Combat sur la falaise.

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La bataille faisait rage tout autour de moi, sur la falaise. Les troupes loyalistes avaient le dessus mais je les voyais bien me regarder. Je l’avais compris depuis bien des semaines, ce qui les faisait tenir, c’était moi. Si j’étais prince, je n’étais en rien le leader de leur armée, mon frère aîné et mon père, eux l’étaient. Et pourtant, mon grand frère lui-même semblait s’en remettre à moi.

Les jours précédents,mon avis m’avait été demandé avant chaque prise finale de décision. Pas un des généraux pourtant plus expérimentés n’avait eu le cran de prendre les choses en mains. J’avais tellement œuvré comme un leader, qu’ils m’avaient désigné ainsi, sans me le demander. Même Émilien, mon frère, l’héritier de notre père n’était pas aussi écouté.

Je remarquai soudain un guerrier ennemi fondre sur moi. C’était une créature masquant son apparence derrière un capuchon noir. J’en avais affronté un, quelques années auparavant et je l’avais vaincu, seul et sans armée. Peut être était-ce cet acte qui m’avait valu d’être vu ainsi, comme le messie, quelle stupidité.

L’idée qui germa dans ma tête alors que je combattais était stupide, folle, à éviter. Mais je voulais leur prouver, leur montrer que je n’étais rien de plus que l’un des leurs. Je n’étais pas plus important, malgré mon statut princier, j’étais à leur niveau, et eux au mien. Tout en parant les attaques de mon ennemi, j’essayais d’imaginer qui pourrait me succéder.

« Je te sens tourmenté, pas concentré, j’ai déjà gagné !» dit mon adversaire.

« Je ne suis pas irremplaçable, si je meurs aujourd’hui, un autre se lèvera et ils le suivront.» Rétorquai-je.

Ma décision était prise, je pensais chaque mot que je venais de prononcer. J’imaginais l’homme qui me remplacerait se lever et mettre fin à cette guerre. Sans réellement prononcer son nom, dans ma tête, cet homme que je voyais, c’était mon frère. Un futur roi qui redonne espoir à tout un peuple et boute l’envahisseur hors d’ici, c’était grandiose.

Nous combattions au bord de la falaise, quitte à choisir ma mort, autant qu’elle soit belle. Dans un dernier élan, j’enchaînais les bottes, entraînant mon adversaire, exactement où je le voulais. À cet instant, je vis dans ces yeux, la peur, mon assurance le déstabilisait. Peut être aurais-je pu le tuer, et renoncer à cette idée. Mais qu’en serait-il de ses compagnons d’armes, du reste de l’armée adverse.

Après une dernière série de coups, ne cherchant pas vraiment à le blesser, ni à le toucher, j’agis. Je fis en sorte de laisser une ouverture dans laquelle il s’engouffra. Sa lame m’érafla le flanc gauche, mais il ne put en faire plus, nous étions au bord de la falaise. À son attaque, je répondis par mon plus grand sourire puis me laissait tomber dans le vide.

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