Le stress

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J'adore les films sur la Grèce Antique. En fait, j'adore la Grèce Antique, c'était classe, des guerriers hors pair, des philosophes, des poètes, des géomètres de génie, ces types étaient géniaux. Donc forcément, venus le Grand Moment, le premier film qui m'est venu à l'esprit, c'est Troy. L'histoire d'Achille, j'adore ce film ! Même si je me rends bien compte que c'est pas forcément le meilleur choix pour l'ambiance...

Ça fait bizarre. Combien de temps ça fait que je n'ai pas été en stress devant une fille ? Même ma première fois ne m'avait pas stressé comme ça. Et le fait qu'Himiko soit plus tactile que jamais, n'aide pas vraiment. Sa tête est posée contre mon torse, et je sens son regard sur moi plus que sur le film. Cette fille est vraiment mauvaise pour ma santé. Je ne me souviens pas d'avoir déjà senti mon cœur battre aussi fort. J'ai confiance en moi, bien sûr, je sais que ça s'passera bien, mais... mon corps semble être de l'avis contraire. Bordel, j'ai des sueurs froides et tout. Quelle merde ! Faut que j'dise un truc à la con avant de crever de stress ! On est à combien de temps de fil-... La scène avec Briseis ! C'est pas bon ! C'est une scène de film, mais avec cette ambiance... Respire, vieux, tiens l'coup, ça va l'faire ! T'es fort ! T'es pas un puceau ! Tranquille, trop facile !

- Eikichi...

Merde ! Elle s'approche ! Doucement ! Pourquoi, c'est elle qui prend les devants ? ! Elle est censée être plus stressée que moi ! Pourquoi elle est audacieuse maintenant ? ! Elle est bouillante... En général, c'est de moi qu'on dit ça... Mais là, j'ai l'impression que si je la touche, je risque de me cramer, j'ai tellement envie de tester ma résistance à la chaleur. Bordel, j'vais crever de chaud. Son souffle, sa bouche, elle est incandescente, si... Si tentante !

Pas un mot, simplement le contact de ses lèvres contre les miennes, ont-elles toujours eu cette saveur ? Elles sont... Sucrée. Un goût que je ne me souviens pas avoir déjà expérimenté, moi qui ne raffole pas de choses trop douces, je pense pouvoir m'offrir un jour de pause. On dira que pour aujourd'hui, ça compte pas. Que j'ai une excuse.

- Ce genre de douceur est mauvaise pour mon régime alimentaire...

Elle rit. Son rire a toujours été aussi... Excitant ? J'en peux plus. J'vais la bouffer...

- Pour aujourd'hui, tu peux bien t'accorder une pause ?

Et elle lit dans mes pensées en plus. Si tu savais tout ce qui m'est passé par la tête depuis qu'on se côtoie, tu serais surprise. Le nombre de positions dans lesquelles tu t'es retrouvée dans mes rêves, tu ne ferais pas la même tête.

- Personne ne surveille, je dirais que c'était un imprévu...

Un autre de ses rires. Coupe la télé, avant qu'elle ne couvre sa voix, coupe-la ! A cet instant, il n'y a qu'elle qui compte. Elle et rien d'autre. Seulement, elle.

- Eikichi... Tes mains...

Hum ? Mes mains ? Elle gémit... Mes mains ont commencé à bosser sans même me demander mon accord. Bien trop concentré sur elle, je ne m'y avais pas prêté attention... Mais maintenant, j'ai du mal à faire autre chose que cela. Sa voix auparavant brûlante, sensuelle, qui m'invitait, se fait maintenant plus aigue, plus timide... Pas ici.

- Le lit sera sûrement plus confortable.

Elle est à bout de souffle, déjà, le rouge aux joues, la respiration lourde... Héhé, une fois passé à l'acte, son attitude change pas mal, et la voilà enfin, adoptant le comportement qu'on pourrait attendre d'une jeune fille sur le point de vivre sa première fois. Et ça ne s'arrange pas, quand, doucement, je la soulève pour la porter jusqu'à la chambre. Le chemin ne m'a jamais paru aussi long, il n'y a pourtant que quelques petits mètres de rien du tout, mais j'ai l'impression de traverser à pied la distance qui me sépare d'Hokkaido. Je me sens un peux comme Tenjiku Tokubei voyageant jusqu'à un lieu lointain. L'anticipation, le désir de posé mes yeux sur une terre vierge, sur cette beauté que personne n'a vue avant moi. Depuis quand je suis aussi excité pour une chose pareille ? C'en est presque ridicule, j'ai l'air d'un puceau quand je me comporte comme ça. Heureusement qu'elle n'est pas dans ma tête. J'aimerais être dans la sienne en ce moment. Cette si jolie tête, qu'est-ce qu'elle me cache ? Combiens de secrets me reste-t'il à découvrir chez toi, Himiko ?

                       ****

Le film n'était qu'une excuse... Je l'admets. Je ne l'ai même pas regardé, trop concentrée sur ce qui allait sans aucun doute arriver... Et qui arrive en ce moment même. Quel stress, c'est la honte, j'ai dû avoir une drôle de tête, j'ai les joues en feu... Et pas qu'elles d'ailleurs... Je vais fondre sous cette chaleur ! Tuez-moi. Etre dans cet état pour quelque chose comme ça... Les humains sont vraiment faibles face à leurs instincts, mais en même temps... Il me porte comme si de rien n'était, comme si je n'étais pas plus lourde qu'une plume. Fort, beau, drôle et gentil, je ne suis qu'une femme, comment résister ?

Arrête de le regarder comme si tu voulais le dévorer Himiko, respire, calme toi, c'est juste un garçon. Fait pas attention à ses bras... Et son torse... Et le truc de tout à l'heure ! Je veux mourir ! Mais demain... Après ça, je pourrais mourir de honte. Mais d'abord, je veux savoir ce que ÇA fait.

J'ai l'impression d'être une princesse... La chambre, j'ai envie d'y arriver, et en même temps, je suis tellement, tellement bien ici, au creux de ses bras. C'est confortable, il fait chaud, et je peux sentir son cœur qui bat la chamade... Je souhaite, s'il vous plaît, que ce rythme fou soit de mon fait. Faites qu'il ne batte pas aussi fort avec d'autres filles.

La chambre est là, et le " clac " de sa poignée résonne et me fait un peu sursauter. J'appréhende tellement que je dois avoir l'air constipée... La honte ! Il me pose gentiment sur le lit, et vient m'y rejoindre avec hâte... Au-dessus de moi, ses bras qui m'entourent m'empêchant de fuir, je suis prise au piège... Pas que j'ai particulièrement envie de fuir, cela dit.

- Sois gentil...

Pas la moindre réponse. Il se contente de me dévorer du regard, puis de me sourire. Ses lèvres, les revoilà, elles sont brûlantes, passionnées, autant qu'il peut l'être lui, cet homme est un vrai danger... Et j'adore le danger.

- Tu m'fais confiance ?

- Les yeux fermés.

Ces mains, ses mains, elles se baladent un peu partout, dessinant mes formes... Je les détestes elles sont chaudes, et si douces, mais auront exploré mon corps avant de prendre les miennes. Ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais à chaque fois, elles me fuient. Pour aujourd'hui, je vous pardonne, mais j'aurais aimé que vous m'accordiez un peux de tendresse sur le chemin du lycée, ou en rentrant, avant de vous accrocher à mes seins... Avant de me faire monter dans les aiguës, j'aurais aimé que vous me réchauffiez quand il fait froid dehors... Vous qui semblez avoir une volonté bien à vous, vous baladant bien que votre maître semble concentré sur mes lèvres, je souhaite qu'après avoir goûté à mon corps, vous vous intéressiez à autre chose... Hum ? Qu'est-ce qu'il me f-...

- Eik-... C'est sale ! Ne lèche pas ici !

Un choc électrique me traverse le corps. Puis, je me sens légère. Comme sur un nuage. C'est bizarre... Je devrais être dégoûtée par ce qu'il fait, pourquoi je me sens si bien ? Ses doigts, sa langue, il me connaît par cœur, c'est pas possible... Pourquoi il fait ça mieux que moi ? Ça vient, déjà... Je suis à bout de souffle, alors c'est de ça dont me parlaient les filles quand elles me disaient qu'il était doué avec sa langue ? J'ai perdu la notion du temps, ça doit pas faire cinq minutes, et pourtant, je suis déjà à bout... Il s'occupe de moi comme les hommes s'occupent des femmes dans les romans, est-ce que j'ai vraiment droit à ce genre de traitement ? Moi qui ai toujours repoussé les avances des garçons, est-ce qu'aujourd'hui j'ai bien le droit d'être gâtée ainsi ?

- À quoi tu penses ma douce ?

Ma douce ? Il ne m'a jamais donné de surnom affectueux comme ça. En tout-cas, pas d'aussi direct, en général, c'est " ma belle ", pas ce genre de choses... Ce cœur qui bat la chamade, ce désir de me faire plaisir, ce surnom... Toi aussi, tu ressens la même chose, pas vrai ?

- À toi. Comme toujours. - Prête ? - Prête.

Dans un nouveau baiser, il me laisse quelques instants sur le lit, le souffle court, peinant à rassembler mes pensées...

- Il m'semble que j'ai oublié un truc, deux secondes.

Il rit légèrement, comme pour détendre l'atmosphère. Toi aussi tu stress, pas vrai ?

- On y est.

Le voilà, ça commence pour de bons... C'est gros... J'ai l'impression qu'il va me déchirer... Quand l'autre Anglaise disait que les Japonais en avaient des petites, elle s'est plantée... Mon corps tout entier réagit, comme s'il se préparait à l'accueillir.

- Pourquoi tu t'arrêtes ?

Il m'embrasse, encore et encore.

- Si je continue, tu seras réellement une femme, tu es sûre ?

C'est quoi cette question nulle ? Pourquoi tu hésites maintenant ? Idiot.

- Si ça veut dire que je peux être la tienne, avec plaisir.

Il est... Parfait. En tout point. Son corps, nu au dessus du miens, il est si fort, je le savais, mais je ne m'en étais jamais réellement rendu compte. Si solide, si dur, semblable a un massif montagneux. Un ventre en tout point similaire aux armures grecques de ces films qu'il aime tant, ces bras capables de briser la roche d'une seule frappe, ce corps, brisé par l'entrainement. Parfois, quand je le regarde sur le ring, je me demande s'il est bien né à notre époque. Le corps d'un homme à la vie de spartiate... Je pourrais l'observer des jours entier sans m'en lasser. Un jour, il m'a parlé d'un personnage qu'il voyait un peu comme un modèle, un certain Kratos. Il en a en effet des airs par moment. Pas aujourd'hui, pas maintenant. Aujourd'hui, et maintenant, pas de gros dur, pas de bagarreur, il est à moi pour l'instant, doux et aimant. Mon Eikichi.

                      ***

Avec ce genre de phrases, comment je pourrais résister ? J'aime le sexe, mais je ne me souvenais pas que ça pouvait être aussi agréable... En général, je dis que les pucelles sont pas drôle, que celui qui veut s'en est jamais tapée une... C'est marrant comme je peux être excité à l'idée de prendre celle-là. Une légère résistance, et voilà. Tu es un-... Ma femme. - Eikichi ? Hum ? C'est quoi ce regard ? Ne me regarde pas comme ça. Si tu le fais, j'peux pas jurer que j'serais doux tout du long.

Est-ce réellement humain d'être aussi belle ? Avec les copains, Himiko est souvent le sujet de blagues. Elle qui est plus terrifiante que n'importe quelle legende de notre beau pays. Mais là, sous mes yeux, tout ce que je vois, c'est une jeune femme, qui appréhende ce qui lui arrive, le coeur qui bats la chamade, douce et fragile. Et par dessus tout, tellement belle. A ce moment, je maudis ma peur de m'engager, j'aimerais tellement, tellement te demander ta main sans attendre, Himiko.

- Oui Himiko ?

Elle m'embrasse, encore, et encore alors que ses hanches remuent comme essayant de m'attirer plus loin... Tu ne sais pas dans quoi tu t'engages Himiko.

- Je veux ressentir ton amour, au plus profond de moi... Fais-moi tienne.

Himiko, depuis quand tu es aussi... Comme ça ! Bordel, j'en peux plus !

- Si c'est ce que tu veux. Pas de raisons de me retenir, Himiko, tu es maintenant à moi.

Le temps passe, combien de temps ça fait qu'on s'envoie en l'air ? J'en ai aucune idée. Je sais qu'on a commencé vers les neuf heures, et que le soleil s'est levé depuis un moment. J'en peux plus. Le sexe ça a toujours été aussi crevant ? Ou c'est juste elle qui m'épuise ? Pour une vierge, elle en demande ! Mais finalement, je l'ai enfin fatiguée !

Et nous voilà enfin, elle, posée sur moi, les yeux brumeux, un sourire aux lèvres, dessinant les traits de mon visage.

- Eikichi ? J'peux t'poser une question ?

- N'importe laquelle.

Elle hésite, rouge comme une pivoine, après cette nuit, c'est maintenant que tu rougis ? Vraiment ? Cette fille n'a aucune logique.

- Tu... Tu m'aimes ? J'veux dire... Je sais que tu en touches d'autres, mais... Ce soir, c'était super intense et... J'me demandais si tu comptais le faire avec d'autres filles après ? Moi, non, les autres garçons ne m'intéressent pas et... Je s'rai peut être un peu jalouse si tu touchais d'autres filles. Sérieusement... Elle est adorable.

- Les autres filles ? Quelles autres filles ?

Elle sourit, encore, Himiko, tu es si, si belle.

- Idiot.

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