Skov (1/2)
Koda et Alex sont deux amis de toujours. Deux garçons d'une dizaine d'années. Ils vivaient dans deux maisons voisines. Leurs mamans étaient elles aussi amies depuis l'enfance.
Leur village, Saint-Beauzire, était si petit, qu'il n'y avait qu'environ trente habitants. Les gens d'ici étaient très pauvres, les récoltes étaient presque nulles et cela depuis des années, le poisson se faisait rare et les habitants mourraient et disparaissent mystérieusement depuis trop longtemps.
Dans l'une des cinq rues du village, les enfants jouaient à chat. Koda et Alex étaient les plus rapide. Une petite fille, un peu plus jeune fini par se plaindre :
- Vous trichez ! Ce n'est plus drôle, moi je rentre.
- Oh ! Lia, tu es une mauvaise joueuse. Tu n'as qu'à être plus forte ! Répondit Alex un poil moqueur de la petite.
Si on pouvait parfois confondre les deux garçons physiquement, leurs caractères étaient bien plus distincts ; Koda était doux, gentil et rêveur, alors qu'Alex était turbulent, bruyant et bagarreur, ce dernier était le leadeur du duo.
Vers la fin d'après-midi, les deux garçons se dirigeaient vers leurs maisons. Sur le chemin, les deux amis discutaient:
- Dis-moi Koda, tu as déjà cru aux histoires de le vieille Maria ?
- Franchement ? Non, et je pense que je ne souhaite même pas vérifier.
Alex donna un coup d'épaule à son ami tout en ricanant :
- Haha ! Tu as peur enfaite ! Poule mouillée va !
Koda rectifia son ami en rigolant à son tour :
- Je ne suis pas une poule mouillée, juste prudent. Je n'y crois pas, mais dans le doute ...
Koda frissonnait rien qu’en repensant aux dires de la vieille Maria. Cette femme, d'apparence vieille comme le monde, était la plus ancienne du village, elle n'a jamais été marié et n'a jamais eu d'enfant. A l'époque des mamans des deux garçons, les gens racontaient que la vieille Maria était une sorcière et qu'elle mangeait les enfants. Depuis peu, les villageois portent crédits à ces ragots. D'après cette femme, les gens disparaissaient vers 5h du matin chaque année lors du nouvel an, juste après un long sifflement qui retentissait de la forêt. Selon encore Maria, les esprits des bois, étaient contrariés depuis plusieurs décennies. Ils se vengeraient du premier chef du village, qui aurait apparemment violé l'une des six nymphes de la forêt. Maria racontait aussi, que des démons vivraient depuis, à lisière de la forêt et qu'ils avaient pour mission de tuer quiconque s'approcherait trop près des bois. Il est vrai, que plusieurs personnes disparaissent depuis des années, mais à l'époque, les marchands d'esclaves, les maladies, des tueurs et/ou toutes sortes d’autres choses pouvaient, éventuellement, expliquer de manière rationnelle.
Alex et Koda, étaient arrivés depuis longtemps, et comme tous les soirs, ils dinaient ensemble avec leurs deux mamans chez Koda. Alex était un vrai fan des histoires de la vieille Maria, il en faisait des résumés à chaque diner à sa mère.
- Tu sais Maman, aujourd'hui la vieille Maria, a dit qu'elle avait parlé à la déesse de la forêt. Celle-ci li aurait dit, qu'elle arrêterait de tuer et kidnapper les villageois, à conditions qu'un homme accepte de payé volontairement le crime de l'ancien chef. Maria ajouta que cet homme en question, avait 6 ans pour se décider, en attendant, chaque année les meurtres et disparitions continueraient. Tu en penses quoi maman ? Koda lui s'est fait pipi dessus tellement il avait peur.
Koda voulu protester, mais Gabriella, la mère d'Alex, prit la parole:
- Je n'en pense rien, cette femme est depuis des années au cœur de bien des légendes et ragots. Je ne sais si ce qu'elle dit en vrai ou non, mais j'espère néanmoins, que les habitants n'enverrons pas un jeune homme juste avec ses paroles.
Raya, la mère de Koda acquiesça avec un hochement de tête avant d'ajouter :
- Je suis d'accord avec toi Gabriella, les gens ici, sont près à croire tout et n'importe quoi.
Gabriella et Raya mirent au lit, chacune dans leurs maisons respectives, leur fils.
Du côté de Koda :
- Maman, j'ai peur de ce que raconte Maria...
- Je suis là mon fils, tu ne crains rien.
- Et si c'était vrai ? Si l'ancien chef avait vraiment violé une nymphe et que seul un jeune homme pouvait arrêter cette malédiction.
- Si c'est le cas, j'espère bien que ce ne sera pas toi. J'ai trop peur de te perdre comme tes autres frères et ton père. Tu es la chose la plus précieuse qui existe à mes yeux.
Du côté d'Alex :
Gabriella embrassa tendrement son fils.
- Je t'aime mon garçon.
- Maman, parle-moi encore de papa...
Gabriella soupira en caressant les cheveux d'Alex.
- Que veux-tu que je raconte ?
- La fois où il s'est battu avec Monsieur. Decru, le boulanger.
La demande fit sourire la maman et son fils.
- D'accord, mais après ...
Alex compléta la phrase :
- Au dodo, je sais maman.
Le quotidien des garçons ne changea absolument pas durant les deux ans qui s'écoulèrent, ils jouaient tous les jours ensemble et chamaillaient les filles du village dont Lia. Mais, lors de leur treizième année, le seigneur, Auburg, de la ville voisine, avait décidé de prendre Saint-Beauzire sous son aile, en contre partie de sa protection, des jeunes hommes devaient se former en tant que chevalier à la ville, le village devait verser des impôts et une partie de ses récoltes.
Saint-Beauzire connu quelques autres changements, un tribunal vit le jour et tous les habitants devaient répondre aux lois du seigneur Auburg. La vieille Maria se fit juger et fini pendu pour sorcellerie dès le premier mois d'ouverture du tribunal, elle devait servir d'exemple, son procès fût bâclé et personne ne l'avait défendu. Comme disait le seigneur Auburg lors de sa première apparition à Saint-Beauzire : "Paysans, vous allez apprendre que tant que vous serez sous ma protection et mon contrôle, vos croyances futiles d’esprits des bois et des champs, n'ont pas leur place ici".
Alex avait décidé que pour subvenir aux besoins de sa mère et les siens, le mieux était de se former en tant que chevalier à la ville, malgré les supplications de Gabriella pour le faire rester.
Koda quant à lui, se sentais trop faible physiquement pour avoir un travail si robuste. Il décida de travailler pour Monsieur Decru. La boulangerie ne le passionnait pas plus que cela, mais il y trouvait un certains intérêt. Il était proche de sa mère, de la mère d’Alex et de la forêt.
Bien qu’il ait grandi, cette mystérieuse forêt l’intriguait, et les légendes qui l’entouraient attisaient son imaginaire. C’est à cette même époque que Koda faisait deux rêves étranges qui revenait presque chaque nuit ; au début de son premier rêve, il ne voyait rien, mais entendait le bruit d’une rivière, du vent qui soufflait doucement dans les arbres, puis il sentait le vent sur lui, ces vêtements doucement bouger, l’herbe douce sous ces pieds nus. Quand ces yeux s’ouvraient enfin, la verdure l’aveuglait presque, il était dans une épaisse forêt, mais elle était tout sauf angoissante ou menaçante, bien au contraire. Le soleil brillait dans l’eau translucide du ruisseau, comme un ciel étoilé mais en plein jour. Koda se souvenait qu’à chaque fois qu’il s’engageait sur la gauche du ruisseau, une femme aux longs cheveux blond se baignait jusqu’au bassin, elle était de dos, et elle chantait dans une langue inconnue. Sa peau était blanche et nacrée comme les perles que l’on trouve dans les coquillages, ces cheveux aux reflets d’or tombaient gracieusement sur ces courbes. Koda voulait s’approcher plus, mais chaque fois qu’il commençait une phrase il se réveillait. Et les fois où il s’engageait sur la droite du ruisseau, une femme aux longs cheveux noir, se baignait de face à quelques mètres de lui, elle le fixait juste droit dans les yeux, tout en brossant ces cheveux. Et dès que celle-ci se tournait, Koda se réveillait.
Son deuxième rêve était son préférer, Koda voyait une autre femme, au visage d’ange, de grands yeux vert perçant, la peau satinée, les cheveux si blonds qu’on les voyait blanc. Cette femme était comme allongée près de lui, elle lui caressait les cheveux en souriant. Elle lui avait parlé une seule fois, elle s’appelait Kaya. Mais au moment de partir, Kaya pleurait toujours. Koda n’a jamais réussi à la toucher ne serais-ce qu’un peu. Kaya prenait peur à chacun de ces gestes. On ne pouvait pas dire si c’était une femme ou une jeune fille au premier abord, son visage était si innocent, son air était si craintif. Koda était amoureux d’elle depuis sa première apparition.
Les années passaient au fil des saisons, et les deux garçons devinrent deux jeunes hommes. Alex revint au village pour ces 19 ans. Tout le village était en fêtes, plusieurs de ces habitants partis à la ville ne revenaient que très peu. Mais cette année-là, une dizaine de jeunes gens revenaient. Koda, Gabriella et Raya attendaient devant tout le monde afin d’apercevoir Alex. Cela faisait déjà 4 ans qu’il n’était plus rentré.
- Maman !
Une voix sortait du cortège, elle était grave et puissante.
Gabriella la reconnu malgré les octaves en plus.
- Alex ! Mon fils ! Mon bébé !
Gabriella courait et slalomait entre les chevaux et les gens. Un bel homme à cheval s’arrêta. Il descendit et prit Gabriella dans ses bras.
- Maman. Tu m’as tellement manqué.
Alex était si grand et si bien bâti, il avait énormément changé.
- Tu ressembles tellement à ton père !
Gabriella était très émue, elle pleurait dans les bras de son fils.
Koda et sa mère arrivèrent à leur hauteur. Les deux amis se firent une accolade franche, mais pleine d’émotions.
- Tu as sacrément pris en volume ! Lâcha alors Koda en touchant le bras d’Alex.
- Oh ! Mais parle pour toi mon ami. Rétorqua dans un sourire Alex en touchant le ventre de Koda.
Une fête était prévue le soir même, avec des chants, des danses, de l’alcool et de la nourriture. Alex, Gabriella et Raya dansaient ensemble, Koda était réquisitionner la première partie de la fête le temps de tout finir de préparer pour le banquet. Une fois fini, Koda remis son tablier à Monsieur Decru.
- Amuses toi bien mon petit bonhomme !
- Merci Monsieur, vous aussi !
Le vieil homme le salua de la main et Koda courût presque pour rejoindre sa petite troupe.
Dans la foule, il reconnut Alex qui aidait leurs mères à porter les assiettes de nourritures jusqu’à leur table. Une fois assis Alex commença à raconter la vie à la ville, ses entrainements, les fêtes, les filles, le seigneur Augurg… etc. Puis, voyant que son ami Koda n’écoutait pas vraiment il lui tapa dans le dos si fort que Koda manqua de s’étouffer.
- Et toi Koda ? Qu’est que tu deviens ? Toujours boulanger ?
- Eh bien oui comme tu as pu le remarquer j’ai travaillé avant de vous rejoindre. Je me suis occupé de ma mère et j’ai aidé ta mère quand il y avait besoin. J’ai continué notre vie mais sans toi. Répond alors Koda.
- Intéressant, et merci pour ma mère, je ne sais pas ce qu’elles seraient devenues si nous étions partis tous les deux. Et question croustillante, est-ce qu’il y a eu une demoiselle ? Je parie sur Lia !
Raya rougit.
- Alex… Vous ne pourriez pas attendre qu’on rentre ta mère et moi pour avoir ce genre de conversation ? Demande Raya alors gênée.
- Elle a raison Alex, on ne tient pas à avoir ce genre de détails. Vient Raya on rentre, il se fait tard.
Les deux femmes partent.
Alex regardait alors Koda pour qui lui explique ce qu’il avait fait de mal. Koda fit mine de ne pas comprendre et répondit simplement à la question d’Alex.
- Je n’ai jamais eu quelqu'un dans ma vie, mais mon cœur est pris depuis plusieurs années.
Annotations