Chapitre 6 - Sadralbe
La petite se tortillait et essayait de mordre, je soupirai et la giflai de toutes mes forces. Toujours aucun son ni geignement. Sale petite garce. Les gardes nous tournaient le dos soigneusement. C’était à moi de la dresser, elle avait cru pouvoir fuir ? Vraiment ?! Elle aurait pu réussir, elle était maligne, il fallait bien le reconnaître. Partir en pleine nuit, éviter les route… Heureusement qu’avec sa dent je pouvais voir où elle était et ce qu’elle faisait. Cela me permettait de voir et de la retrouver.
« Je t’arracherais les entrailles fils de pute ! »
Sa langue de barbare. J’avais fini par connaître les insultes les plus courantes qu’elle me balançait au visage, même si d’habitude c’était d’un ton doucereux et calme. Malgré tout, elle semblait clairement connaître beaucoup trop de langue pour ce petit être et sa jeunesse. C’était la première fois que je la voyais autant en colère et exprimer autant d’émotion. Je soupirais et attrapai au fond de mon sac une poire d’angoisse. Avec un sourire sadique, je la brandis devant elle avant de comprimer sa trachée pour l’obliger à ouvrir la bouche, lui glissai l’instrument en argent, elle se cabra entre mes doigts, mais je lui coinçai entre les dents avant de l’ouvrir pour l’empêcher de parler. Juste de quoi la faire taire sans lui briser la mâchoire. Et bien sûr la brûler par l’argent. Elle continuait de se débattre, je relâchais ma main pour appuyer sur sa poitrine de mon genou. J’avais juste besoin de calme le temps de lui préparer sa punition.
« Tu sais que tu ne dois pas parler cette langue de sauvage, papa ne serait pas content. »
Petite bâtarde… Qu’est-ce que notre noble roi avait pu trouver à la mère de cette chose ? Aucune idée. Ce n’était pas à moi de poser cette question, mon regard dériva sur les tatouages de son épaule et mon index glissa le long des marques noires ourlées de rouge. Elle se tordait pour échapper à mon emprise, on aurait dit un asticot, une larve. Elle se tortillait encore entre mes mains. À croire qu’elle voulait me donner encore plus envie de lui faire du mal… Je saisis une chaîne avec un collier en argent et lui passais autour du cou avant de soigneusement l’attacher à un arbre proche. De quoi la calmer, ou du moins la préparer un peu, je l’observai avec attention avant de regarder ses mains, elle s’était arrachée des ongles sur la paroi en pierre. Bien, puisque c’était sa passion de souffrir… J’allais lui offrir avec beaucoup de plaisir. Je finis de l’immobiliser sans aucune difficulté, passant d’une petite chose ligotée les mains dans le dos, à une petite chose pieds attachés d’un contre l’autre et les bras écarté du corps solidement entravés. Elle gronda et je vis clairement sa peau rougir comme brûlée par une flamme au niveau de toutes les attaches d’argent que je lui avais posé. Pauvre petite chose… Oh elle avait parfaitement compris ce qui allait se passer, son regard se tourna vers le ciel. Une prière. Je lui arrachai sans douceur l’instrument de torture de sa gueule, ses dents rayèrent le métal.
J’attrapai une pince avant de venir immobiliser sa main. Le reste de ses ongles finirent sur le sol, je vis clairement des gouttes de sueurs couler le long de son visage et ses dents plantaient dans ses lèvres, du sang dégoulinait sur son visage, à force de serrer les dents elle allait finir par se couper les lèvres. Sauf que papa avait dit qu’il fallait qu’elle reste jolie. Elle n’avait pas hurlé. Ce n’était pas la première fois après tout qu’on faisait ça. Je continuai en lui enfonçant quelques longues aiguilles dans la chair à vif de ses doigts. Toujours pas de son, mais les larmes de sangs et salées coulaient sur son visage.
Finis de jouer… malheureusement… On ne pouvait pas trop l’abîmer. J’attrapai une muselière en argent avant de lui passer soigneusement, elle respirait profondément pour se contenir. Elle ne se plaignait pas, elle savait comment se contenir. Je finis de la ligoter sans lui apporter, pour l’instant, des soins. Elle se soignait très bien toute seule et un peu plus de douleur lui ferait comprendre qu’elle allait devoir céder et m’obéir. Aucun des gardes ne fit la moindre remarque sur la punition, elle était plus que méritée après tout et j’étais son gardin. Je dévorai notre repas avant de sortir de mon sac un flacon emplis d’une décoction de ma fabrication. De quoi l’envoyer au pays des songes quelques jours. Elle n’avait pas bougé, recroquevillée sur elle-même, elle avait mal, elle souffrait, mais elle refusait de le montrer. Elle avait réussi à prendre du poids, ce n’était pas en étant forte physiquement que je pourrais la briser. Par ses yeux je l’avais vu manger pain, fromage, de la viande, même crue. Midelia était toujours immobile, les yeux fermés, je la poussais du pied, mais elle ne réagit pas. Était-elle déjà vidée de ses forces ? Sans doute. Je m’agenouillai et la fis rouler sur le dos. Elle rouvrit les yeux et me fixa sans peur, je lui ôtais sa muselière, mais le petit monstre ne réagit pas. Déjà matée ? Oh non, je voyais dans ses yeux qu’elle n’avait pas rendu les armes, elle était juste trop fatiguée pour l’instant et la douleur l’embrouillait. Les marques de la muselière apparaissaient sur son visage et ses lèvres comme des brûlures cloquées. D’une pression sur ses mâchoires, je lui fis ouvrir avant de renverser la fiole dans sa gorge et lui fermer la bouche pour l’obliger à avaler. En quelques secondes elle avait avalé de force tout le liquide. Bien. Je lui caressais doucement la tête pour la féliciter, elle gronda, mais son regard se voila rapidement, je regardai les gardes avant de finir d’enchaîner la petite chose et de lui remettre sa muselière.
« On y va. Le roi nous attend depuis trop longtemps. »
Un garde enveloppa la petite louve dans une cape pendant que tout le reste de la troupe se hissèrent sur leur propre monture. J’attrapais le paquet et finit de nouer une corde à ses chaînes et au pommeau de la selle, je gardais le monstre plaqué contre mon torse, j’avais assez de cuir pour qu’elle ne puisse m’attaquer si facilement et me mordre. Il faudrait déjà qu’elle sorte de l’engourdissement des potions. Je jetai un coup d’œil sur ses mains, ses ongles n’avaient pas repoussé. Sûrement et uniquement de la fatigue et au moins l’histoire comme quoi la petite était malade, avec ses grands cernes, passerait très bien. Je fouettai mon cheval qui partit vivement au galop.
Le calme n’avait duré que le temps de revenir au palais et ramener le petit monstre dans sa chambre, ses ongles avaient repoussé et elle avait retrouvé son énergie. Et son silence emplit de défi face à son père eut le don de me hérisser.
« Midelia, regarde-moi quand je te parle. »
Pour toute réponse elle croisa les bras sur sa poitrine et détourna le regard, le monarque ne bougea pas, la toisant avec agacement. Il s’approcha encore, se baissant à son niveau pour essayer de croiser son regard.
« Midelia. Je t’ai donné un ordre.
- Je ne m’appelle pas Midelia. »
Sa voix grave, presque rauque, franchit ses lèvres encore abîmées. Je haussais un sourcil, étonné de sa voix. Normalement, elle chantait d’une voix claire, mais c’était l’une des premières fois que j’entendais sa voix autrement. Le roi soupira longuement et frotta ses mains l’une contre l’autre avant de reprendre la parole :
« Tu t’appelles Midelia, c’est ainsi que je t’ai nommé. C’est le rôle d’un père de nommer sa fille.
- Le seul qui peut prétendre au titre de « Père » est Caenar. Tu n’es pas mon père. »
La claque tomba sans aucune sommation laissant une marque claire et nette sur sa joue, elle ne bougea pas défiant toujours son père du regard et même un petit sourire étira ses lèvres. Le roi inspira profondément et fit les cent pas.
« Midelia, tu sais que c’est parce que tu te rebelles ainsi que je suis obligé de te punir ? Si tu acceptais d’être gentille, d’obéir, tu serais beaucoup mieux, tu ne serais pas punie ainsi. Pourquoi tu es comme ça ?
- Parce que je ne veux pas être ici. Je veux rentrer chez moi. »
Elle n’avait absolument aucun accent… Même pas une pointe. Alors qu’il y a quelques jours, oui… Je ne comprenais plus rien. Le roi passa une main sur le visage et observa à nouveau sa fille. Il s’écarta et s’assit sur une chaise avant de poser ses coudes sur ses genoux avant de reprendre la parole d’un ton calme :
« Midelia, je te l’ai expliqué, tu es ma fille et je ne voulais pas que tu restes loin de moi. »
Elle gronda en montrant les dents, le roi me fit signe de ne rien faire. Elle ne comprenait pas qu’il avait tout fait pour son bien. Elle devrait en être reconnaissante ! Mais non. L’homme soupira longuement et passa une main dans ses cheveux :
« Midelia. Comprends que je ne veux pas ton malheur, je veux que tu sois heureuse, mais tu es ma fille et je ne peux pas te laisser dans la nature. Et je veux également te débarrasser de ta malédiction… »
Je retiens de justesse Midelia qui fit mine de se jeter sur son père, le visage déformé, par une colère sans nom, le roi ne bougea pas, même si elle débattait de toutes ses forces pour s’échapper de ma poigne.
« Pour qui tu te prends de critiquer la bénédiction de la déesse ?! Qui crois-tu être pour oser l’insulter ! »
Elle se débattait dans mes bras, là, il avait touché un point sensible. Son père soupira longuement et secoua la tête.
« Calme-toi Midelia. Ce n’est pas ma culture il faut que tu t’habitues à la nôtre. Ici c’est le père qui a autorité sur les enfants, pas la mère. C’était normal que je vienne te chercher.
- Dans le nord c’est l’inverse, et j’y suis née. Tu regretteras d’avoir détruit ma vie. Fit-elle presque la bave aux lèvres
- Ça suffit Midelia ! Je te traite bien, je n’ai aucune envie de te faire du mal ! Si tu étais plus docile et que tu acceptais ta place tu serais heureuse. »
Le roi s’était redressé à nouveau pour faire face à cette saloperie que je tenais toujours. La bête eut un ricanement et montra ses crocs avant de détourner la tête, relâchant son corps. Son coup de talon sur mes orteils me surprit et je la lâchai avec un juron, mais elle ne sauta pas à la gorge de son père. Non, elle lui tourna purement et simplement le dos avant de grimper sur le rebord de la fenêtre.
Il n’insista pas et me fit signe de le suivre, je fermais soigneusement la porte derrière nous, me promettant de rajouter des chaînes. Mes pas suivirent ceux du monarque qui dans un signe de main m’avait ordonné de le suivre jusqu’à son bureau. Il s’assit derrière le large meuble en bois couvert de document.
« Vers où allait-elle cette fois ? »
Il avait préféré lui parler avant d’avoir mon rapport, ce que je pouvais comprendre. Ou pas, mais soit. C’était le roi, c’était lui qui décidait. Je pris la parole :
« Au sud. J’avoue que je ne m’y attendais pas, mais elle descendait vers le sud en évitant les zones d’habitations.
- Étrange, oui, en effet. D’habitude elle se dirige vers le nord. Elle avait un plan ?
- Elle n’en a pas parlé du tout. »
Le roi soupira longuement en regardant ses papiers et en se mordant la lèvre, laissant filer un silence puis il reprit :
« Je suis vraiment navré de cette situation.
- Vous pensiez vraiment qu’elle aurait accepté sa place ?
- J’ai toujours l’espoir, oui, qu’elle cède qu’enfin elle puisse… »
Il agita une main sans finir sa phrase, je me demandai s’il tenait vraiment à l’amour de sa bâtarde et surtout pourquoi, je ne pus que poser la question :
« Vous le saviez qu’elle serait maudite ?
- Oui, sa mère l’était aussi, mais surtout une guérisseuse de talent. Je l’avais fait surveiller pour savoir si elle aurait ou non un enfant. J’ai quand même espéré qu’elle serait… normale. Si on peut dire.
- Cela ne vous apporte pas une alliance avec le Nord. »
Qu’est-ce qu’il avait foutu ? Pourquoi il avait couché avec… ce truc ?!
« Non, la reine du nord a… trois fils, de mémoire. Et la guérisseuse n’avait rien d’important, son frère était juste l’alpha d’une meute, mais rien d’incroyable. »
Quelque chose cloché. Pas dans sa méthode pour récupérer l’enfant, il en était le père il avait tous les droits sur elle. Mais… c’était autre chose, je fronçais les sourcils :
« Vous l’aimiez ? Sa mère je veux dire.
- Non, c’était une nuit d’amusement si on peut dire cela, il faut dire qu’elle avait un petit sauvage fascinant. Trancha t-il d’un ton glaçant.
- N’a-t-elle jamais réclamé sa fille ? »
Il eut un silence, long, le monarque semblait être très calme, après un moment de silence, il secoua la tête :
« Elle a résisté quand mes gardes sont venues la voir pour que Midelia parte me rejoindre, pourtant je lui avais également proposé de venir. Elle aurait attaqué, ils se sont défendus.
- Elle est au courant ?
- Non. Je n’ai pas jugé important de lui dire. Elle avait six ans, elle a dû l’oublier déjà je pense. »
Il haussa les épaules. Une sauvage et une bête de moins, d’une pierre deux coups, le monarque tourna la page d’un parchemin un fin sourire aux lèvres :
« Elle restait une jolie femme, malgré tout.
- Midelia lui ressemble-t-elle ?
- Physiquement ou mentalement ?
- Les deux. »
Il eut un bref rire et se frotta le menton en réfléchissant quelques instants, il semblait, malgré tout, attaché à cette femme. Ou à cette enfant. Bien que je ne comprenne que peu. C’était une créature violente et retord… j’en oubliais presque le pouvoir fascinatoire que pouvait exercer ces créatures. Il reprit la parole avec calme, un léger sourire aux lèvres :
« Elle a sa carrure, sa mère était aussi gracile. Mais au niveau du visage elle ressemble à Liliraele, mais en beaucoup plus gracile. Et au niveau du caractère c’est sa mère. Fière, têtue, orgueilleuse, incapable de comprendre l’avis d’un autre… mais il faut l’avouer, elle est…
- Intelligente. Fis-je en le coupant. »
Il m’observa avec attention et éclata de rire avant de hocher la tête.
« Oui. Maintenant laissez-moi Sadralbe. Punissez Midelia et assurez-vous qu’elle ne fasse plus de bêtises. »
Je m’inclinais devant le roi avant de sortir de la pièce à pas vifs. Bien… Je rentrais dans mes appartements et sorti de mes affaires un martinet que j’avais fait sur-mesure, cuir et argent. De quoi lui imprimer dans la chair l’obéissance. J’ouvris la porte et en entrant l’odeur du sang me sauta au nez. Qu’est-ce que… ? Elle ne semblait pas blessée, elle me rendit un regard noir avant de détourner le regard pour focaliser son attention sur une sphère de vent qu’elle tenait entre ses mains. Ses fluides étaient liés à la manipulation du vent, ça je le savais, j’avais finis par le comprendre. Je refermai soigneusement la porte derrière moi et donnai un tour de clé.
« Tu croyais t’échapper ? Qu’est-ce que tu as tenté en te lâchant dans le vide ? »
Elle pencha la tête sur le côté en observant sa sphère. Toujours ce putain de silence ! La louve gronda doucement, à mon plus grand étonnement, pour me répondre :
« M’enfuir. Ou mourir. »
On pouvait le dire, elle avait du cran. Elle aurait pu crever en tombant de si haut, mais elle l’avait fait. Mais je n’étais pas là pour ça, pas pour la féliciter ou l’encourager à faire ce genre de connerie. Je finis par lui prendre le bras avec violence avant de l’immobiliser de quelques liens de glace. Je déchirai sa chemise puant avant d’abattre mon fouet sur la peau de son dos.
Encore une fois : elle ne cria pas.
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