Chapitre 4 -Sadralbe
Si j’avais été le roi… Je l’aurais tué ce monstre. Cette souillure… Mais il voulait la garder et puis j’avouais que cela m’arrangeait de travailler avec lui. D’un simple point de vue pécuniaire et En attendant la prochaine période du monstre, j’avais profité pour former une poignée de garde pour la surveiller quand je n’étais pas disponible. Profitant de sa capacité à régénérer très vite, j’avais pris soin de passer commande de jouet pour la calmer. J’avais fait construire une grande cage en argent aux barreaux hérissés de pointes ou tranchante comme des lames, mais aussi plusieurs longues aiguilles toujours en argents, poignard, poire d’angoisses, gants avec renforts paré d’argent. J’avais également commencé à glisser des drogues dans ses repas pour plonger son esprit dans une léthargie profonde, mais d’autres potions et herbes que j’avais préparé pour lui faire ingurgiter entre deux sessions de dressage pour éviter qu’elle ne marque trop. Je n’aimais pas les rayures sur mes possessins. Et depuis le mois entier que j’étais là… J’avais eu beau la frapper, la couper, brûler, torturer, elle n’avait pas crié de douleur une seule fois la garce. Elle m’amusait profondément. Je n’avais presque pas entendu le son de sa voix, sauf lorsqu’elle chantait… Mais ça… Elle avait beau joliment chanter, elle n’avait pas à le faire dans sa langue de barbare.
Je savais reconnaître les signes précurseurs d’un cycle : impatience, vivacité accrue, observation du ciel, recherche de solitude… Oh… Ma jolie petite Midelia… Croyais-tu vraiment que je ne l’aurais pas vu… Tu avais une maîtrise de toi-même incroyable. Non, il fallait le reconnaître petit monstre. Mais on ne trompait pas un chasseur. Tu avais les yeux très clairs qui tranchait avec ta peau mâte et en ce moment, ils virent de plus en plus au violet, voir au rouge, qu’à rester simplement en bleu. Oh non petite Midelia, ma petite monstre… En un mois, j’ai compris qui tu étais, j’en ai tué des centaines, j’ai purgé nos terres de tes semblables. Qu’importe que tu venais du Nord, vous êtes tous les mêmes, mais j’ai hâte de te voir lors de tes cycles… Crois-moi que te torturer pour la gloire de mes dieux et de mes yeux sera pur délice.
Je ne voulus pas perdre de temps ce matin, si j’attendais trop je ne pourrais pas la contenir de manière optimisée.
D’un coup de genou je te fis expirer tout ton air, avant de te bloquer la mâchoire. Tu étais si fine, si fragile à cet instant, est-ce que tu garderais cela lors de ton cycle petite Midelia ? Je maintiens ta tête en arrière avant de t’enfoncer dans la gorge une potion de ma fabrication. Oh… tu essayais de te débattre, de griffer, mais je n’étais pas fou, vêtue de mon cuir, tes petites griffes touchèrent à peine le cuir avant que mon paralysant ne fasse effet. Consciente, mais aucun de tes muscles ne pourrait bouger avant un petit bout de temps. Pas assez longtemps à mon goût. J’aurais pu te trancher la gorge, mais le roi veut son chien. Je lui attachais les mains serrant au maximum la corde avant de la jeter sur mon épaule et de descendre au sous-sol et la déposer dans la cage. Le métal brillait sous la lumière des torches, ses yeux me suivaient alors que je la détachais avant de refermer soigneusement la grille à double-tour. Je caressais les barreaux de la cage en la regardant :
« Tu le sens, n’est-ce pas ? Petite raclure. Tu le sens… l’argent. Tu sais ce qu’il va se passer si tu les touches. Tout ici est fait pour te faire du mal. Tu n’aimes pas ça, souffrir, pas vrai ? Personne n’aime ça. Moi j’aime l’infliger la souffrance. Après si tu aimes la souffrance… on est fait pour s’entendre, non ? »
Un grondement, que je pris pour un ricanement, sortit de ses lèvres. Elle commençait déjà à bouger… Je fronçai les sourcils, même pour une abomination de son espèce… elle guérissait très vite. Trop ? Je regardai las vitres qui déversaient un peu de la lumière du jour dans la pièce.
« La journée va être longue. Surtout pour toi. »
Pas de réponse. Logique, elle ne parlait pratiquement jamais, putain de monstre. Je serrais les dents et dire que j’allais devoir massacrer un cerf royal pour cette chose. Et au vu de son appétit et sa manière de manger je ne pourrais pas la droguer. Elle le sentait dans ses plats, mais elle mangeait et pourtant… les drogues ne semblaient pas faire effet sur elle. J’allais devoir travailler d’autres mélanges, plus puissant, mais pas aujourd’hui. Je voulais voir sa vraie puissance…
Elle rodait de l’autre côté des barreaux sans me lâcher des yeux. Elle avait réussi à briser la corde qui liait ses mains. Sa force avait déjà augmenté ? C’était quoi ça… Elle se lécha les lèvres avec un ricanement, elle savait pourquoi elle était là et cette petite garce avait hâte. Je demandai à trois gardes de venir la surveiller le temps que je tue un cerf. J’aurais aimé voir sa tête si je tuais un serf devant elle pour lui offrir, mais il ne fallait pas lui donner le goût du sang humain, elle était assez dangereuse comme ça. Je ne savais pas encore combien de livres de viande elle allait engloutir pendant son cycle, mais je préférais ramener un cerf entier, voyant large avec son appétit et la quantité de viande qu’elle pouvait engloutir. Le roi m’en avait donné l’autorisation, il fallait nourrir cette chose… Je laissai les gardes partir alors que j’égorgeai l’animal, déjà mort je l’avais tué d’une flèche. Le flot carmin s’écoula de la gorge tranchée de la bête sur le sol en dalle de pierre, éclaboussant légèrement mes bottes, l’odeur métallique s’éleva dans les airs, elle me fixa, mais ne bougea pas d’un cil, assise au milieu de sa cage, elle attendait. La venue de son cycle ? Je regardais par la fenêtre, elle avait largement le temps, ou la viande ? Je choisirais quand elle serait nourrie. J’étais le maître et elle l’animal. Par les dieux… D’un geste, j’entourais les morceaux de viandes que je venais de découper d’une épaisse coquille de glace. Au moins ils resteront frais. J’attrapais un carnet et m’assis en face d’elle soutenant son regard :
« Alors… Si on parlait un peu tous les deux ? Après tout, ça fait pas si longtemps qu’on se connaît. Et j’dois dire… Que j’suis un peu déçu, c’est vrai quoi, j’ai beau essayer de te faire couiner, rien qu’un peu. T’es du genre costaud toi, hein ? Pas du genre à montrer ta douleur, même pas un petit gémissement, c’est presque une insulte à mon art… Juste quelques larmes. Ne va pas me dire que tu ne sens pas la douleur. »
Elle soutient mon regard et un rictus dévoila ses crocs sans qu’aucun son ne sorte de sa gueule. Tant pis, j’allais continuer à monologuer.
« Tu comprends bien, petite salope, que je suis frustré. Plus je suis frustré, plus je vais être méchant. Sinon, je vais finir par croire que tu aimes souffrir. Est-ce que c’est ça ? Tu trouves ton plaisir dans la souffrance ? Les bêtes et les monstres dans ton genre sont tous dégénérés, alors ça ne m’étonnerait même pas. »
Elle ne me regardait plus. Elle avait fermé les yeux, assise paisiblement au milieu de sa cage et semblait à peine respirer… Petite garce… Tu mériterais que je t’arrache les yeux avec des aiguilles d’argent chauffées à blancs pour t’apprendre le respect. Je crachai par terre de frustration, mais rien du tout, elle ne frémit pas, attendant simplement que le temps passe. Je relus mon carnet où j’avais consigné chaque torture, chaque jour qui était passé. J’étais très… pointilleux ? Non ce n’était pas le bon mot. Organisé et méticuleux. C’était ça. J’attrapais ma pipe, la calai entre mes dents et entrepris de la bourrer d’herbes. De l’autre main je jouais avec la dent que je lui avais arrachée. Je maîtrisais une forme particulière de fluide que j’avais apprise de ma mère, offert à certains élus. Je pouvais par cette petite dent ou quoi que ce soit de physique, voir par les yeux de la créature dont je possédais un morceau physique. Quoi de plus simple quand on devait surveiller ce genre de monstre ? J’allumai ma pipe, le goût du bois sur ma langue était agréable, mais le goût de la fumée était encore meilleur. J’expirais un large nuage de fumé grisâtre, c’était délicieux, m’appuyais contre le mur en la regardant avec concentration, elle n’avait pas bougé. Tant mieux. Je fermai à moitié les yeux pour savourer ce petit moment de tranquillité, même si l’autre était encore là.
Je m’occupai jusqu’à ce que la lumière du soleil disparaisse doucement, je me tournai vers le monstre qui avait rouvert les yeux. Deux iris sanglants me fixaient dans le plus grand des calmes. Elle se déplia lentement et tourna la tête vers la fenêtre, oh… tu te révélais petite créature… Des yeux rouges… Son corps se gonfla et se déforma lentement, grossissant, m’offrant après quelques secondes d’attente la véritable nature de cette chose immonde. Petite créature n’était vraiment pas le bon mot pour la décrire… Un loup au pelage noir avec des yeux sanglant, aussi haut qu’un loup adulte… Et cela me confirmait une chose. Quand cette raclure de Midelia aurait fini sa croissance, elle serait une bête magnifique à traquer et à tuer. Noire, puissante, je voyais les muscles rouler sous sa peau et gonfler son cuir épais. Des crocs aussi longs que deux phalanges, des griffes raclant dans un crissement affreux la pierre qui devaient infliger de sacré dégât quand elle les utilisait. Elle se déplaça un peu, prenant place dans son nouveau corps, avant de renverser la tête en arrière et pousser un long hurlement puissant qui résonna entre les murs, les vitres, en hauteur pourtant, teintèrent à la puissance du hurlement. Elle me fixa avec attention et me défia du regard. Venir, s’approcher d’elle ? Eh bien… Petite garce… Je m’attendais à quelque chose comme ça… Mais tu m’impressionnais quand même, soyons honnêtes ! Il fallait être prudent, une goutte de salive et je deviendrais à mon tour un monstre, soumis à elle. Une vraie insulte aux dieux. Je saisis l’un des quartiers de viande, détruisant la glace autour pour lui jeter au travers des barreaux, elle le déchiqueta, le carmin souilla ses poils et le morceau disparu en quelques secondes dans sa gueule. Fort agréable cette petite démonstration de puissance. Il fallait la nourrir un peu quand même, si je voulais quand même m’amuser un peu avec elle plus tard. Je la nourris avec conscience, la regardant dévorer les quartiers de viande avec appétit. Plus de trois livres de viande, elle semblait adorer ça, mais elle finit simplement par ne pas toucher le reste de la viande.
Je saisis mon arc et des flèches de glaces se formèrent entre la corde et le bois. Je bandai mon arme et visai la créature qui esquiva d’un bond souple le trait qui se brisa sur le mur en face. Bien, je reposai la première arme pour en créer une seconde de glace. Une longue pique, je m’avançais vers la cage d’argent, au centre elle ne bougeait pas… Elle le savait, un saut contre les barreaux et elle s’enfoncerait des pointes ou des lames dans le cuir. J’avais plus envie de tester ses capacités. L’animal marcha de long en large dans le maigre espace que je lui avais accordé et je fondis brusquement sur les barreaux, j’eus la satisfaction de déchirer sa chaire et voir son sang souiller le sol. Elle saisit brusquement la hampe glaciale et la brisa d’un coup sec de croc. À quelques millimètres près c’était mes doigts… Elle avait de la force c’était clair. Je me jetai en arrière quand elle se jeta contre les barreaux qui se maculèrent de sang, mais les plaies qu’elle se fit… disparurent rapidement. Rien d’anormal, elle régénérait vite. Était-ce pour cela qu’elle n’avait pas crié depuis le début ? Mmh… Pas sûr de ce petit détail. Je fronçais les sourcils en la regardant, une dominante. Et vraiment énorme. J’adorais ce défi, briser une Dominante et je pourrais rassembler les plus faibles et les exterminer sous ses yeux. Là j’étais sûr d’obtenir les suppliques et les pleurs.
Je finis par reculer à nouveau et m’installer avec mon carnet en notant mes idées. Des petits bruits de pas me firent lever les yeux. Qu’est-ce que… Je me redressai pour observer la petite princesse Liliraele, avec un épais livre sous le bras s’avancer vers la bête en cage qui la regarda. Elle… Je saisis la princesse par l’épaule, la bête se leva aussitôt et gronda, découvrant ses babines encore sanglantes de ce qu’elle avait mangé, je l’ignorais, me concentrant sur la petite fille.
« Princesse Liliraele, vous ne devriez pas être ici. Elle est dangereuse.
- Je viens lui lire une histoire ! Je fais ça depuis deux ans elle ne m’a jamais fait de mal.
- Elle n’attend qu’une occasion pour vous tuer.
- Vous êtes là depuis un mois et vous croyez mieux la connaître que moi ?! »
Ses yeux bruns lançaient des éclairs. Par les dieux… Elle méritait une paire de gifle et l’autre monstre se marrait. Oh… elle comprenait fort bien la situation. Très bien. Elle exerçait son charme sur la princesse, j’allais devoir faire très attention. Je soupirai et pivotai la princesse vers moi.
« Princesse, je ne dis pas ça pour être méchant ou vous embêter. Comprenez que votre sécurité est très importante pour moi et pour votre père. Vous êtes sa première née et il tient beaucoup à vous. Comme le reste de vos frères et sœurs, vous ne devriez pas être ici, je ne la connais pas encore bien, mais je connais bien sa race, elle n’hésitera à vous tuer pour ses propres projets. Je ne fais pas ça pour vous contrarier, mais pour vous protéger. »
Elle soutient mon regard, puis regarda la bête qui était dans la cage. Je ne savais pas leur relation en un mois, je savais qu’elles étaient proches hors cycle, mais même pendant les cycles ? C’était étrange. L’enfant d’une dizaine d’années, finit par accepter de remonter et l’animal l’observa quitter l’endroit avant de renverser la tête et de pousser un long hurlement. Je plantai une lance de glace dans son flanc.
« Ta gueule ! »
Elle me regarda l’air mauvais, le sang dégoulina de son flanc, je vis l’os de ses côtes, mais la chaire se referma en quelques secondes. Sale monstre. Je crachais par terre de dégoût et de rage. Rien ! Elle ne parlait pas, elle ne faisait pas de son si ce n’était les grognements de colère ou moqueur, mais pas un minuscule jappement de douleur. Rah !
Je continuai durant trois jours à la nourrir, empêcher la petite princesse de venir voir ce monstre et tentai d’obtenir un minuscule geignement de douleur. Mais toujours rien ! C’était d’un rageant !
À l’aube du quatrième jour, l’animal se tordit sous les rayons du soleil et son corps commença à rapetisser, les muscles se tordirent, mais pas de bruit de douleur, seulement le craquement de ses os et de son corps. Après quelques secondes à supporter ce son, à la place de l’énorme bête, se tient le corps fragile de la forme humaine du monstre. Dire que sous la forme de cette enfant aux os aussi épais que ceux d’un oiseau se cachait un monstre. Elle se redressa lentement, mais je l’expédiais au royaume des songes d’un coup de pied en plein visage. Couchée chienne.
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