À la faveur des jours d'été
Nous touchons à la fin d'un après-midi de juillet. La chaleur épaisse invoque des spectres dans la distance, des effluves à la limite du visible, quand le goudron chargé de toutes ses huiles transpire abondamment. Je chemine sur cette voie sans couleur, et la sueur gâte ma vue. J'ai sur les lèvres la saveur de l'effort, et je vois pointer dans les horizons ombragés, l'étendue liquide que j'affectionne tant. Des perles de sel roulent sur mes joues, et les sillons du temps creusés à même ma peau semblent abreuvés par des torrents de flammes. Mais je brave les légions de bras invisibles, les caresses infernales sur mes jambes dénudées ; je brave les morsures infligées par la brise, les gifles éhontées des branches à l'allure si vive.
Alors je pose mon vélo sur les flancs d'une terre plus fraîche, et le vent bruit dans les feuillages. Je m'approche du chant des vagues, des discussions de la bouche du ressac - il fait glisser les mots entre eux, et d'un regard limpide je m'asperge d'une eau délicieuse.
Alors l'enfer semble déserter la terre, et la vie revenir en moi. Je respire comme si je renaissais, soudainement galvanisé par un geste si simple. Le vent si lourd et si grossier semble se faire plus léger, et murmure maintenant des politesses à ma peau libérée. Les flammes s'apaisent et je sens presque le contact des nuages à la couronne de coton.
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