Nouveau départ

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Je parcourais la rue jonchée de cadavres et ne ressentais que le vide. Mon âme froide me tenait compagnie. Plus rien ne me faisait vibrer comme auparavant. Ma flamme de vie m’avait abandonnée quand j’avais essayé de la geler à jamais. Cela n’avait malheureusement pas fonctionné. Depuis mon réveil du coma, je me donnais des objectifs quotidiens pour tenir, cela fonctionnait plus ou moins bien. Élucider des mystères pour le bureau fédéral me poussait au bout de mes limites et occupait mes journées. Après plusieurs années de service, mon désir de vivre se ranimait.

— Qu’est-ce qui s’est encore passé ? se lamenta mon collègue Christol.

Je ne lui répondis pas tout de suite, je posai mon regard sur les restes éparpillés le long du trottoir. Le rouge inondait le caniveau comme une mer sale après une terrible tempête. L’odeur qui s’échappait de cette scène me laissait de marbre. Christol avait déjà vomi, le vert sur son visage n’avait pas encore disparu. Il aurait bien changé de poste pour éviter de telles visions d’horreur. Il n’arrêtait pas d’évoquer un déménagement à la campagne, au calme, avec pour seuls compagnons les cris des oiseaux. Je n’hésitais pas à le ramener à la réalité par mes sarcasmes et mon humour noir.

Christol ne le savait pas encore, mais il consistait en une partie de moi. Créé à partir de mon ADN, je l’avais voulu mon clone parfait. J’étais la femme et lui l’homme. Encore jeune, il commençait à peine à se familiariser avec ce monde de dingues. Il s’endurcirait avec le temps, comme moi. J’avais eu droit à des milliers d’années d’existence pour cela. Il avait du temps devant lui.

— Certainement un acte terroriste, comme la dernière fois, lui répondis-je après avoir exhalé un peu de la fumée de ma cigarette.

Ma santé ne m’inquiétait guère, au grand dam de mes coéquipiers qui s’acharnaient à me subtiliser mes paquets dès que j’avais le dos tourné. Avec leurs bêtises, ils parvenaient simplement à me mettre en rogne. Ils m’avaient même inscrite à un coaching antitabac qui se déroulerait la semaine prochaine. Je ne me rendrai pas à ce genre de séminaires stupides. Ils pouvaient toujours courir ! J’avais des choses nettement plus importantes à faire.

— Les Guerres Technologiques ne cesseront-elles jamais ? s’écria Christol, épuisé par toutes ces morts.

Je le regardai se baisser pour effleurer les corps et tenter de récupérer des informations sur les identités des victimes, un chiffon sur la bouche et un air soucieux sur le visage. Les grandes compagnies scientifiques ne se souciaient pas du mal qu’elles répandaient autour d’elle. La concurrence était rude, leur seule préoccupation consistait à savoir qui allait gagner le gros lot. Omnia et Nitra, les pires des corporations, maltraitaient leurs salariés, empochaient des milliards de crédits sur leur dos et détruisaient l’environnement. J’avais la sensation que rien n’avait changé depuis mon sommeil prolongé, si ce n’était que le monde craignait encore plus qu’avant. Je me fichais pas mal de la politique, mais ces carnages m’obligeaient à m’y intéresser quelque peu. J’avais choisi ce poste pour retrouver les sales types qui massacraient sans pitié ces innocents. Au fil du temps, je m’étais rendu compte que les agresseurs n’agissaient que dans des buts futiles et que les victimes ne faisaient pas l’effort de se défendre. Tous des bons à rien. Des deux côtés.

— Tant qu’il y aura du fric en jeu, tu n’y pourras rien, lui dis-je d’un air blasé.

À suivre...

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