Le premier mot

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Prologue.


Ils arrivèrent après des mois de marche près d’un cours d’eau. Le sorcier avait dit vrai. Pour remercier la déesse, ils se mirent à plat ventre contre le sol et les bras écartés, la face sur la poussière pour une étreinte qui se voulait hommage. Une révérence en quelque sorte, un signe de reconnaissance à ce nouveau territoire de chasse.   

La sécheresse les avait fait fuir les terres d’avant. Ils ne pouvaient que les quitter pour subsister. Ensemble ils prirent cette décision. Pour la survie des premiers hommes ils devaient partir, aller voir si ailleurs la déesse mère leur ferait un accueil chaleureux. Si ailleurs il y avait de l’eau et si là-bas plus loin ils trouveraient de quoi se nourrir. Les pertes furent sévères, le souvenir des temps heureux ne retenait personne. Les très anciens qui auraient pu les retenir reposaient sous des amas de roches à l’entrée du village.


Chapitre 1


Nous sommes les premiers hommes, nous le savons d’instinct. Nous avons conquis le feu, bâtit des abris, nous savons chassé et nous connaissons les plantes et leurs vertus. Nous sommes les premiers hommes, élus de la déesse. Elle nous aide à nous connecter à la terre qui nous abrite. Notre mode de communication est simple et nous sert de lien, un lien très fort qui ressemble au bonheur. Nous sommes les premiers et nous savons que notre peuple est grand. Nos valeurs sont l’entraide, le courage, le travail. Nous aimons nos enfants et faisons en sorte qu’ils grandissent en harmonie avec leur aînés. Tout ce que nous avons appris, nous le transmettons au plus jeunes et ceux-ci le retransmettront, c’est la loi de la déesse. Nous communiquons par gestes, par des attitudes, des mimiques et des bruits aigus ou graves selon la situation. Nous tapons des mains ou des pieds pour avertir ou encore montrer notre colère. Il nous arrive de danser quand un événement mérite d’être célébré. Parfois nous chantons pour la déesse, pour bercer un enfant. Ce chant vient du ventre, il monte jusqu’à notre gorge puis remplit  notre bouche, il ressemble quelque fois à un pleur, mais on peut aussi y entendre de la joie. Nous avons un mode de communication informel qui change selon notre personnalité, les émotions qui se lisent sur un visage, et si ne nous sommes pas sûrs, nous appelons une autre personne. Si la lecture n’est pas claire nous nous réunissons à plusieurs. S’il le faut nous demandons l’avis du sorcier. En général ce dernier est choisi. Chaque membre du village ayant passé l’âge de la puberté vient se placer derrière celui qui a sa préférence, si le choix est incertain, on recommence à la prochaine lune. Dans certains villages, des sorciers se sont auto-proclamés, il ne sont pas restés longtemps et ont fini par être bannis. Si ils font preuve de pénitence et si leur actions montrent que le bien de la communauté est plus important à leurs yeux que leur propre ego, ils reviennent et les torts sont oubliés.

Nous essayons de vivre en harmonie avec notre tribu, bien-sûr des conflits apparaissent, mais nous essayons de les régler au plus vite, car bien que la déesse soit clémente, nous subissons des épreuves qui nécessitent que nous soyons unis pour mieux les affronter, chacun sait que seul il ne pourrait survivre.  Car les connaissances et les talents de chaque individu différent, mis bout à bout nous maîtrisons une somme de savoir-faire considérable surtout si nous y incluons celui des autres villages.


Alors quand il a fallu tout quitter pour découvrir d’autres lieux plus propices, ce fut un déchirement. Nous nous sommes rassemblés autour de l’arbre millénaire, cinq villages en tout, ça faisait beaucoup de monde. Le plus vieux ne se souvenait pas d’une réunion comme celle-ci. Nous nous tenions les mains et avons formé une ronde et dans le silence, nous avons entendu un cri, c’était la vieille du village du nord. Son cri s’est mué en une sorte de chant que nous avons tous repris, un chant triste et  poignant que nous n’oublierons pas, des notes écrites dans la conscience collective.     


            


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