Peur
de Myfanwi
BON-SWAR ! Un petit texte pour parler d'une de mes grosses phobies, depuis toujours, la peur des inconnus. C'est assez classique me direz-vous, mais ça empoisonne la vie, et des fois c'est bien de poser à l'écrit des choses que les gens qui n'ont pas ce problème ne peuvent pas comprendre. J'espère que ce petit texte vous plaira ^^
PEUR
C'est quelque chose qui ne s'explique pas. Ça te prend soudainement aux tripes sans que tu ne puisses rien y faire, ça te tétanise. Tu ne peux plus bouger, tu as l'impression que tes jambes sont devenues deux blocs de pierres enfoncées dans des kilomètres de terre, ton estomac a fait au moins trois tours dans ton ventre. Tu as peur.
« Ben, alors, parle ! »
Facile à dire, impossible à faire. Tu n'as plus conscience de ton environnement, tu n'es plus toi-même. Tu as l'impression que tu es la Lune, à plusieurs milliers de kilomètres de la terre ferme. Et elle commence à grimper, la fièvre, incontrôlable. Tes joues prennent une couleur rouge foncé que bientôt tout ton visage adopte. Tu commences à suer à grosses gouttes. Tu as peur.
« Qu'est-ce qu'elle a la pétasse ? Elle va ouvrir sa gueule ou faut qu'on parle à sa place ?! »
Ils s'impatientent, ils ne comprennent pas. Mais la situation ne cesse de se dégrader en toi. Ce sont maintenant tes jambes et tes bras, qui de manière incontrôlée, ne cessent de trembler. C'est comme si des milliers de fourmis s'activaient dans tout ton corps, dévorant os et organes, t'empêchant ainsi d'avancer, de réagir. Tu as peur.
« Madame, qu'est-ce que vous voulez ? »
Tu lèves les yeux vers elle. Tu aimerais répondre, de tout ton cœur, de toute ton âme, mais aucun mot ne franchit la barrière de tes lèvres. A la place, la frustration de ne pas pouvoir parler remonte ton visage, et des larmes ne tardent pas à te couvrir les joues. Tu ne sais pas pourquoi tu pleures, mais ça te fait du bien, alors tu continues. Tu as peur.
« Il faut toujours qu'on tombe sur des malades mentaux ! Ça fait chier ! »
Tu n'as pas besoin de cet abruti derrière toi pour le savoir. L'étape supérieure s'est enclenchée. Tu les détestes. Tu les détestes tous. Tu aimerais leur expliquer qu'il n'y a rien qui cloche chez toi, que tu es née comme ça, mais tu es toujours figée, à regarder le vide comme si c'était la chose la plus rassurante qui existe sur cette planète. Les larmes cessent, elle reprend doucement le dessus. Tu as peur.
« Bon, casse-toi salope, on a pas toute la journée ! »
Il te pousse. Tu lèves les yeux vers lui, un regard noir, trahissant tes pensées les plus intimes. Il n'en a rien à faire. Il te méprise. Ils te méprisent tous ici. Ton estomac se serre de nouveau. Existe t-il seulement un endroit où tu te sens en sécurité ? Sans eux pour te pourrir la vie ? Ces inconnus, qui t'entourent. Tu as peur.
« Une baguette, s'il vous... Putain, t'as pas entendu ce que je t'ai dit ?! Barre-toi, on veut pas de gens comme toi ici ! »
Les larmes remontent. Tu n'as pas la force de lui faire face, elle a gagné. Doucement, tu tournes les talons, la tête basse, et tu quittes le magasin, ton cœur battant la chamade dans ta poitrine, comme s'il essayait de s'échapper de ta cage thoracique. Un pas dehors, deux, et c'est fini. Tu te sens de nouveau libre.
Ce monde est fait de milliers d'inconnus. De milliers de peurs que tu dois affronter tous les jours. Si pour certains c'est naturel, pour d'autres, c'est un marathon et un combat quotidien. Parce que la peur gagne toujours. Puis elle s'évapore, comme elle est venue.
Jusqu'à la prochaine fois.
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