— Impact dans 10… 9… 8…
 — Gulk ! Combinaison de camouflage !
 — On n’a pas de combinaison de camouflage. On n’était pas parti pour se camoufler au départ.

Il fouilla dans une caisse.

 — Au pire j’ai un bleu de travail, tu sais la combi avec les gros yeux, là.
 — Ho purée ! On va débouler sur cette planète de primates en gris de travail avec des tronches de citron ! Je n'y crois pas !
 — 7… 6… 5…
 — Il va falloir improviser, mon p’tit Gulk.
 — Et si on restait là. Ils ont pas l’air bien malins les habitants.
 — Mais même si c’est pas des flèches, qu’ils aient un thon à la place du cerveau, faut pas qui sachent ! Tu comprends ? Zone contaminée, elle dit la machine. Je sais même pas si on va survivre plus de 2…
 — 2… 1… IMPACT !

Le vaisseau s’aplatit au sol. Il rebondit à peine et laissa une longue trainée de poussière sur plus d'un kilomètre. La secousse trimballa les deux apprentis voyageurs dans l'habitacle. L’étroit cockpit ne laissa pas envisager la moindre douceur dans ce ballotage terrien. Premier contact plutôt violent. Des micro-fissures formaient déjà des sillons dangereux sur la coque. La dépressurisation fut rapide. Avant de perdre connaissance Gulkus avait eu le temps d’enfiler une combinaison de travail. Krjü, lui, s'empala fâcheusement dans les commandes du tableau de bord et, tandis qu’il tentait d’attraper de quoi respirer, fondit littéralement au contact de l’air. Planète redoutable pour ceux dont le métabolisme n'est pas adapté. À mesure que son corps se vidait sur le sol lisse du vaisseau, une odeur nauséabonde remplit la cabine. Quand l'engin s'immobilisa enfin, Krjü, agonisant, jeta un coup d'oeil par le minuscule hublot devant lui. Avant de mourir, il eut à peine le temps d'apercevoir le nom de la bourgade qu'ils venaient de percuter :

ROSWELL...