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La pluie glaciale tombait avec force sur les parapluies noirs. Il y avait un petit vent froid qui n'apportait aucune bonne odeur de pain chaud, seulement celle de la terre fraichement retournée. On ne pouvait voir plus loin que 100 m tant le brouillard y était présent. Sur les arbres à l'allure fantomatique, il n'y avait aucune feuille, aucune trace de verdure. Ils étaient morts, aussi morts que son âme dans cette matinée d'enterrement. Le cimetière de Paris était quasiment vide. Il n'y avait que lui et le prêtre fasse au cercueil. Lui, le visage morne baigné de larmes qui se mélangeaient aux gouttelettes. Autour de lui, les stèles mortuaires lui rappelaient tous ceux qu'il avait déjà perdus. La poussière et les fleurs fanées ornaient les tombes de ses proches et bientôt viendrait décorer celle de sa bien-aimée. Il lança une fleur blanche dans la fausse et s'éloigna dans la brume. La pluie continuait de tomber sur les habitants en noir. Le temps était gris et morne, sans couleur et insipide. Aucune musique à l'horizon si ce n'est celle de la circulation dense du lundi matin.

 Autour de lui était flou, les lumières trop vives venaient agresser ses pupilles. Les Klaxons des conducteurs résonnaient avec violence dans ses oreilles. Devant lui, le trottoir tournait, ou peut-être que c'était lui qui tournait. Il éclata d'un rire gras entre deux rots malodorant, vite rejoint par celui d'une fille stone. La musique de la boite de nuit résonnait dans toute la ruelle. L'odeur de l'alcool et du tabac flottait dans l'air particulièrement chaud de cette fin de soirée. Dans le ciel bleu nuit, aucun nuage à l'horizon, mais beaucoup d'étoiles. Il allait faire beau le lendemain. Il porta sa bouteille à ses lèvres et but une grande rasade de vodka. Depuis longtemps, il ne ressentait plus le gout du liquide sur sa langue pâteuse. Dans la nuit, une bouteille en verre éclata sur le sol, suivi d'un autre rire. La porte de la boite s'ouvrit laissant s'échapper les dernières notes d'une chanson entrainante et les : une autre ! Une autre ! Euphoriques. Il se mit à chantonner les paroles tout en continuant de tituber au milieu de la circulation. L'alcool rendait vraiment les personnes heureuses et en cette nuit pour la première fois depuis longtemps, il l'était.

 Le film diffusait sur le grand écran avait rendu plus d'un complètement excité. Comment auraient-ils pu ne pas être attirés face à cette généreuse poitrine qui apparaissait en gros plan ? Dans la petite salle de cinéma, pas un bruit de mastication venait troubler la voix sensuelle de l'actrice. Les hommes, autant que les femmes, le regard lubrique, expulsaient de petits soupirs. La température avait grimpé en flèche. Il faisait bien trop chaud et humide. Il exultait une odeur de sexe dans la salle sombre. Il s'était assis seul au dernier rang, l'excitation déformant ses traits du visage. La pénombre permettait de cacher ses mouvements frénétiques. Il n'était pas le seul à s'adonner aux plaisirs de la chair. Deux rangs devant lui, une femme n'avait pu s'empêcher, elle aussi, de s'y adonner. À l'écran, l'actrice fut rejointe par un acteur chauve plutôt polyvalent. Tandis que les souffles exaltés et les gémissements résonnaient dans la salle de cinéma, il se libéra en silence.

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