Un hurlement strident

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Elia

L'après-midi du 3 avril


Les jours font disparaître les blessures que m'a laissé Antoine. Mon cœur brisé se reconstruit, grâce au temps qui passe, mais la mémoire de nos instants ensemble demeurent gravés dans celui-ci.

Il est peut-être temps que je quitte Paris, ce n'est pas ma ville et elle ne le sera jamais. Celle qui a eu un jour mon amour fut Lyon, cette époque est néanmoins en ce jour, révolue. Mon esprit souhaite vagabonder et s'envoler sans réfléchir vers des terres inconnues, accompagné de ce garçon que j'ai rencontré récemment. C'était inespéré, je ne serais pas savoir si un avenir est réellement possible avec lui. L'odeur du parfum d'amour se mélange à nouveau à mon âme, cela remplace les arômes piquants de ma peine.

C'est assurément fou de voyager avec lui, alors que je le connais si peu, mais il s'est épris de moi et m'a déraisonnablement proposé cela. J'envie les personnes qui se jettent à corps perdu dans des projets délirants sans penser au lendemain ni aux conséquences.

J'ai cité de maintes fois avec fierté les paroles sages du Bouddha à ce féru de philosophie qu'était Antoine, ainsi, je lui disais ne demeure pas dans le passé, ne rêve pas du futur, concentre ton esprit sur le moment présent. En attendant, ai-je accordé son fidèle sens à cette pensée au fil de mon existence ? C'est terminée, je ne dois plus avoir peur de vivre, juste vivre le moment présent, l'incertitude de demain guidera désormais mes pas. Cet homme à l'éclatante peau asiatique est cette toute nouvelle délicieuse et suave incertitude. Je ne me lasse pas de me l'imaginer dans diverses agréables tenues voire aucune, jusqu'à notre prochain rendez-vous. Il ne constitue pas qu'une enivrante gourmandise, mais aussi une perspective de changement.

Mon imbécile heureux de frère est censé me rendre visite aujourd'hui, il revient définitivement de l'armée, où il n'a d'ailleurs pas fait grand-chose à part séduire des femmes. Ce n'est pas lui qui vient à l'instant de frapper à la porte ?

Non, pas lui, non, pas lui... L'électricité vient de s'éteindre, je ne détiens aucun moyen de contacter qui que ce soit. Il ne sert à rien de hurler à l'aide, je présume que toutes les précautions ont été prises cette fois-ci par l'oncle de Mickaël. Mon téléphone portable est dans la salle de bain, car j'ai pris ma douche en écoutant de la musique. J'y suis presque plus que quelques marches d'escalier... Aie, aie, aah non...

Où suis-je ? Ma tête, je saigne. Un objet s'est fracassé contre mon dos, puis je suis tombé du haut des escaliers ? L'image floue d'un homme s'approche de ma personne, il me redresse sur une chaise. Je vois distinctement la description de l'oncle de Mickaël, il m'annonce une impossible vérité à l'aide d'un discours teinté de moqueries envers le changement de son neveu. Il intime l'ordre à ses hommes de main de poser une malette sur le sol, et je devine le contenu incriminant de celle-ci contre son neveu.

La gangrène de cette putride famille a largement atteint Mickaël, il a aimé perversement Sandrine puis l'a atrocement assassiné. Il a continué sa perfidie en tombant amoureux de la sœur de sa victime à leur deuxième rencontre, alors que juste avant, il pensait à la tuer à son tour.

Il quitte ma résidence sans un mot de plus, les bruits de ses pneus me confirment cela. J'ouvre la boîte, et prend un à un chaque document, il y a toutes sortes de choses, dont des photos de Mickaël plus que clair la nuit du meurtre de Sandrine. Je tombe même sur un poème, j'en suis si abasourdie, que je le fais échapper sous mon canapé. Tant pis, toutes les preuves sont réunies dans ces documents que m'a transmis son oncle, il surveille d'ailleurs les moindres gestes de ses proches.

Il faut que je montre tout cela à Célia. Je me précipite dans leur maison, puis je cogne violemment sur la porte. J'entends un hurlement strident, je casse une fenêtre pour entrer et tombe face à face avec Mickaël. Il me questionne concernant la raison de mon affolement, je n'écoute rien et exige de savoir où est Célia. Aucune réponse, seulement un regard interloqué, qui petit à petit s'éclaircit.

Soudain, il m'interroge au sujet des documents à l'intérieur de mon sac, il me regarde fixement d'un air troublé ou attristé. Il pleure ? Je crois apercevoir un chandelier dans sa main. Un chandelier !?

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