Chapitre 42 - Sadralbe
Piégé… j’étais piégé… bordel de merde ! Mon roi m’avait abandonné… Et en même temps je pouvais le comprendre, tout en lui souhaitant le pire ! Les alliances forgées par le Nord étaient trop nombreuses ! S’il les faisait jouer, cela pourrait très rapidement partir en guerre, et le sud serait détruit. Tout ça à cause d’une bâtarde. J’allais la massacrer cette nuit, la massacrer de mes mains ! J’avais essayé d’user de ma magie pour m’échapper de ces geôles, sauf que des sceaux et des runes bloquaient ma magie. Impossible de faire quoi que ce soit. Entre cela et les chaîne, je devais et surtout ne pouvais qu’attendre. Qu’est-ce qu’il allait se passer ? Une chasse ? Je n’avais pas peur. J’étais le chasseur, elle croyait me vaincre cette salope ? Qu’importe, je n’avais pas peur d’elle. Je me massai la nuque, cherchant à chasser mon mal de tête, j’eus même le droit à un repas et malgré mes remarques, mes questions, aucun garde ne m’accorda un mot ou même un regard. Ils semblaient presque indifférents de mon sort. Je fermais les yeux avant de me lever en entendant des pas. La grille s’ouvrit sur deux loup-garous qui me soulevèrent de terre. J’étais plus petit qu’eux, mais je refusais de déshonorer le sud en priant, suppliant. Leur sentence ne me faisait pas peur. Midelia ne réussirait jamais à me tuer. Avec un arc et une flèche en pleine tête… La nuit commençait à tomber, mais je voyais déjà des étoiles s’allumer dans le ciel se refléter sur la neige qui était tombée durant la nuit. La garce et tous ses amis étaient là. Caenar se tourna vers ses gardes.
« Pas d’arme. Saorsa n’en avait pas. Mais détachez-lui les mains. Toi, tu disposes de vingt minutes pour te cacher et te préparer. Après Saorsa viendra te chercher. »
Midelia me fit un simple sourire avant d’incliner la tête sur le côté. Vingt minutes ? Très bien. La reine et d’autres membres de la cours était là. Les chaînes tombèrent au sol et je bondis en avant pour me fondre dans les bois. Je n’avais pas le choix de toute manière, j’étais libre de mes mouvements… Il fallait que je trouve de quoi me cacher. J’étais dans une mauvaise passe, peut-être en allant vers le lac ? J’aurais une chance. Il fallait que je prenne ce chemin. Je m’enfonçai en courant entre les arbres, esquivant racines et branches, j’attrapai quelques pierres pour les glisser dans le pli d’un vêtement. Pas d’armes, on m’avait fouillé et je n’avais plus rien. Même pas des gants et il faisait très froid. Je me hissai à un arbre, elle ne savait pas grimper, je pourrais…
Craquement…
Vingt minutes ? Déjà ?! Non, impossible ! Je formai une longue lame de glace dans ma main en pivotant sur moi-même pour regarder autour de moi. Je ne voyais rien malgré la lueur des étoiles qu’on voyait entre les branches. Je n’avais pas de temps à perdre ! Il fallait que je grimpe dans les arbres et rapidement. L’écorce était lisse et les branches s’élevaient dans les airs… Impossible… Un nouveau craquement, plus proche. Je me retournai pour voir des yeux rougeâtres dans les buissons. J’expirai en entendant d’autres craquements, j’eus un rire :
« Tu n’oses même pas m’affronter seule, chienne ?! Salope ! Tu me crains ! Tu as peur ! »
Les ombres des loups tournaient, sans qu’aucun ne s’approche, je fis tourner ma lame entre mes doigts avant que Midelia ne sorte des ombres, accompagné d’un autre loup, tout aussi noir. Caenar, et elle. Et effectivement, Midelia était énorme, plus d’un mètre de haut au garrot et son connard de père était plus grand et bien plus large d’épaules. Mais lui avait une cicatrice sur la gueule, mais pas elle. Visiblement ils étaient surtout là pour regarder, pas pour m’attaquer, bien si je tuais un Alpha je serais tranquille ! Je fis signe à Midelia de venir, mais elle se contenta de bâiller longuement dévoilant ses crocs. Un coup pouvait être mortel, je le savais très bien, elle avait déjà tenté de me mordre. Les autres loups m’entouraient, si je courais… Je me ferrais rattraper.
Je lançai de toutes mes forces ma lame de glace, la louve bondit sur le côté et la glace s’enfonça dans le sol. Putain ! Maudite catin ! Elle semblait s’amuser de la situation à me tourner autour lentement avec plaisir, ça se voyait lourdement qu’elle prenait plaisir. Qu’est-ce qu’elle attendait ?!
« Allez ! Qu’est-ce que tu attends ?! T’as peur ?! Saloperie ! »
Elle bailla longuement, dévoilant à nouveau ses crocs. C’était pas de la peur, elle savourait simplement le moment… C’était une blague ?! Elle bondit brusquement vers moi et moi en arrière percutant un arbre. Je pourrais pas gagner contre une meute… il fallait absolument que je trouve un abri, elle ne pourrait pas tenir toute la nuit sous sa forme de loup, elle serait bien forcée à un moment ou un autre de reprendre sa frêle forme humaine et là je pourrais la torturer. J’avais la tête qui tournait, trop de fluide ! Je repris ma course comme un fou dans les bois luttant pour ne pas rouler au sol à chaque fois que mon pied se prenait dans une racine. Derrière moi, j’entendais la course légère des loups, derrière ou autour de moi. L’un d’eux me coupa la route et je dus bondir sur le côté pour esquiver et poursuivre mon chemin, j’essayais de voir où ils étaient, mais entre les buissons et les arbres, difficile, je me fiais à mon ouï.
Des crocs se plantèrent dans ma cheville, sectionnant le tendon, un hurlement de douleur jaillit de ma gorge et je roulai au sol. Je me redressai un peu en tendant aussitôt la main pour essayer de me soigner d’un bandage de glace autour de ma cheville. La louve était juste là, à me regarder calmement, les babines couvertes de sang. Elle venait de me lacérer la cheville et elle ne bougeait pas ?! Je me redressai malhabile devinant un sourire sur son horrible museau, la douleur saturait mes sens et je détestais ça ! Elle prenait un plaisir malsain à me voir souffrir.
« T’aimes ça ? T’aimes faire du mal ! Et torturer les gens ?! Dégénérée ! »
Elle inclina à nouveau la tête sur le côté sans rien répondre, je formai à nouveau maladroitement une lame dans mes mains avant de l’attaquer. Elle bondit vivement sur le côté, pour un monstre de cette taille elle était diablement rapide et surtout agile ! C’était pas pour rien que c’était le diable ces loups ! Surtout que visiblement tous maîtrisaient leur transformation et leur instinct sauvage qu’est-ce qu’ils attendaient bordel ? Je fouettai l’air avec ma lame et Midelia bondit souplement en arrière. Je continuai de me battre de créer des piques de glace que je lançai sur elle ou les autres pour tenter d’en tuer un ou deux. Sauf qu’à part me faire courir dans les bois comme-ci j’étais une proie ils ne faisaient pas grand-chose. Etaient-ils lâche à ce point ? Ne pas oser m’attaquer… Il y avait trop de choses que je n’étais pas sûr de saisir et mon crâne me faisait atrocement souffrir. J’entendis une course, les branches craquer et je roulai au sol, une douleur fulgurante me remonta dans l’épaule, l’odeur du sang se répandit dans un craquement d’os lugubre qui résonna dans les bois. Un hurlement de douleur jaillit de mes lèvres je me redressais en tenant mon épaule qu’elle venait de mordre, ou presque d’arracher, le sang coulait à flot et la souffrance paralysée mon esprit, je n’avais jamais eu aussi mal depuis les entraînements avec ma mère ou lorsque mon père me battait. La louve noire s’ébroua en marchant souplement et sans bruit, l’albinos se glissa entre ceux de la meute en face de moi. Je poussai un hurlement de rage en essayant de me jeter sur lui, d’un bond agile il m’évita.
« C’est ta faute ! Tout est de ta faute maudit albinos ! Si tu n’avais pas été là je l’aurais eu! Elle aurait été mienne ! J’aurais pu la torturer à loisir ! J’aurais eu ce titre ! J’aurais tout eu ! La reconnaissance, le pouvoir, la connaissance et une descendance ! Tu m’as tout prit ! »
Je tendis la main vers lui, plus vif que la foudre Midelia revient frapper et d’un coup de croc trancha net ma main au poignet. Je la regardais tomber au sol sans comprendre, les sens déjà saturés de douleur. Elle… Venait-elle vraiment de me trancher la main ?! Non ! Je tendis celle qu’il me restait pour la reprendre et la fixer à nouveau à mon moignon en usant de la glace pour éviter qu’elle ne tombe à nouveau. Midelia était toujours à portée de main, elle souriait, ça se voyait, ses yeux rouges luisaient d’une lueur mauvaise et malsaine.
Ses griffes trouvèrent le chemin de mon torse lorsqu’elle bondit sur moi pour me projeter au sol, ses crocs caressèrent lentement ma gorge alors que j’essayais de créer une lame de glace qui se brisa sous sa morsure qui attaque mon autre paume. Je sentis ses crocs pénétrer dans ma gorge et presque délicatement la déchiqueter morceaux par morceaux alors que je m’étouffais dans mon propre sang en hurlant tout ce que je savais. Je voulais pas mourir ! Pas comme ça ! La dernière chose que je vis ce sont ses yeux carmin plonger dans les miens avant que l’obscurité ne m’engloutisse.
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