Chapitre 28 - Saorsa

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J’enfilai vivement une chemise de lin et par-dessus une tunique courte qui me tomba à peine sous les fesses qui étaient d’ailleurs couvertes d’un pantalon en cuir. Sans chaussures. Aolis ouvrit la porte et j’eus un sourire, je l’avais entendu arriver, surtout qu’il n’essayait pas d’être discret.


« Tu es prête ? On va en ballade, Eoran a hâte de nous battre à la course.

- On verra qui gagne entre lui et moi.

- Tu es si petite et si légère que le cheval doit à peine te sentir. »


Je ris avant de lui lancer une balle de vent qui lui percuta gentiment l’épaule, il sourit avant de me lancer un sachet de tissu que j’attrapais au vol, reniflant une odeur que j’aimais. Je plongeai la main pour saisir un biscuit aux noisettes que je croquais avec plaisir avec un soupir de bonheur avant de le suivre en grignotant un nouveau biscuit. Aalrika discutait aujourd’hui avec Gaïa et Wilkin. Eoran roulait tranquillement dans son fauteuil, accompagné de son épouse, j’avais déjà les bases du vocabulaire des contrées de l’ouest. Mon attention fut captée par le duo et j’écoutais leur conversation : elle était fatiguée et elle resterait au palais avec les prêtresses et les Danseuses. Itham sortit des écuries et me souris en douceur avant de venir m’embrasser le front.


« On te prête un Tölt. Ça te va ? »


Je souris tranquillement, ça m’allait très bien. J’étais pas beaucoup plus grande que ce cheval ! Alors, bon ! J’allais pas me plaindre ! J’étais petite, j’allais éviter de monter un Barbe aux membres. J’aurais du mal à grimper dessus seule. Je tournais la tête vers Liliraele qui s’avança vers moi avec un sourire :


« Tu vas avec eux ?

- Tu viens ?

- Non, je vais rester avec la princesse Akiyama aujourd’hui. Vous partez que tous les quatre ?

- Non, ne vous inquiétez pas princesse Liliraele, nous allons avoirs quelques gardes ! »


Aolis s’était approché, il portait le ruban de sa fiancée autour de son poignet, il lui sourit largement avant de lui faire un petit baise-main avant de désigner d’autres cavaliers des tributs du nord, mais surtout deux gardes royales qui s’avancèrent déjà juché sur leurs chevaux. Je saluais Liliraele d’un hochement de tête avant de me diriger dans l’écurie pour sceller ma propre jument. L’animal était grand pour sa race, et d’un joli blanc gris très doux. Étocle était là et il eut un reniflement en me regardant de haut en bas :


« Tu as eu le droit de sortir ? »


Je ne lui répondis pas et il tourna la tête vers Eoran qui s’avançait dans l’allée et, se jugeant bon prince, il s’approcha de mon ami qui avait un licol sur les genoux.


« De l’aide prince Eoran ? Je ne voudrais pas que vous vous épuisiez à sceller votre cheval.

- Vous monter avec nous ? Répliqua le concerné avec détachement en s’approchant de la porte de la stalle de sa jument.

- J’ai quelques affaires à régler.

- Avec les servantes ? »


Étocle devient livide, Eoran était observateur et les jumeaux tournèrent la tête pour observer la scène avec attention, Aolis commença à porter la main à son poignard, Itham l’arrêta d’un regard. Le cadet siffla doucement sa jument et ouvrit la porte, la jument, docile, se pencha pour qu’il puisse lui passer le licol. Il se chargea de la brosser seul, comme toujours tout comme la sceller sans aucune difficulté, je m’occupais de la mienne également avant de sortir de l’écurie en pleins soleil. Sadralbe était là, je ne lui offris pas un regard et Eoran tira sa jument à l’extérieur également, Aolis se glissa derrière moi :


« T’as besoin d’aide pour grimper dessus ?

- Je suis assez grande Aolis.

- Tu es sûre ? »


Je lui donnais un coup de coude avec un sourire avant de regarder à nouveau Eoran, est-ce qu’il allait demander de l’aide ? Non, la jument se coucha sur son ordre et il se traîna vivement sur son dos avant qu’elle ne se redresse.


« Étocle va exploser. »


Je me tournai vers le sale gosse qui était rouge brique, il n’avait pas pu prouver qu’il était supérieur à un handicapé. Son estime devait être bien basse… Je me hissais sur mon cheval, l’autre chien était déjà sur le sien. Les jumeaux grimpèrent vivement sur les leurs avec un sourire tranquille. Tout le monde était prêt. Une fois les portes franchit Aolis se redressa un peu :


« Qui est pour une course ? »


On échangea un coup d’œil avec Eoran, on en faisait souvent, avant, et entre nous et visiblement c’était reparti pour un tour. Après une petite préparation, on s’élança au galop sur la route avec de grands cris pour encourager les chevaux à aller plus vite. Mon cheval, plus petit que ceux des garçons aurait pu être plus lent, mais il avait visiblement l’esprit de compétition, et surtout j’étais plus légère que les autres, si bien qu’il ne se laissait pas faire et je me collais à son encolure pour le stimuler. C’était ça ! Chevaucher vraiment !


Eoran me battit d’une courte tête et j’eus un rire en tirant les rênes de mon cheval attendant que les autres nous rejoignent alors que je lui donnais une tape sur la jambe :


« Plus lest qu’un oiseau Eoran ! Comme toujours !

- Toujours trop lente petite louve ! Lança Aolis avec un sourire.

- Sous ma forme de louve, je vous bats tous ! »


Il eut à nouveau des rires et j’indiquais par où nous pourrions passer, Sadralbe suivait toujours, silencieux, mais les nordiens étaient trop nombreux, il ne pouvait rien faire. Je remontais mes manches le long de mes bras, j’avais chaud ! On finit par s’arrêter au niveau d’un chantier, les paysans avaient demandé de créer un lac artificiel pour je ne sais quelle raison, peut-être pour le village ? Leur permettre de mieux laver le linge lors de la bue ? Ou simplement les récolte, irriguer les terres, qu’est-ce que j’en savais ? Mais dans le royaume des montagnes et des neiges.


« On va les aider ?

- Ça marche ! »


Je les suivis silencieusement jusqu’au groupe de paysans, je souris en les voyants si interrogatifs de leur manière d’être, j’expliquais en quelques mots la situation et, malgré leur surprise, les paysans acceptèrent timidement l’aide.


« Eoran ? Tu retiens l’eau ? »


Itham et Aolis s’étaient élancé pour comprendre ce qu’il fallait, les autres gardes avaient mis pieds à terre, tout comme moi, seul Eoran restait sur son cheval, observant le fleuve. À deux soldats ils firent vivement le travail que les paysans auraient mit plusieurs jours à faire sans les fluides. Eoran retient l’eau un long moment avant de la laisser couler doucement dans son nouveau lit. Je m’étais installée à l’ombre, guère utile pour l’instant alors que les garçons montraient comment faire en discutant simplement avec les paysans.


« Tu savoures chienne ? »


Sadralbe, je l’avais presque oublié. Je baillais longuement en m’étirant jusqu’à ce que mon dos craque un peu. Il avait attendu que les princes s’éloignent pour venir. Je ne lui adressais même pas un regard, occupée à regarder Itham qui avait enlevé sa tunique, par Tungl, ça devrait être interdit d’être aussi finement musclé, il avait des cicatrices, il avait donc déjà fait la guerre ? Possible, il y avait souvent des conflits internes entre les tributs des montagnes, sa pierre de sang brillait au soleil sur son torse, la chaîne qui pendait à son cou n’avait pas de fermoir. Tout comme celle d’Eoran ou d’Aolis, ou d’aucun nordien, du moins les chaînes de pierre de sang. Les jumeaux arboraient les mêmes tatouages autour des bras et dans le dos.


« Je te parle. »


Mmmh… Mais moi je n’avais pas envie de te parler. Je me redressais souplement, quittant l’ombre de l’arbre sous lequel j’étais assise pour me diriger vers les garçons qui discutaient vivement. Eoran avait fini par descendre de son cheval et s’installer lui aussi à l’ombre. Aolis se tourna vers moi, je savais toujours lequel était lequel pour les jumeaux à cause de leur odeur très légèrement différente.


« Tu penses que l’eau est froide petite louve ?

- Aucune idée.

- Alors on va vérifier ! »


Il bondit sur moi et je me débattis en riant, mais il me souleva sans mal sur son épaule alors que je riais à en pleurer


« Itham ! Itham à l’aide ! Je peux pas lutter contre ce grand machin ! »


Itham se précipita et m’attrapa des bras de son frère, par les poignets alors que son jumeau prenait les chevilles, je savais ce qu’il allait se passer, je me débattis en riant alors qu’ils s’approchèrent du bord du nouveau lac, Eoran les encourageait même ! C’était quoi ce complot ?! Ils se mirent à me balancer, proche des flots :


« À la une !

- Deux…

- Trois ! »


Les jumeaux me lâchèrent et je volais pour m’écraser dans l’eau, profonde, je tapai du pied sur le fond pour remonter à la surface, je secouais la tête et Sadralbe se précipita en aboyant :


« Elle ne sait pas nager ! »


Je vis les garçons se regarder, sans comprendre, alors que Sadralbe s’enfonçait dans l’eau peur me rejoindre, je me mis tranquillement à nager vers la berge et il se stoppa net, je secouai la tête en repoussant en arrière mes cheveux.


« Elle est plus chaude que le lac derrière le château ! »


Il eut des rires et les garçons plongèrent à leur tour une fois en sous-vêtement, Eoran rampa vivement nous rejoindre, lui aussi en sous-vêtements. Sadralbe restait immobile dans l’eau, fou de rage, mais il ne pouvait rien faire il finit par reculer et sortir de l’eau fraiche en pestant. Eoran nagea vers nous sans difficulté, dans l’eau il était comme un poisson ! En même temps vu ses fluides ce n’était pas étonnant. On joua, comme avant, un petit moment, même les gardes nous rejoignirent sous les yeux surpris des paysans. Je finis par revenir sur la berge avant de m’ébrouer en jurant, j’étais trempée et j’allais sûrement le rester jusqu’au palais. Tout le monde sortit tranquillement de l’eau. Eoran se laissa porter par une vague jusqu’à près de sa jument qui s’ébroua. Je me laissais tomber dans l’herbe près de lui avec un rire :


« Je vais rentrer trempée ! Je vous déteste ! »


Il eut des rires : je n’étais pas très crédible avec mon rire dans la voix et mon large sourire. Itham attrapa sa longue tunique alors que je commençais à ôter ma propre tunique et ma chemise. Il s’agenouilla devant moi et m’aida à ôter ma chemise avant de passer vivement sa propre tunique avant que je n’enlève mon pantalon. Eoran haussa un sourcil :


« Tu sais qu’avec mes fluides j’aurais pu la sécher Itham ? »


Il ne fit qu’un sourire et s’assit derrière moi, je me laissais aller contre son torse, roulée en boule presque sous sa tunique. Il eut des rires et Eoran s’occupa de nous sécher en quelques gestes, mais je restais sagement nichée dans les bras d’Itham qui avait passé ses bras autour de moi.


« Quel couple de loutre ! »


fit remarquer l’une des gardes et je ris avant de lever les yeux vers Itham qui ne fit qu’un simple sourire, serrant plus fort ses bras, je tournai la tête vers le soleil en fronçant les sourcils, Aolis suivit le mouvement.


« On va devoir rentrer pour le repas de midi ! Surtout que tu vas devoir danser durant ces après-midi Saorsa. »


Je ne fis qu’un sourire en me redressant : j’étais prête.

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