tout n'était que mensonge ?

3 minutes de lecture

La fin de matinée du 1 mars

Ce que m'apprend Louise est l'effet d'un ouragan, dévastant tout ce que je m'étais construit, jusque-là dans ma vie. Tout n'était que mensonge, dissimulé derrière une invraisemblable réalité, l'homme dont j'étais éperdument tombé amoureuse, n'avait fait que me cacher la vérité.

Jamais, il ne m'avait parlé de sa famille. Je me doutais, au vu de ses moyens, qu'il devait vraisemblablement appartenir à une famille aisée, voire aristocratique. Mais certainement pas à une famille qui possède en son sein, autant de secrets et d'affaires, pour le moins suspects. Je ne peux croire de façon sérieuse que ce n'était qu'une coïncidence, qu'il ait pu se trouver sur le lieu du crime de sa tante et celui de sa petite amie de l'époque Ayano Shiraishi, sans qu'il en soit étrangement fait mention dans les rapports de la police. J'étais tellement obnubilée par mon idylle avec cet homme, que je n'ai pas prêté attention à son passé ou son histoire, je ne contemplais qu'un avenir radieux en sa compagnie.

Je demeure vraiment une piètre détective, lorsqu'il est question de mes sentiments personnels. Je ne perçois pas non plus la complexité des rapports humains, et tout ce qui concerne les personnes qui me sont chères telles Elia, Mickaël et ma Sandrine. Il n'y a pas à chercher bien loin pour établir une telle réalité, la relation tordue que j'entretenais avec ma sœur l'illustre bien. Je ne regrette dorénavant plus d'avoir assassiné son horrible mari, il la maltraitait et a osé ôter la vie à son propre fils. En revanche, j'ai agi de façon faible, en éprouvant de la culpabilité envers Sandrine, alors que je l'avais aidé à retrouver sa liberté et venger son fils. J'aurais dû rester auprès de ma sœur, elle souffrait de la situation comme de mon départ, même si elle le cachait en se plongeant dans l'aide humanitaire.

La première fois que j'ai abandonné ma petite sœur, malgré moi, c'était juste après son placement dans une famille d'accueil, et pour ma part dans un foyer adapté à mon état de santé. Ces gens l’ont traité avec indifférence, ne lui apportant aucune considération, sans lui faire du mal pour autant. Dès que j'ai été en âge de pouvoir l'adopter, je me suis battue, afin d'obtenir sa garde. Un prestigieux avocat touché par mon histoire m'a défendu jusqu'à la victoire. Par la suite, je suis officiellement passé au statut de tuteur légal vis-à-vis de Sandrine. De toute façon, j'avais assumé ce rôle officieusement une grande partie de ma vie. Mes parents, ayant dû se dérober à ce privilège, l'un emporté par Hadès ou la faucheuse puis peu importe son nom... et l'autre par le chagrin.

Pourquoi ressentir de la culpabilité pour le meurtre de l'abominable mari de ma sœur ? Je ne décèle pas l'état d'esprit que je possédais, il y a de cela pas très longtemps.

La petite fille de Louise paraît s'impatienter de la longueur que la discussion prend entre Cassiopée, sa maman et moi. D'ailleurs, je me rappelle de Louise maintenant, c'est une brillante journaliste du Canard enchaîné. Ce journal, né sous la censure de la Première Guerre mondiale, n'a cessé de lutter contre cette dernière, ou de soutenir de grandes causes telles que l'indépendance de l'Algérie, toujours caractérisé par son humour satirique. Après un siècle d'indépendance, il est composé de journalistes soucieux de leurs sources et offrant d'inoubliables articles, dont Louise. Louise, qui selon certaines rumeurs, est pressentie comme la prochaine directrice de la rédaction du journal. Elle aura sûrement une carrière remarquable dans le journalisme cette femme.

Louise cède aux gémissements de son enfant, et m'informe être très heureuse d'avoir fait ma rencontre. Elle inscrit sur un papier son numéro de téléphone, et m'explique que je peux l'appeler, si je désire parler d'événements impliquant Mickaël. Avant de partir, elle justifie sa tenue extravagante et surtout affriolante, en insinuant subtilement une certaine anecdote de son travail. Nous éclatons toutes les trois de rire, puis nous nous disons au revoir. Je suis admirative de cette jeune femme qui jongle entre sa vie de mère célibataire, son travail et ses amies.

Cassiopée n'a visiblement pas eu la force de raconter ce qui est arrivé à Antoine, je ne lui en tiens pas rigueur, c'est inconcevable d'avouer cela. Je ne m'étais pas rendue compte que Cassiopée savait dissimuler aussi bien ses sentiments. Soudain, une pensée terrifiante me traverse l'esprit, pourrais-je pardonner à Mickaël son passé par amour quoi qu'il est fait ?

Annotations

Vous aimez lire Antoine T. R. ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0