Mathilde-2 (Version 0.6)

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« Bien ! Vous pouvez ranger vos affaires, je vais vous remettre votre travail de maths », annonce monsieur Gilltot en fin de journée.

Faites que j’ai réussi, faites que j’ai réussi, faites que j’ai réussi…

En voyant le prof s’approcher de ma table avec son paquet de feuilles, j’ai comme un mauvais pressentiment. Comme si je savais d’avance que le résultat ne serait pas à la hauteur de mes espérances. Pourtant, c’est un des rares devoirs que je n’ai pas demandé à une de mes conquêtes de rédiger à ma place ; les gens doués en mathématiques ne sont pas mon genre.

« Mademoiselle Mathilde, dit-il bien haut. Voici. »

Je prends ma copie et lis en bas de la page la note globale : 6 sur 20. Eh merde.

Sur la première feuille figurent mon nom, mon prénom, ainsi que des remarques générales sur chaque partie du travail avec au bas, un cadre réservé aux notes : une pour le traitement du thème mathématique, une pour l’écriture et évidemment la note globale.

Je n’ose tourner les pages pour voir plus loin. Au lieu de cela, je regarde du coin de l’œil les résultats de Max, et ses points sont tout aussi mauvais. En un sens, cela me rassure de ne pas être seule.

« Pfff, à quoi ça sert ? De toute façon, les poids sont marqués sur les haltères. Faut juste savoir compter jusqu’à 200.

— Mais, idiot, c’est le travail de l’année. Faudra le repasser en août, ce truc. Et nos vacances, tu y penses ?

— Quoi ? Mais je ne peux pas, y a la compéti… »

« Ouiiiiiii ».

Je tourne la tête et observe le visage enjoué d’Aline. Comment a-t-elle réussi ? Elle qui a toujours été nulle en tout sauf à nous emmerder avec sa planète et l’environnement. Et même le Freak, assis à côté d’elle, a brillé. La vie est trop injuste.

Une fois toutes les copies remises, monsieur Gilltot nous libère avec quelques minutes de retard. Si certains se dépêchent afin de ne pas rater leur moyen de locomotion, moi c’est sûr, j’ai manqué mon bus. Tant pis, je prendrai le suivant. Tout de même, il fait chier, ce prof. J’attends d’être un peu seule pour regarder ma copie complètement et malheureusement, tout est rouge, j’ai même oublié de rendre des parties. En même temps, c’était pas spécifié, je suis désolée, mais les consignes n’étaient pas claires pour moi.

Pourquoi j’ai toujours été nulle en maths alors que mes parents sont tous les deux ingénieurs de formation ? Les équations devraient couler dans mes veines. Si je leur annonce une note pareille, ils vont m’enfermer durant les deux mois de vacances jusqu’à ce que je connaisse les intégrales sur le bout des doigts. Surtout ma mère, elle m’a répété que si je ne ramenais pas une bonne note, elle me priverait de plage, ce qui est injuste, j’ai réussi tout le reste jusqu’à maintenant. C’est pas ma faute si je ne deviens pas ingénieur comme eux.

Quand j’y pense, j’aurais dû demander à Lalye et son étudiant particulier plutôt qu’à Max. En plus, elle m’a montré une photo, il est super mignon. Non mais de toute façon, le problème est autre part, je veux avoir mon mois de congé.

Sur le pavillon de l’école qui se situe derrière la cour, Max m’a rejointe pour me parler mais je ne l’écoute pas. J’ai une sale manie quand je suis inquiète : me ronger les ongles et là, j’en suis à mon quatrième doigt. Nos GSM sonnent en même temps ; c’est une notification.

« Des points ont été encodés par monsieur Gilltot dans l’application MyCursus »

« Putain ! Ils pourraient nous rendre cela le matin plutôt qu’en fin de journée, cela va gâcher ma soirée », dis-je à Max qui n’a pas l’air de comprendre. Je l’embrasse sans trop savoir ce qu’il me voulait et je me dirige vers l’arrière du collège pour attraper mon bus.

À court d’idées et rêvassant, je regarde autour de moi. Lalye passe dans sa bagnole conduite par un chauffeur privé (bizarre, ce n’est pas Charles), Aline est sur son vélo avec son casque hideux sur la tête et plus bas, le Freak attend quelqu’un. L’espace d’un instant, je me dis que je pourrais toujours toucher Fred pour qu’il fasse le travail à ma place mais…. Arf, pas le Freak ! En plus, il me demandera plus, sans compter qu’il a une dent contre moi depuis que j’ai ordonné à Seb de lui donner une leçon.

Le bâtiment administratif sur ma gauche s’intersecte avec mes pensées. À ce qu’on m’a dit, c’est un ancien pavillon ecclésiastique qui a été rafraichi plusieurs fois. Il possède une grande vitre qui communique sur les escaliers avec au-dessus une immense horloge qui rappelle à tout le monde que l’école est sans fin. Si d’habitude c’est une fourmilière, ici, il n’y a quasi personne. Seul un prof de maths de 24 ans que je connais bien a l’air de rejoindre un cocon pour y travailler.

Silence.

Je réfléchis un instant. Un prof, ça ferait bizarre, non ? Mais ce n’est pas un vieux, il a à peine quelques années de plus que moi. Puis, c’est pour mes vacances d’été, alors, allons au moins voir !

Je rentre dans le bâtiment, en vérifiant mon odeur corporelle qui n’est pas terrible. Mais plus que cela, mes habits ne sont guère folichons. Mon short est sexy mais je suis en pull avec une chemise en dessous et ça, ça n’ira pas. Je l’enlève et déboutonne le haut pour mettre en avant mon soutien-gorge rouge, et j’y recale mes seins juste avant d’arriver devant l’unique bureau dont la porte est ouverte.

Grande respiration et…

« Monsieur Gilltot ?

— Mouiii. »

Il est de dos et contemple le paysage par la fenêtre. Je claque la porte derrière moi pour le faire se retourner. Je vois qu’il ne sait quoi répondre ; surpris, il fixe juste ma poitrine, et c’est le plus important.

« Je viens vous voir pour ma copie de maths. J’aimerais comprendre comment je suis arrivée à un 6 », dis-je la lèvre à moitié mordue (#çamarchetoujours). Un instant, il me vient à l’esprit une terrible pensée : il serait gay ? Nooooon, j’ai entendu… enfin je crois… merde, je n’ai pas songé à me renseigner. Tant pis, maintenant, c’est trop tard.

C’est marrant comme l’image qu’on a des gens change en fonction du contexte. Il y a dix minutes, je voyais monsieur Gilltot comme un prof, ou bien comme un vieux, un ami de mon père ou même un has-been alors que là, je le trouve tout à fait charmant dans sa chemise blanche et son jeans large. Par contre, il devrait faire plus de sport.

« Taaaaa copie ? Elle est ic… »

Il s’assied sur sa chaise et tend sa main vers son ordinateur. Je m’approche de lui rapidement et le fais tourner pour qu’il soit en face de moi. Il est encore plus surpris… ou idiot. Délicatement, j’écarte les jambes et m’assieds sur les siennes.

« Non monsieur. Je suis ici pour… disons… un arrangement qui vous plaira », dis-je en lui mettant mon doigt dans sa bouche.

Il ne dit rien ni ne me repousse. Bingo, je le tiens.

Je continue à descendre ma main, il garde la bouche ouverte. Je le débraille un peu et lui écarte les jambes avec force pour que je puisse m’y présenter à genoux. Il ne bronche toujours pas, juste sa respiration qui s’accélère.

Il ne porte pas de caleçon, simplement un slip blanc à l’ancienne. Longtemps que je n’avais pas vu cela mais qu’importe, ce qui m’intéresse se trouve en dessous et il ne faut que quelques secondes à le voir apprécier mes talents cachés, j’ai toujours été plus manuelle que cérébrale de toute façon.

Le temps passe, bien dix minutes, et une fois qu’il est bien dur, je remonte et me déshabille à mon tour. Il ne dit rien et je n’ai pas envie de l’interrompre dans son silence. Tant pis pour la capote, je prendrai une pilule du lendemain, si cela me sauve mes vacances…

Clac.

Un bruit au loin, comme une poignée qui s’abaisse. Je m’inquiète un peu mais de toute façon, j’ai bien clos la nôtre, on ne sera pas dérangés. Monsieur Gilltot, lui, est toujours dans mes seins et ne bronche pas jusqu’à la jouissance.

C’est fini.

Il souffle et moi aussi, mais je ne veux pas rester à papoter et fumer la clope de l’après. Je me rhabille le plus vite possible, laissant le professeur affalé dans son fauteuil. Il a du mal à s’en remettre. Me dis pas que c’est ta meilleure expérience !

Après quelques instants, je déverrouille la serrure et ouvre la porte.

« Alors, on est d’accord qu’il y a eu un problème lors de la correction ?

— Quoi ? Euh… oui », me dit-il d’un air vide.

Parfait.

Après ce genre d’expérience, la pire des choses qui pourraient arriver est d’attendre sur le même trottoir à quelques mètres l’un de l’autre. Ça m’est arrivé avec un amant un jour, j’étais mal à l’aise. Alors avec un prof… Ce qui est fait est fait, il n’y a plus rien qui pourrait changer quoi que ce soit ! Vaut mieux s’en aller sans regarder autour de moi.

Le lendemain, nous n’avons pas cours de maths, monsieur Gilltot s’est porté malade. Ce qui est embêtant, c’est que ma note dans l’application de l’école est toujours négative ; j’en suis à zyeuter mes points toutes les minutes, espérant que ce 6 se métamorphose en… plus de 10 en tout cas. Mais rien ne vient, clairement, il était plus rapide hier.

J’ai tout de même réussi à convaincre mes parents qu’il y avait eu un problème avec ma copie et que ce qu’il y a dans l’application n’est pas mon travail. Heureusement, ils m’ont crue, mais faudrait pas que cela traine car je n’ai pas envie qu’ils appellent l’école pour vérifier.

Midi, toujours rien. Max et moi sommes installés sur l’un des terrains de foot. Je mange un sandwich jambon-beurre, lui des barres protéinées. On ne dit rien car tout ce qui m’intéresse se trouve dans ce bâtiment administratif. Malheureusement, à la fin de la récré, toujours rien.

Au terme de la journée, l’application scolaire me montre toujours en échec. J’aurais accompli tout cela pour pas grand-chose ? Je souhaite que non.

Jeudi, je décide d’aller l’affronter et lui demander de se grouiller, mais impossible de le trouver. Et c’est pareil pour le restant de la semaine. En fait la secrétaire, madame SS, m’apprend que comme c’est un jeune prof, il donne cours sur plusieurs campus et ici, c’est uniquement le mardi et mercredi. J’ai vraiment pas de bol.

J’ai passé tout le weekend fixée sur mon GSM et mes points n’ont pas bougé. J’avais la boule au ventre chaque fois que je croisais mes parents dans la maison. Heureusement, j’ai dormi samedi chez Max, ce qui me reposa moralement. Mais je suis sûre que ma mère va téléphoner à l’école, il faut que j’agisse. Mardi, il n’aura pas le choix, à moins qu’il trouve encore une excuse pour ne pas donner cours. Non, des maladies longue durée, cela doit être justifié, il sera là, je le pressens ; mais comment sera-t-il ? Gêné ou bien me regardera-t-il dans les yeux sans broncher ? Aura-t-il honte ? Après tout, il a couché avec une élève (pour être exact, c’est moi qui ai couché avec lui, mais qu’importe).

Lundi est un congé pédagogique. La bonne nouvelle est que je suis seule à la maison car mes parents travaillent tard, la mauvaise est que je n’ai pu quitter mon GSM des yeux. Moi qui d’habitude aime aller faire du shopping et m’amuser un peu, ici, impossible de sortir de ma chambre.

Un instant, je me suis dit que cela irait plus vite d’aller jusque chez lui, j’ai même cherché sur internet où monsieur Gilltot habite, mais le sniffing est plus compliqué que je ne le pensais. Quand je disais que ce travail me gâcherait mes vacances, cela commence déjà. À force d’avoir la boule au ventre, je n’arrive pas à m’endormir avant une ou deux heures du mat. Je vais être fraiche demain.

Mardi matin, avant que les cours ne commencent, je ne suis mentalement pas présente. Bien que nous parlions Max et moi de notre futur weekend (le dernier où on a la possibilité de faire la fête), je suis en recherche constante de monsieur Gilltot. J’ai eu l’espoir de le voir arriver, mais il s’agissait simplement de Sean avec son PC.

Haha regarde son GSM tout en écoutant sa musique, tandis que Lalye tire sur la comète. À chaque fois que nous émettons une idée de soirée pour vendredi, elle récuse ardemment.

Sur le temps de midi, j’espionne comme je peux le bâtiment administratif. Je pense l’avoir vu mais n’en suis pas sûre. L’école a recruté tellement de jeunes enseignants qu’il m’est impossible de différencier leurs ombres.

Quand 3 heures sonnent et que notre prof de géo s’arrête, j’observe la porte de la classe. Les mardis, monsieur Gilltot attend toujours dans le couloir car il n’a pas cours avant ; mais ici, rien. Ma déception est totale, j’aurais cru qu’il aurait plus de couilles que cela. Qu’est-ce qu’il y a de grave ? Change mes points, c’est tout ce que je te demande ! Fais-le, sauve mes vacances et on est quittes. Bref, sois un mec et assume pour une fois. Faut quoi ? Que je te le redise ou que je te resuce ?

Je me vois déjà rentrer chez moi plus tôt quand le prof de maths apparait avec quinze minutes de retard, il traverse la classe comme une flèche et directement se met à remplir le tableau noir d’équations. On est tous surpris, moi la première. Quelque chose me dit qu’il a essayé d’être absent mais que cela a été refusé.

Si au début nous notions tout, très vite on s’est rendu compte que c’est inutile et concernant mon problème, ce n’est pas les rares fois où j’essaie d’alpaguer son regard qui vont le résoudre.

Après, comment discuter avec un prof avec lequel vous avez eu une aventure sans que tout le monde le sache ? Une idée me vient, je dépose mon GSM ouvert sur la table à l’onglet de mes résultats en espérant que monsieur Gilltot comprenne, mais malgré cela, il ne bronche pas. Pfff, pas possible, cela !!!

Un quart d’heure avant la fin de l’heure réglementaire, la main posée sur la poignée de la porte, monsieur Gilltot nous surprend tous en déclarant que le cours est fini. Un peu décontenancée, je m’élance maladroitement derrière lui, mais Sean et Ed sont plus rapides que moi.

Et si le couloir est vide, il ne va pas l’être très longtemps. Déjà mes camarades sortent derechef mais les autres classes ne vont pas tarder non plus. Pourtant, je suis obligée d’attendre que Edward, Sean et monsieur Gilltot terminent de parler… Pas tout compris, il faut installer un logiciel chez Sean mais c’est impossible, blablabla… ce soir chez Ed… blablabla… pas compliqué… Je m’en fous, barrez-vous.

La cloche sonne. Eh merde !

Les portes s’ouvrent et le couloir se remplit d’élèves tout contents de pouvoir rentrer chez eux. Quand Ed et Sean ont fini et retournent en classe, monsieur Gilltot, qui voyait bien que j’avais patienté, se retourne et réaccélère. Je veux l’arrêter mais je suis rapidement freinée dans mon élan. Trop de monde, et des gens comme Freak me regardent de haut en bas, m’obligeant à attendre demain.

Mercredi matin. Mes points sont toujours mauvais et ma mère me tanne dans la voiture pour savoir quand le problème sera résolu. J’évite la conversation comme je peux, mais je ne pourrai plus tenir très longtemps. J’ai cours avec monsieur Gilltot aujourd’hui et s’il le faut, j’irai le voir dans son bureau avant midi. Dans tous les cas, mes points changeront avant la fin de la journée.

En fait, mercredi est vraiment une journée bizarre. La première « bizarrerie » vient de Lalye. Elle est tout enjouée, alors que la classe n’est même pas ouverte. Je lui ai demandé ce qu’elle a et elle m’a répondu : « non… rien, rien. Tu verras. » Mmm, OK. Je cherche pas à comprendre, surtout que j’ai autre chose à penser.

Au cours de maths, monsieur Gilltot arrive avec encore plus de retard qu’hier et n’ose pas me regarder, même quand il passe entre les bancs pour distribuer des feuilles de révision. Le silence règne jusqu’à ce que le maitre nous annonce qu’il s’agit d’exercices très importants pour l’examen et qu’on a une heure pour y répondre. Sa dernière phrase : « Et je veux le silence total. »

Tout ça en une heure ? Même en une année, j’y arriverais pas.

Il s’assied à sa table, en nous regardant à peine. Autour de moi, la majorité des élèves commencent à gratter ; ils sont au courant que l’examen ne vaut pour presque rien ?

Monsieur Gilltot lève la tête, nos regards se croisent et immédiatement, il replonge dans sa paperasse. Pfff, embêtant, cela.

Je sors mon GSM avec l’application allumée au bon endroit, et la lui montre à la première occasion; mais rien n’y fait, il ne veut pas. Me vient alors une idée.

« Monsieur, j’ai une question. Vous pouvez venir ? » demandai-je. 

Il relève la tête et me regarde, apeuré.

« Non ! »

Silence dans la classe. Tout le monde est surpris par la violence de ce refus, monsieur Gilltot en premier. Se rendant compte qu’il a attiré l’attention, il se lève et s’approche, mais laisse une distance de sécurité raisonnable par rapport à mon bureau.

Je lui montre la première feuille des exercices, mais surtout mes points dans l’application GSM.

« Vous ne pensez pas qu’il y a une erreur ? » dis-je le doigt sur le 6.

Il ne répond pas. Je rapproche le GSM du bord de la table pour grappiller quelques centimètres.

« Euh… non, c’est juste.

— Vous êtes sûr ? Regardez ici. 

— Oui, Ou… »

Mais nous sommes interrompus par l’arrivée de Sean. Il est blanc comme un linge, livide et silencieux. Je ne sais pas ce qu’il a fumé hier soir, mais cela devait être costaud car sa morbidité jette un froid dans la classe, que même le comportement de monsieur Gilltot n’avait pas réussi à atteindre. Ce dernier s’empresse d’aller lire le mot d’excuses afin de s’éloigner de moi.

Je veux le rappeler, mais la cloche sonne.

DRIIIIIIIII…

La fin du cours. Monsieur Gilltot, qui avait déjà préparé son coup en refermant sa mallette en avance, l’attrape et s’en va sans même nous dire au revoir.

Pas d’accord. J’en peux plus, je sors aussi en toute hâte.

« Monsieur Gilltot… » lui lancé-je dans le couloir.

Il ne se retourne même pas. Je cours et l’arrête net en attrapant son bras.

« Monsieur ! »

« Oui, qu’y a-t-il ? » Je regarde un peu autour de moi pour être sûre que les autres élèves ne nous écoutent pas et à voix basse, lui dis :

« J’aimerais vous voir concernant mon travail de maths. Quand pourrais-je passer dans votre bureau ? » lui demandai-je en dégrafant un de mes boutons.

Il glousse.

« Ow, euh, non. Ce n’est pas nécessaire. »

Quoi ? Pas nécessaire ! Tu te fous de moi ?

« Oui mais… » et à voix basse, j’ ajoute :

« On avait un accord, vous voulez que j’aille le dire à tout le monde ? 

— Je vais le faire, mais ta copie était tellement mauvaise que j’ai dû en réécrire une hier. (Quoi ? Comment cela, tellement mauvaise ?). Il n’y a pas que les points, il fallait aussi un travail correct. J’ai tout rendu ce matin à la secrétaire, elle fera probablement le changement aujourd’hui ou demain. Et non, je ne veux plus qu’on se voie en dehors des rares cours qui nous restent jusqu’à la fin de l’année. Ce qu’on a fait, c’est… »

Mal ? Non, c’était cool, pensé-je.

Et il s’en va. Je reste un moment au milieu du couloir, me disant que ses raisons, quelles qu’elles soient, me conviennent très bien. De toute façon, il n’est pas assez musclé à mon goût.

Je cherche mon GSM mais il me revient à l’esprit que je ne l’ai pas pris avec quand je suis sortie, et il doit donc trainer sur ma table de bureau.

Dans mon dos me parvient un bruit étrange provenant de la classe, des cris et des fracas comme si une bagarre éclatait. Ce qui est le cas. Sean et Freak se tapent dessus mais pire que cela, mon GSM est en passe de tomber par terre.

« MAX ! Mais fais quelque chose !

— Quoi ? Hein, d’accord. »

Mon mec se lève et… sépare Sean et Freak. Mais quel con ! C’est mon GSM qu’il faut sauver. Qu’est-ce que j’en ai à foutre que Freak se fasse de nouveau démonter ? Comme dans un film au ralenti, j’assiste, impuissante, à la chute progressive et inéluctable de mon objet préféré.

Le bruit du choc est couvert par un cri, celui de Lalye qui se tient devant le tableau.

« ECOUTEZ-MOI ! »

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