Assis devant la télévision, nous attendons. D’ici quelques instants, le point hebdomadaire sur la situation sanitaire va être fait. Des rumeurs courent déjà depuis plusieurs jours, tant dans le cocon familial, que plus largement, sur les réseaux. Confinement ? Fermeture des écoles ? Fermeture des commerces non essentiels ? Vacances de Pâques étendues à l’identique pour les trois zones ? Notre attente va prendre fin, voilà que l’élocution commence. Le point sur l’évolution de la Covid passé… Le verdict tombe. Confinement strict pour au minimum un mois. Retour des attestations, des interdictions de déplacements, télétravail obligatoire, fermeture des écoles. Cette dernière me contrarie, pas parce que j’ai des enfants non, mais parce que nos chères têtes blondes vont à nouveau se retrouver confronter à la difficulté de suivre des cours à distance comme le sont les étudiants depuis un an maintenant. Ainsi que toutes les difficultés matérielles que cela implique.

Pour ma part, cela ne me change rien. Enfin presque. On vient d’emménager dans notre nouvelle maison avec mon compagnon. Et il faut dire que ce confinement tombe à pic. On a pas mal de choses à mettre en place, des affaires à déballer. Du rangement, deux trois bricoles de travaux. Repeindre les murs avec la peinture qui patiente sagement depuis presque un mois dans le garage. Notre déménagement s’est fait un peu au pied levé. On a rapidement trouvé notre habitation. Un coup de chance diriez-vous. Un coup de foudre pour nous. Elle n’est pas parfaite, mais pleine de potentiel et c’est tout ce qui nous importait. Ce qui a pris le plus de temps fut notre déménagement. Nous n’étions pas prêts ; absolument pas.

Nous nous sommes regardés, un sourire complice étirant nos lèvres. Ni lui ni moi ne sommes contrariés par cette annonce. Pour notre entourage, venu nous aider à terminer de vider notre ancien logement et amener les derniers cartons dans le garage, c’est une autre histoire... Pour certains, c’est un scandale. Pour d’autres, c’est horrible, il faut se rebeller ! Que si nous nous unissions tous, on ne nous reconfinerait pas ! Puis tous finissent par se résigner. Nous les laissons à leurs discussions, nos propres projets prenant vie sous nos yeux grâce à ce confinement.

Notre foyer va vraiment devenir notre nid douillet. Déjà, nous nous imaginons pouvoir recouvrir les pièces de ces couleurs que nous avons choisies avec tant d’attention. Décorer le salon, le bureau, notre chambre avec nos babioles. Nous aimons notre demeure, mais avec nos boulots respectifs… Impossible d’avancer, et les week-ends nous étions dans les cartons. C’est fou, ce qu’on a comme affaires, même individuellement… Imaginez un peu à deux… et avec des animaux ! Je me répète : heureusement, nous n’avions pas encore d’enfants, sinon nous aurions encore été dans l’emménagement !

Alors que la télé commence à vrombir les informations, ma mère l’éteint. L’heure du repas avait sonné et cela n’allait pas attendre plus longtemps : nos estomacs criaient famine et l’odeur alléchante des pizzas qui restaient au chaud dans le four, avait traversé les pièces jusqu’à nous. La troupe se leva, ma moitié ouvrant la marche avec son frère. Je regarde avec bonheur ma famille et ma belle-famille réunies dans notre maison. Notre maison. Et bientôt, grâce à tout ce temps que nous allions gagner, elle serait complètement à notre image et un véritable cocon dans lequel nous prendrions un plaisir immense à créer de nouveaux souvenirs.

Et cela démarre déjà par celui-ci : le confinement, le jour de notre véritable installation.

Quel bonheur !

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Texte écrit dans le cadre de l'atelier d'écriture d'avril de Karine Carville via les live Facebook.