« Tu te souviendras, Marguerite, que rien n’est éternel, que le temps passe, les souvenirs s’effritent, la haine coule, tout comme l’amour, et les amis s’oublient.

Rien ne te sera jamais acquis. De tes ongles, de tes cris, de tes hommes, tu te battras, car tous dans ce monde penseront que tu es faible, un brin de femme brisé par l’histoire, une dominée par la vie ayant jeté les armes. Patiemment, à l’aide d’une minutieuse et réfléchie, mais jamais incertaine, réflexion, tu leur feras comprendre qu’il n’en est rien. Tu leur feras comprendre que le loup qui vit en toi ne s’est jamais éteint et que cette flamme est indomptable.

Jamais quiconque, ni un amant ni un conseiller, ne pourront y mettre un terme, apaiser tes ardeurs, ta colère, car ils ne devront jamais comprendre que tu la possèdes. Ils te prendront tout si tu possèdes un rien, alors sois minutieuse, dans tes mots, tes gestes, dans tes vœux. Ceux que tu formuleras à leur égard devront toujours être infiniment modiques en comparaison de tes réelles aspirations.

Charme-les, berne-les de grands sourires et de belles paroles un peu sottes, montre-leur qui sont les sots que d’avoir osé te cloîtrer à Aegis.

Et alors, quand tu seras prête, lorsqu’ils seront sous ton joug, arrache-leur pouvoir avant qu’ils ne t’arrachent tes jupons. Brûle-leur château avant qu’ils ne brûlent le tien. Vole-leur suprématie et fais-la tienne.

Venge-nous. Venge-toi.

Ce monde t’appartient, petite princesse d’argent.

Ce monde n’attend que ton courroux.

Qu’il soit mémorable. »