Amédine,

Je me souviens de toi, là, maintenant, tout de suite, je ne sais pas pourquoi, ou alors le sais-je sans vouloir l'accepter.

On se ressemblait tu sais.

Nous étions deux humains incompris, perdus dans cet hôpital psychiatrique.

Tu rêvais de t'évader de ce maudit hôpital dans lequel tu étais enfermé depuis des années.

Je rêvais de caresser des corps inconnus dans ces chambres blanches.

Tu n'étais qu'un adolescent en retard, intellectuellement parlant. Et puis, il paraît que tu avais d'autres «  problèmes mentaux », dont tu n'as jamais voulu me parler, «  par peur de me faire fuir ».

Je n'aurais pas fui tu sais. Je suis cette peste qui ronge les hommes. Je suis ce suppôt de Satan qui fait frémir tous ceux qui s'approchent de moi.

Amédine, je t'aurai compris.

Tu venais d'Afrique.

J'adore l'Afrique, j'ai toujours été fasciné par l'Afrique.

Tu étais ce petit garçon mystérieux. Tu étais cette couleur égayante lors de mes jours moroses.

Tu étais sourire lorsque j'étais pleurs et colère lorsque les infirmiers voulaient m'attacher par ce que j'étais trop perturbée.

Tu étais gentil avec moi. Tu étais différent de ces hommes qui ne cherchaient qu'une gentille partie de jambes en l'air avec mon corps. Car, mon âme, il faut bien se l'avouer, ils s'en foutaient un peu.

Je n'étais qu'un bout de viande qu'ils se disputaient violemment.

Mais toi, non. Tu restais, là, sage, à m'écouter parler pendant des heures. Me plaindre de tout, mais surtout de rien. Idéaliser mon futur et parler de ton frère qui côtoyait Romain Dupuy dans l'hôpital des plus grands criminels. Tu avais très peur pour ton frère, je m'en souviens. Tes mots résonnent encore à mes oreilles «  pourvu qu'il ne lui fasse pas de mal. Tu sais, j'ai peur, je pleure souvent la nuit, par ce que je n'ai que mon frère. »

Je te consolais, te rassurais, comme je le pouvais.

Mais que peut-on dire à un enfant dans le corps d'un adolescent ?

Je t'appréciais beaucoup, Amédine.

J'espère seulement que tu vas bien, que tu vas mieux.

Prend soin de toi.