Silence

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Blanc. Tout est blanc aujourd'hui. Le ciel, les arbres, la route, tout a été recouvert de blanc durant la nuit. Les gros nuages laissent s'échaper d'énormes flocons cotoneux qui continuent à recouvrir le paysage. Personne n'est dehors, personne sauf lui. Lui. Il s'est assis sur un banc couvert de neige, doucement les flocons s'accrochent à lui. Il fait petit à petit parti du paysage. Mais peut lui importe que la neige recouvre son manteau, son bonnet, chaque parcelle de son corps. Il écoute. Il écoute le bruit assourdissant des flocons qui s'écrasent autour de lui. Le silence si bruyant de la nature sous la neige. Il regarde, observe, écoute, laisse tout ses sens être envahit par le silence. Il aime cette sensation, ce moment avant l'éveil. La neige tombe de plus en plus, la visibilité devient moindre. Pourtant le soleil, il le sait, au delà des nuages est bien levé, et même déjà haut dans le ciel d'hiver. Pourtant, il n'y a toujours personnes dehors, il semble être le seul être vivant dans ce paysage. Mais ce n'est qu'illusion, d'ici quelques minutes, la cohue des enfants qui sortirons de l'école à l'heure du déjeuner brisera la paix du paysage, leur pas briseront le calme de la neige, les voitures des parents qui viennent récupérer leur marmailles briseront la blancheur immaculé de la neige.

Il se lève, la neige qui le recouvraient tenant encore à lui avant qu'il ne bouge. Il tape ses vêtements la faisant tomber comme un nuage autour de lui et avance. Il s'éloigne, il ne veut pas voir cette civilisation déruire à nouveau le silence. Il marche, ses pas presque aussitôt recouvert par la poudreuse qui tombe toujours autour de lui. Il presse le pas, il a envie de rentrer chez lui. Il a envie de la revoir encore avant qu'elle ne s'éveille de sa sieste. Il court à demi, le bruit de ses pas, brisant à peine l'assourdissant silence de la neige qui vole soudain autour de lui. Il semble faire parti de cette nature silencieuse. Lui qui pourtant refusait, quelques instants plutôt, la simple idée de briser le calme ambiant, le brise par sa soudaine envie de la voir encore endormie comme lorsqu'il est sorti. Elle venait de s'assoupir.

Il se souvient, elle s'est endormie contre lui. Ils regardaient la neige, aussi silencieux que leur appartement, aussi silencieux que la nature à l'extérieur. Il avait soudain senti son corps s'alourdir contre lui, sa respiration plus profonde, ses cheveux lui chatouiller le cou alors que la tête de la jeune femme s'écroulait presque contre lui. Il avait sourit, l'odeur de fleur de ses cheveux avait envahit ses narines, colorant le silence de l'odeur savonneuse de la Tiaré. Il était resté un moment ainsi le corps fin mais si vivant de sa compagne contre le sien. Puis l'envie de bouger l'avait pris, aussi subite que les envies de chocolat que pouvait avoir la jeune femme. Il s'était levé, sans la réveiller, l'enveloppant dans une couverture chaude avant de lui même s'apprêter et de sortir. Il avait troublé cette nature silencieuse pour aller s'asseoir et l'écouter. Mais maintenant, alors qu'il montait quatre à quatre les marche menant à son appartement, il voulait écouter un tout autre silence. Le silence de la vie.

Il entra, prenant garde à ne déranger personne, se déchaussant, déshabillant sans sembler brasser l'air autour de lui. Il s'approcha, elle n'avait pas bouger, ou si peu. Il s'accroupit, les yeux brillants ; la respiration à peine perceptible, le léger tressaillement de ses paupières, signe qu'elle sortait doucement de son sommeil. Il pose une main, grande, calleuse, sur le ventre fort arrondit et sourit. Lui aussi dort. Lui aussi est silencieux, calme, et puis doucement ça s'agite. Les yeux bleus et lumineux encore chargés de sommeil se dévoilent petit à petit.

- Tu sens la neige... murmure-t-elle avant de se redresser pour se serrer contre lui, l'envie de dormir encore présente, mais qui se chasse petit à petit. L'odeur de la Tiaré envahit ses sens, le son de sa voix aussi doux que celui des flocons s'écrassant au dehors, casse le silence. Mais doucement, c'est cette douceur qu'il voulait voir briser le silence, c'est cette candeur allangui par le sommeil. Un sourire lui étira les lèvres alors qui embrasse doucement le crâne de la jeune femme, une main toujours posée contre son ventre, l'autre glissée dans son dos, la tenant fermement mais tendrement contre lui. Son havre de paix, son silence éternel, c'était elle, même dans le bruit, même sous la tempête de ses pensées, elle réussissait à ramener le calme et le silence dans son esprit. Silence brisé, leur quotidien se met en route, suivant la routine, seulement changé par la neige qui tombe drue au dehors.

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