Chapitre 3

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Elesi était encerclé de montagnes, et si ce n’était pas assez, son entrée était scellée par un mur à donner le vertige. La cité était totalement isolée du monde. Plus aucune chance qu’elle soit contaminée. Il n’y avait plus qu’elle et elle-même.

Franchissant pour la première fois cette barricade, une équipe d’explorateurs accompagna le personnel médical vers l’extérieur, six personnes pour une femme et un enfant. Elles franchirent pour la première fois cette barricade comme si l’air était aussi infecté que le reste du monde. Un uniforme porté comme si une guerre nucléaire avait eu lieu, des gants et un masque sur le visage. Sans cette épaisseur de vêtements, on pourrait les voir trembler. Leurs pas étaient légers, doucement, parfois à reculons. Elles s’étaient portées volontaires malgré l’angoisse de l’inconnu. Le courage était un luxe, heureusement, Elesi était riche.

Tout était bon pour se protéger. Malgré la décision, les Elesiens cogitaient en boucle sur le choix d’avoir laissé la mère là-bas. Ils allaient faire face à elle, face à leur décision. Ils se convainquaient qu’ils avaient fait le bon, qu’il ne pouvait pas y avoir un meilleur avenir. En fait, ils étaient dans le déni, celui de penser que, quoiqu’ils fassent, ce sera pour leur bien.

Le déni était un phénomène incroyable. Une attitude bien plus lointaine d'un caprice. C'était une réaction de défense du cerveau qui n'encaissait pas une vérité. La psychologie regorgeait de surprises. Une trappe, quelque chose qui te prenait et te séquestrait. Quelque chose d’invraisemblable, de bizarre, de remarquable, qui te possédait jusqu'à la dernière cellule de ton corps. Et si ton crâne le désirait, il n'avait qu'à le demander.

C'était ça. Se convaincre qu'il le méritait, que nous n'étions que des victimes, que le monde était injuste, et à raison. C'était aussi oublier pour ne pas être fautif, nier parce que la réalité était trop atroce pour exister. L'atroce n'existait pas. L'être humain ne l’était pas. Par contre, le déni, oui. Il brûlait, tordait, inventait, se propageait, se dissociait, il tuait. De l'extérieur et de l'intérieur.

Cette femme avait brisé la routine élesienne depuis treize heures, et comme tout imprévu, on appréhendait. Et si elle les agressait ? Si elle était armée ? Certes, les gardes l'apercevaient du haut des tours protectrices, mais qui pouvait savoir si elle n'avait pas un couteau dans sa veste ? C'était une situation inédite, à cause d'une inconnue particulière, elle qui avait un mode de vie opposé, ainsi des réactions opposées.

Il était dit que le moyen de défense des prédécesseurs qui vivaient autrefois à Elesi — ça paraissait indécent que les Elesiens découlent d'eux vu leurs différences — était l'attaque. Il y avait fort à parier qu’elle les frapperait, les insulterait et les humilierait. C’était surtout la différence de cultures qui les accaparait. Plonger dans l’inconnu, dans une espèce qui, malgré la ressemblance avec eux, différait d’eux.

On l’avait refusé parce que le régime politique d’Elesi était quelque chose de jamais vu dans l’histoire du monde qui la rendait trop difficile à comprendre pour l’accepter. Au tournant, les ancêtres Elesiens avaient déterminé que toute forme de violence était franchement dégueulasse. Si bien qu’ils l’eussent interdite. On sanctionnait quelqu’un qui coupait les ponts avec un proche malade, mais c’était de la décence de douter quant au fait de sauver la vie d’un enfant de l’extérieur.

De siècle en siècle, la brutalité avait disparu et les discussions primaient pour la résolution d’un conflit. Les agressions physiques n’étaient plus qu’un mythe, parait-il qu’à l’époque, les gens se battaient entre eux. Puisque les coups n’existaient plus, la violence verbale s’était effacée du vocabulaire. Parait-il que les gens utilisaient des mots forts et rabaissants pour exprimer leur colère. Puis ce fut la violence légitime qui dictait les comportements normés à adopter pour s’inclure en société. Parait-il que jadis, une entité invisible au nom d’État contrôlait le pays.

L’anarchie impliquait de ne pas se mélanger avec le monde extérieur. Les autres nations étaient néfastes en persistant dans les guerres, les colonisations, les meurtres, mais aussi la répression qui légitimait la hiérarchie sociale, la pauvreté, la misère. Un individu qui connaissait la violence la perpétuait en lui, c’était une nature profonde qui ne s’éteignait plus une fois allumée.

Elesi était l’anarchie, la vraie. Celle qui avait cerné, déconstruit, puis reconstruit. On avait tout remanié, les acquis, les pensées, les désirs, jusqu’aux définitions.

On pouvait admettre qu’en cette année 2514, Elesi était une réussite. C’était l’avenir, la modernité, la lumière. Voici donc une cité où la violence, aussi physique que sociale, n’était plus qu’un mythe. Jusqu’à quand ?

À tâtons, les six avancèrent vers la source de la crise. Pendant que les minutes passaient, les citoyens se partageaient leurs idées complotistes et s’imaginaient un tas de rebondissements, mais s’ils s’attendaient à ce qui allait arriver, ça non.

Cette femme avait disparu.

L’enfant était seul, endormi sur le sol. Était-il au courant qu’il venait d’être abandonné ? Qu’éprouvait-il ? De la peine, de la colère, de l’indifférence ? Quand ils le transportèrent à l’hôpital, des regards curieux se posèrent sur lui. Rapidement, les bruits de couloirs quant à son abandon s’étendirent dans les rues.

Il était étrange, chaud, anormalement chaud. Quand l’explorateur l’avait pris dans ses bras pour l’emmener, ce fut la première chose qu’il avait remarqué. Mais il tarda à le dire, quelle erreur. En dix minutes, treize personnes l’avaient côtoyé. Ils en étaient certains. Alerte, fièvre !

La crise se renforça face à la rumeur d’une maladie étrangère au sein de la cité. Tout le monde tremblait, gémissait, hurlait pour des réponses. Était-ce grave ? Allaient-ils tous mourir ?

Pour l'instant, Elder ordonna à contrecœur la mise en quarantaine des treize individus durant quinze jours. Il compatissait pour eux et espérait que tout aille bien. C'était surtout d'avoir fait ce choix sans concerter les élus qu'il se blâmait. Il associait cette action aux tyrans et s’il continuait, il en deviendrait un sans aucun doute.

Que faisait-on de l’enfant ? Il les laissa faire. Qu’ils le soignent, de médicaments, de somnifères, de vitamines, qu’ils le bercent, lui parlent, qu’importait. Lui ne disait plus rien.

Quand il se leva, après une nuit gâchée par une insomnie anxieuse, son estomac noué rejeta toute nourriture. Il pensait encore et encore à cette femme et son enfant, elle qui était partie, lui qu'ils avaient admis, et qui souffrait, peut-être d'une maladie contagieuse, peut-être était-ce un début d'une pandémie. Et s'il ne mangeait pas, il n'était pas certain d'assurer l'assemblée qui commençait dans deux heures.

Il parcourut les rues d'Elesi en continuant de s'imaginer l'avenir, le passé, les catastrophes, les réussites. Ses yeux fonctionnaient avec peine, ses pieds marchaient machinalement, son cerveau inventait des fictions, plongé dedans, comme s'il était seul.

Le paysage ne l’attirait plus, en cet été où les fleurs et le lierre recouvraient les murs blancs des immeubles. Cette odeur de pollen devrait le sortir de son imagination pour ce ravissant panorama. D’habitude, il en était enjoué.

Mais là, cet enfant l’empêchait de voir plus loin. Le ciel d’un bleu uni, les rayons du soleil aveuglants, les bâtisses qui éclataient par la lumière, les pavés lisses et confortables sur lesquels il avançait passaient inaperçus.

L’enfant ou Alannah ? Elle s’immisçait dans sa vie comme un virus, elle était là à chaque fois qu’il réfléchissait à sa vie, à la société, à tout. Elle était là, elle le serait à l’avenir, elle le sera pour toujours, tant qu’il avait ce doute sur sa bonté, tant qu’il sera assez humain pour ressentir, tout le temps, partout, à l’assemblée, chez lui, dans cette rue, sous la chaleur du soleil et la fraîcheur de la brise.

Huit heures, aucun retard, le quatrième jour de l'assemblée débuta. Malheur, elle était là. Évidemment qu’elle l’était, elle n’aurait manqué ça pour rien au monde. Elle était prête à lui sauter à la gorge, à trouver la moindre faille, un tremblement dans sa voix, une hésitation, une peur, tout ce qui pourrait lui donner raison.

Elder avait beaucoup cogité, ses mots étaient pensés pour qu'ils ne blessent pas, n'offusquent pas, n'inventent pas, ne désillusionnent pas. Ils étaient neutres, fidèles à la réalité, bien qu'un peu enrobés de paix pour tranquilliser.

— Comme vous le savez, nous avions pris la décision de faire rentrer l’enfant de trois ans à Elesi. Il s’avère qu’il est fiévreux. Rien de grave pour le moment, mais on ne sait pas comment sa maladie peut évoluer. Hier soir, j’ai été pris de court, et j’ai dû gérer cette situation comme cela me semblait correct. J’ai choisi de le mettre en quarantaine pendant quinze jours avec tous ceux qui l'ont côtoyé en attendant d’être sûrs qu’ils ne présentent aucun danger. Je ne sais pas si cela vous convient, je vous demande votre avis. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous d’autres propositions ?

La règle première du bon porte-parole ; terminer son discours par une question. Au fond, lui-même savait qu’il n’en avait que faire de leur avis. Ce n’était qu’une stratégie de partage ou d’égoïsme qui tournait les débats de sorte qu’on ne le contredise pas.

Certains Elesiens avaient l’esprit aussi critique que lui et le contredisaient. Il répandait volontiers leurs opinions, car il n’était que l’image des voix, des désirs, des colères, rien de plus que le transmetteur des idées élesiennes. Mais quand les choses lui tenaient à cœur, comme sa fonction de maintenir l’ordre social, il savait garder un ton paisible et convaincant affirmer sa volonté. Elder avait souvent le dernier mot.

Une longue discussion, peu intéressante, avec une pointe de prétention, confirma l'ego d'Elder ; tous étaient en accord avec lui. Il n'était pas le porte-parole pour rien. Il fallait avouer que les élus n'avaient pas une grande imagination, alors trouver une autre solution à ce problème. Tant que la crise se résolvait, ils n'espéraient pas davantage.

Il était brave, un homme dont on lui donnerait toutes nos richesses, assez pour affronter Alannah. Elle le fixait avec cet air sournois, patientant qu’il se démasque, qu’au moindre faux pas, elle puisse crier son hypocrisie. Elle était avachie sur son siège, sa main près de sa tête comme une supérieure hiérarchique qui le jugeait.

On la dépeignait comme dangereuse, rebelle, le genre de personne qui ne cherche qu’à contredire, qu’à créer un vacarme inutile qui la ferait se sentir puissante. Oui, elle était invivable, trop excentrique avec une fierté surdimensionnée, mais le reste n’était que des spéculations. Elder était le seul à savoir que derrière cette apparence de déviante se trouvait de la pertinence.

Si jamais, un jour, la société venait à s’effondrer, ça serait à cause d’elle. Si le monde explosait, que la guerre civile s’imposait dans chaque rue, elle en serait la maîtresse. Elle avait tort, Elesi était parfait, tout portait à penser que l’égalité était absolue, mais Alannah avait cette éloquence qui nous ferait gober n’importe quoi. En fait, elle était le dictateur idéal.

— Les gens de l’extérieur sont comme vous et moi, répondit Alannah. Faut sérieusement arrêter ce mythe de supériorité. Ce n’est pas parce qu’ils ont des cultures différentes de nous qu’on doit les diaboliser.

Voilà. Il l’avait attendu comme un jour de fête, comme l’arrivée de son âme sœur. Il était sûr qu’elle se ramènerait avec ses dénonciations stupides et insignifiantes qui faisaient perdre du temps à tout le monde. Chaque fois qu’elle pouvait le déstabiliser, non, il en faudrait plus que ça. Chaque fois qu’elle pouvait l’agacer, elle ne s’en gênait pas.

Qu’étaient les Elesiens d’ailleurs ? Une sorte de forme supérieure de l’être humain ? Oui et non. Techniquement, oui, mais ça insinuait une catégorisation des vies, avec certaines importantes et d’autres… Ça ne valait pas le coup de poser un mot dessus.

C’étaient plutôt deux évolutions différentes de l’homme. Celle de l’extérieur ressemblait au passé, les seuls réels changements étaient les noms. Ces gens-de-l’extérieur avaient remanié leur langage pour prétendre à des changements sociaux. Que du vent. On ne parlait plus de dictature, mais de loyalisme. Plus de république, mais d’impartialisme. Plus de Présidents, mais de représentants, sans majuscule évidemment pour faire croire à une fraternité avec la population. La propagande n’existait plus, c’étaient des encouragements. Les crises non plus, mais des défis. Les privilèges n’étaient plus réels, on préférait les vertus.

Les Elesiens étaient autre chose, l’espoir, la relève. Ils étaient l’altruisme, la vie pour autrui. Une communauté solidaire et interdépendante comme les organes d’un corps.

— Ils ne sont pas diabolisés, continua Elder. On les décrit comme ce qu’ils sont. Et si la peste était revenue là-bas ?

— Lycure l’est ? Parce qu’il a montré une colère après que vous lui ayez menti, ce qui, soit dit en passant est légitime, c’est un monstre ?

Encore ce Lycure ? Elder ravalait sa mine ennuyée de rabâcher les mêmes conversations sans cesse sur des sujets sans intérêt. Est-ce qu’ils ne pouvaient pas, pour une fois, être originaux ? Avoir un peu de créativité pour le surprendre.

— Bref. Là n’est pas la question. Lycure est ce qu’il est. On l’a aidé, tout comme cet enfant. Mais on prend nos précautions.

— Vous prenez vos précautions… Contre quoi ? On n’a aucun contact avec les gens de l’extérieur depuis, laissez-moi réfléchir, au moins deux cents ans. Peut-être qu’ils sont plus évolués que nous. Peut-être même que nous ne sommes pas autant évolués que vous le pensez. Êtes-vous sûrs que nous sommes tous égalitaires ? Même vous et Lycure ? Vous et moi ? Vous et Elder ? Êtes-vous sûrs que Elder n’a aucun privilège ? Permettez-moi d’en douter.

À cet instant, il sut qu’il avait besoin d’un peu plus que son hypocrisie habituelle. Il l’avait attendu, cette provocation qui bouleverserait les patiences. Il savait qu’elle arriverait, à un moment ou un autre. Personne ne pouvait y échapper. Dès qu’elle se montrait, elle le faisait savoir. Cette facilité déconcertante de laisser échapper un explosif dans l’endroit sensible au moindre mouvement lui rappelait à quel point le calme ne l’était jamais autant qu’il le croyait.

Il n’avait que quelques secondes pour faire preuve d’imagination. N’importe quelle ingéniosité pour désamorcer la bombe avant qu’elle ne rase le terrain. Les ondes se propageaient tympan par tympan, et avec altruisme, elles autorisaient un temps au choc de s’encaisser avant d’ouvrir les portes à un scandale.

Elder gérait des crises, quand un voisin empiétait trop l'espace, quand le soleil était d'humeur agressive, quand l'extérieur se mêlait à Elesi. Il transmettait sa voix au nom de la population. Mais quand une bataille se préparait, quand l'ennemi était si proche qu'il devenait intouchable sous prétexte du communautarisme, il n'avait plus que son sourire crispé pour se sauver.

À cette demande, il afficha le plus beau mensonge sur son visage, un doux sourire, rejetant chaque pensée impulsive qui le menaçait, et feignit.

— Tu as le droit de douter de ce qui t’entoure. Je te l’accorde, nous nous protégeons des autres civilisations, mais mieux vaut ça que d’être vulnérables. Selon les explorateurs, les guerres persistent, tandis qu’Elesi n’a pas été en guerre depuis plus de quatre cents ans.

Fort heureusement, le Ciel eut pitié de lui, enfin les élus, par leurs lamentations. Tous exténués par cette discussion déplacée qui irritait les patiences. Ce n'était pas tant les contradictions d'Alannah qui agaçaient, mais ses accusations envers le porte-parole, l'anarchie, tous les fondements. Elle n'avait aucune gêne, elle mettait le doigt là où ça faisait mal. Les cinquante-huit autres râlèrent, soufflèrent, soupirèrent, ils firent tout ce qu'ils pouvaient pour lui faire comprendre que son opinion n'était pas la bienvenue.

Elder réfléchissait plus loin, bien plus que cette attaque. Il analysait le fond du verre, là où les réelles intentions se cachaient. L’égalité importait plus que la justice, parce qu’elle l’apportait. Alannah s’en servait bien. Elle savait qu’ils ne feraient rien que ce qui était déjà fait, et lui qu’il devait la laisser faire, pour l’égalité. Après tout, elle n’était pas dangereuse, à part si les mots étaient des armes.

Pour l’heure, l’assemblée devenait une cour de récréation. Il devait agir, en tant que porte-parole, mais dénué de pouvoir, il n’avait que son intelligence pour calmer les tensions. Devait-il lui accorder du sarcasme, une incrimination, ou de la sympathie ? Il avait le choix, celui d’être qui il voulait.

Il se contrôlait jusqu’au bout de ses doigts, une maîtrise de soi qui finirait par le dépasser. Ce qui comptait, c’était sa réputation. Pour rien au monde, il la laisserait la ruiner. Même si elle était aussi maline que lui, si elle le narguait de ses fossettes qui s’incrustaient dans la peau de ses joues, s’il n’était qu’un humain aux sentiments infinis, il serait au-dessus.

— Calmez-vous, calmez-vous. Elle a le droit d’avoir son opinion comme nous tous. Mais puisque ça contraint la tranquillité de l’assemblée, Alannah va sortir. Et moi aussi. Vous n’avez qu’à continuer sans nous.

Son sourire hypocrite lui revint. Par ce silence imposé, il retrouvait un contrôle qui faillit lui échapper de peu. Les voix se turent, les lèvres pincées se délièrent, et quelques soupirs vinrent vaincre le semblant de calme. De toute façon, les élus le croiraient lui, quoi qu’il dise.

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