Alcool
Elle hausse le ton. Ses paroles deviennent désagréables et pourtant, je la regarde d’un air sceptique. Sait-elle que son comportement ressemble à un enfant de douze ans ? Elle blablate, encore et encore.
Elle ne veut toujours pas se taire.
Il y a quelques jours de ça, assise à mon bureau, en train de m’atteler sur mon travail comme une employée modèle, ma collègue est venue demander de l’alcool pour désinfecter les toilettes. J’en ai pris note, mais budget y oblige, je ne peux pas acheter des choses inutiles. Alors j’ai attendu le temps de lister les moyens généraux les plus urgents.
L’idée ne lui a pas plu et maintenant elle me gueule limite dessus.
Ça a commencé par une énième requête d’alcool et puis ;
- Oui, j’en achèterai une fois que tout sera listé. Pour éviter les allers-retours.
- Mais j’en ai réellement besoin. J’utilisais la petite bouteille en haut, mais je l’ai finie.
- Tu sais que cette petite bouteille est la mienne et je l’ai achetée à titre personnelle ?
- Oui, et ? Je demande une bouteille d’alcool en tant qu’employée ! Tout le monde et n’importe qui rentre dans les sanitaires des femmes et je n’ai pas envie de choper une infection !
- Ok, mais pas pour le moment. Déjà que je suis occupée avec le boulot.
- C’est quoi ce délire ? On débourse une somme d’argent pour les chats, mais pour les humains c’est une perte de temps !
La société a deux chats, dont l’une a mis bas jeudi dernier. Puisque c’était sa première fois, j’ai fait appel à une vétérinaire, mais elle ne s’est libérée qu’après 18h00. Je n’ai pas pu l’attendre et j’ai demandé à cette même collègue de lui montrer la cachette de de la chatte et de la payer. Je lui ai donné une enveloppe au cas où ça couterait beaucoup. Faut croire qu’elle n’a pas supporté mon inquiétude pour les chats, car les humains, je m’en tape !
- Déjà, tu baisses d’un ton. Tu ne me parles pas comme ça. Si les hommes utilisent nos sanitaires, faut leur faire comprendre que ce n’est pas acceptable.
- Et pour mon alcool ? Parce que, contrairement à toi qui habites à deux pas et pisses chez toi, je suis ici toute la journée. Je n’ai pas envie de me faire infecter, puis tomber malade, pour m’absenter et ne pas faire mon travail !
- T’as peur des bactéries, mais pas du sida ? Oui, oui. Tout le monde est au courant que tu t’envoies en l’air tôt le matin, chaque soir et chaque weekend dans les locaux. Alors, tu devrais plutôt t’inquiéter de l’état de ta choune au lieu de tes fesses. Ou peut-être tu souhaites qu’elles soient propres comme un sou neuf pour qu’il les engouffre sans crainte ? Inquiète-toi aussi du fait que tu vas finir virée par manque de professionnalisme. Le patron a remarqué ta mauvaise réactivité et ta lenteur et m’a demandée personnellement de chercher des profils pour te remplacer. Maintenant, fou le champ de ma vue.
Ce que j’aurai aimé lui cracher ses quatre vérités dans la face ! Bien sûr, rien de tout ça ne s’est produit. J’ai juste rigolé et l’ai ignorée. Elle est partie en furie et ne m’adresse plus la parole depuis. Tant mieux ?
L’alcool ? Je ne l’ai pas acheté, juste pour l’emmerder encore plus.
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