Lalye-3 (Version 0.6)

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MIAOU, MIAOU, MIAOU, MIAOU.

J’ouvre un œil, puis l’autre. 7:00 est affiché sur mon réveil en forme de chat-neko du Japon, ces petits chats blancs avec une patte relevée près de l’oreille.

Eh mais, on est mercredi !

D’un coup, l’énergie m’envahit, je repousse mon édredon bleu Pokemon (Carapuce évidemment) et en toute hâte, je me dirige en robe de chambre vers ma salle de bain. Aujourd’hui est un grand jour : je lance l’opération « Soirée chez moi ».

J’allume l’eau et je me savonne tout en réfléchissant à voix haute.

« En plus, vendredi c’est parfait, mes parents sont absents jusqu’à dimanche. »

Silence.

« Charles m’aidera à tout préparer. »

Silence.

« Et il m’a promis de garder le secret. Je l’aime bien, Charles. »

En sortant de ma douche, j’essaie de compter le nombre de personnes à inviter. Seulement la classe ? Non, on a dit petit comité, mais quand même, visons l’école.

Je me dirige nue vers ma penderie qui se situe à droite du lit. C’est un placard à vêtements bien petit comparé à celle de ma mère, il n’y a que deux rangées sans oublier toutes mes paires de chaussures au fond.

Mmmm, où se trouve ma robe noire et mauve ? Bizarre, je ne la vois pas. Peut-être… Ah oui ! Elle est à la laverie et comme en ce moment la maison est quasi vide… Pourquoi mes parents ne me laissent-ils que quelques valets quand ils s’en vont ? Je me retrouve sans rien. Je vais ordonner à Charles de la nettoyer immédiatement mais en attendant, il me faut une solution, repérons un truc sobre pour aujourd’hui.

Je parcours les vêtements un à un, les essayant sommairement devant le miroir. Déjà quelle couleur pour la journée ? Vert ? Non, j’ai pas envie de ressembler à Edward. Rose ? Je l’étais hier. Quelle honte ce serait de porter les mêmes couleurs deux jours d’affilée ! Puis, je désire quelque chose de plus simple.

Après plusieurs indécisions, je statue qu’aujourd’hui sera la journée du jaune. En plus, cela ira parfaitement avec mes cheveux bleus. Et pour finir, j’enfile un t-shirt Gucci jaune aurore. Je l’essaye avec mes lunettes rondes jaune auréolin et puis cherche un pantalon large aux prédominances jaune topaze ou bien jaune soufre, avant de me rappeler que je possède dans ma garde-robe une jupe-culotte, dont les motifs faits de gris, de noir et de jaune délavés iraient parfaitement. Je la cherche rapidement et l’enfile. Un dernier coup d’œil devant le miroir… PARFAIT.

Dans la cuisine, un petit déjeuner simple (bacon, œufs, riz chaud, thé et jus d’orange) m’est servi par Charles.

J’avale de quoi me rassasier et lis le mot qui m’est adressé ; mot me disant qu’une voiture m’attend devant la maison pour me conduire à l’école. D’habitude, Charles s’occupe de cela mais de temps en temps, il délègue cette tâche à une compagnie extérieure. J’espère qu’ils enverront une voiture correcte pour une fois. Il y a deux semaines, on m’a conduite dans une BMW… quel manque de classe ! Heureusement que le chauffeur me laisse en bas du collège, où personne ne peut me voir.

Tout en mangeant, j’observe la piscine. Oui ! Le bar ira bien là.

Mon collège est un des plus huppés de la ville. Malheureusement, c’est une école publique ; mes parents ont refusé de me mettre dans un établissement privé comme le sont mes neveux ou les Goades.

J’ai eu du mal à m’y habituer, surtout à cause des rumeurs sur la vétusté et la saleté des bâtiments ; mais après réflexion, c’est pas si terrible que ce que les légendes racontent. Le plus gros problème est que n’importe qui (pour ne pas dire n’importe quoi) peut s’y inscrire. Pire, ici, ce sont les profs qui nous jugent et non l’inverse.

En classe, je suis assise au fond à gauche, près du mur. À côté de moi, il y a Haha. C’est une fille très calme et très gentille. Elle est venue chez moi il y a de cela quelque mois pour faire du shooting photo durant un weekend où mes parents étaient absents. Ces clichés sont maintenant les plus belles photos que j’aie dans ma chambre. En plus, cela m’a fait plaisir de donner de l’argent à quelqu’un de moins fortuné que moi. Juste que j’aurais préféré qu’elle l’utilise pour renouveler sa garde-robe : toujours en casquette et chemise.

À 10 heures 10, je suis excitée comme jamais lorsque la cloche sonne. Le prof de maths, monsieur Gilltot, qui venait de donner un cours de révision, nous quitte prestement, suivi de Mathilde qui semble avoir une question importante à lui poser. Comme bon nombre de mes camarades, je me lève. J’attrape mon poster et mon sac de flyers car je sais que madame Bothe mettra dix minutes à arriver. Elle nous a expliqué un jour que sa première leçon se déroulait en bas de l’école ; dès lors, il lui fallait plus que les cinq minutes d’intercours pour rejoindre notre classe, ce qui en fait le bon moment pour annoncer la nouvelle à tout le monde. Mais avant, prenons des nouvelles de l’opération « Bonté et Somalie ».

Je contourne par la deuxième rangée et passe entre Fred et Sean assis un peu plus loin. Il dort, mais tant pis pour lui, il n’avait qu’à pas sortir hier soir.

« Dis !

— Mmmm ? me dit-il.

— Quand aurai-je des nouvelles de l’association ?

— Quoi ? Euh… je sais pas. Cela prend du temps, tu sais, mais t’inquiète, je te préviendrai dès que j’ai des nouvelles.

— OK. J’espère que cela ne trainera pas trop. »

En fait, j’en pense pas moins, j’aurais voulu l’annoncer et avoir les photos pour le jour de ma soirée.

Je continue vers le tableau, ne faisant pas attention aux bruits de fond que font mes camarades de classe. J’attrape les aimants et accroche le poster. Il s’agit d’une photo de moi (faite par Haha) dans un joli cœur bleu et avec écrit en grand « Soirée chez moi, vous êtes tous invités ».

« ECOUTEZ-MOI ! »

Un long silence s’installe. Tous (ou quasi) me regardent : de Haha (qui a l’air de s’étonner que j’ai utilisé une de ses photos) à Fred, Sean et Max qui étaient occupés à s’embrasser. Seule Mathilde parcourt son GSM ; un message important, peut-être ?

« Vous m’écoutez ? Bien. Je vous annonce que ce vendredi, vous pouvez venir chez moi faire la fête. Il y aura tout ce que vous voulez, et même plus. Tout le monde est invité. »

Personne ne répond et en un instant, je m’étonne d’obtenir une assemblée plus silencieuse qu’un contrôle surprise.

« Et par tout le monde, j’entends : toute l’école. »

Des murmures et des discussions fusent. Beaucoup se regardent, ne sachant que penser, alors je rajoute la phrase magique :

« Alcool à volonté. »

YEEEEEAAAAHHHH !

Il n’en fallait pas plus pour voir nombre d’élèves sortir leur GSM, aller sur le groupe Facebook de l’événement et liker. Même des gens des classes d’à côté, attirés par le bruit, s’y mettent aussi. Ah les pauvres, un rien les excite.

À la récréation, je décide de commencer les tractations. Beaucoup sont déjà sortis mais certains restent en classe sur le temps de midi. Je retire de mon sac mes petits flyers et m’approche d’Edward. Sa place se situe juste derrière Fred et Aline qui sont aussi présents.

« Salut !

— Mmm ? Qu’est-ce que tu veux ?

— Tu viendras vendredi à ma soirée ?

— Là, comme cela, je ne sais pas.

— T’as quelque chose d’autre à faire ?

— Non, juste que… je ne sais pas te répondre ici.

— OK. Tiens, je te donne quand même un flyer. Il y a l’adresse de ma maison dessus. Et tu peux venir avec ton mec si tu veux. Y a pas de problème évidemment.

— Oui, enfin… OK. »

Malheureusement, la trêve de 11 heures ne m’a pas laissé le temps de prospecter comme je voulais, mais la pause de midi est plus longue. Grand bien m’en fasse.

Le muret a toujours été plein d’élèves qui s’y asseyent pour se reposer. Moi j’aime moins, car cela froisse les vêtements, mais je ne juge pas. De temps en temps ce sont des groupes, de temps en temps ce sont des couples, et puis il y a Sean et Haha. Sean mange un sandwich, tandis que Haha a sa boite de tartines. Leurs regards se perdent dans le vide. Si je n’étais pas assise à côté d’elle en classe, moi-même je ne pourrais dire qu’ils sont ensemble. Je les rejoins toute joyeuse en distribuant mes petits papiers à toute personne qui les réclame.

« Salut les amoureux ! »

Haha seule me regarde.

« Vous viendrez vendredi ? 

— Mmm, pourquoi ? demande Haha.

— Ben, pour faire la fête, il y aura tout le monde. Et puis… je pensais à toi pour faire les photos. Cela ne te dérangerait pas ?

— Moi ? C’est gentil, mais…

— Allez S.T.P. ! T’es la seule qui s’y connait en photos, et j’ai pas la possibilité de faire venir le photographe de la famille.

— Le photographe de la fam… ah oui, carrément !

— Je peux te payer si tu veux comme cela ! ».

À ces mots, je sens que Sean s’intéresse à la conversation.

« Pas la peine. Garde ton fric, même si t’en as de trop. J’essaierai de venir avec mon appareil, promis.

— Génial. Merci. Oh ! Et toi aussi, Sean ? »

Il acquiesce moyennement de la tête avant de se lever et de s’éloigner comme si de rien n’était.

Silence.

« C’est moi ou il est bizarre, Sean, depuis ce matin ? Il n’a pas beaucoup parlé, est arrivé en retard…

— C’est depuis quelques jours qu’il est bizarre. Je pense que c’est le travail de maths. Il l’a bien raté.

— Qu’est-ce que cela change, il a toujours tout raté.

— Alors non ! Il n’a pas toujours tout raté.

— Ça expliquerait pourquoi il s’est même battu avec Fred.

— Pense pas que ce soit ça.

— Si si, on m’a dit qu’ils se sont battus.

— Lalye, ils se sont battus ce matin et… t’étais là, je te signale.

— Me souviens pas mais, pas grave, tant qu’il vient à ma soirée… Tiens, je te donne un flyer.

— Pas la peine, je sais où tu habites. »

Ils sont cool tous les deux, même si je trouve qu’ils forment un duo bizarre. Oh oh oh ! Faut que Max et Mathilde viennent aussi. C’est le couple tendance de l’école et s’ils acceptent, je suis sûre que cela sera un succès.

16 heures, un chauffeur vient me chercher en bas de l’école. C’est la même Tesla rouge tout confort que ce matin, probablement sur demande de ma mère.

Depuis quelque temps, maman s’est trouvé un sentiment écologique. Elle veut même installer une borne de recharge dans le garage. Bon ! Après, y a aussi le nouveau modèle apparu dans le catalogue de Porsche (mère est fan de cette marque) qui est 100 % électrique. Papa va encore casquer !

À l’arrière de la voiture, tandis que mon chauffeur me ramène chez moi, je sors mon GSM pour checker l’invitation sur le groupe Facebook. Beaucoup ont répondu qu’ils seraient présents et les likes pour mon post n’ont jamais grimpé en si peu de temps. Peut-être même que je suis le post le plus liké du groupe… faut que je regarde.

Je descends le fil d’actualité et cherche un post de Max. C’était il y a deux ou trois mois quand son équipe sportive a gagné une coupe inter-écoles. La photo les montrait tous en maillot de bain soulevant le trophée. Ce simple post avait fait pleuvoir les likes.

Après quelques swaps, je retombe dessus, mais je suis peinée de voir qu’il me serait impossible d’arriver à sa hauteur, à croire que toutes les élèves du campus ont apprécié cette photo. Tant pis, je me consolerai de la seconde place.

Je retourne sur mon post pour admirer ma célébrité croissante. Mathilde a même reposté. Oh mais, c’est quoi cela ? Non… Aline a liké aussi ??? Mmmmhhh, faudra que je lui parle avant la soirée.

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