[15] Ushnag et Nécros

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La cité était en feu.

C’était une puissante cité fortifiée protégée par de haute murailles et un château dont les tours pointaient orgueilleusment vers le ciel… et pourtant elle était en flammes. Grâce à ses puissantes machines de guerre, la horde d’Ushnag avait abattu ses murailles, et les orques parcouraient les rues dans tous les sens à la recherche de survivants, en poussant des hurlements d’allégresse.

Dans la rue principale, le char d’Ushnag se dirigeait lentement vers le grand temple des humains, ou les dignitaires de la ville l’attendaient à genoux, en gage de soumission.

Mais soudain, un puissant guerrier breton lui coupa la route.

— Qui ose se mettre sur le passage du Xarkhan Ushnag ? S’exclama Ushnag.

Le guerrier tira son épée et la pointa vers le chef orque.

— Xarkhan Ushnag ! Je suis le Prince Clovis, et je suis là pour te faire payer tes crimes.

— Oh, mes crimes ? répéta le chef orque. Une petite ville sans intérêt, des vieux murs et une bande de snagas incapables de se défendre. Haï ! Il ne vous faut pas grand-chose pour faire un crime.

— Le destin de cette ville et de ses habitants m’indiffère, répliqua Clovis. Pendant ton attaque, TU AS BRISE LE VASE DE SOISSON ! Et tu vas le payer de ta vie.

Bien que faiblement armuré, le guerrier était à la fois magnifique et redoutable, une longue cape écarlate qui flottait au vent, ainsi qu’un casque orné d’une immense paire de cornes indiquaient clairement son statut princier, et le sourire carnassier qu’il exhibait sous ses énormes moustaches n’augurait rien de bon pour Ushnag.

Le guerrier leva brusquement sa hache et se rua à l’attaque.

* * *

Réveille-toi !

Ushnag se redressa d’un bond ! Le sorcier était devant lui.

Avec son teint blafard, son regard fixe et l’odeur de pourriture qui flottait autour de lui, ça ne pouvait être qu’un sorcier. Et s’il était possible de mesurer la puissance d’un sorcier à sa puanteur et sa laideur, ce sorcier était probablement le plus puissant du continent.

Ushnag venait de sortir d’un cauchemar endormi pour entrer dans un cauchemar éveillé.

Et bien, Xarkhan Ushnag ! Tu semble surpris de me voir. Pourtant, tu as demandé mon aide.

— Qui êtes vous ? Demanda Ushnag avant de se rendre compte de la futilité de la question.

Remettons les présentations à plus tard. Ton camp est sur le point d’être attaqué par de misérables humains. Tu dois garder le contrôle de la situation… Ensuite, nous aurons une longue conversation.

Sur ces mots, il disparut, Laissant le Xarkhan à sa perplexité.

— Un cauchemar ! C’était juste un cauchemar… Non ! C’était deux cauchemars. Un cauchemar normal avec un guerrier qui fait une crise à cause d’un vase de nuit, et un cauchemar bizarre… c’est le résultat des racontars de Grigroth. Et bien tant pis pour Grigroth, je vais lui apprendre à se moquer de moi…

Mais Ushnag n’eut guère le temps d’en dire plus, un cri d’alarme retenti et les appels aux armes lui firent immédiatement écho. Ushnag prit son épée et se rua à l’extérieur.

* * *

Le camp des orques était en feu… exactement comme la cité bretonne dans le rêve d’Ushnag. Les guerriers couraient aux armes, Ushnag en saisit un au passage.

— Qu’est ce qui s’est passé ? hurla-t-il aux oreilles du malheureux.

— Le prisonnier gnome, le nain génieur ! Répondit le guerrier. Il s’est échappé… on ne sait pas comment il a fait, mais deux loups maléfiques ont attaqué les braves qui le poursuivaient tandis qu’un sorcier crachait des flammes sur le camp.

— Un sorcier ? Haï ! Sûrement un sorcier plus puissant que le mien, mais ça ne doit pas être difficile à trouver…

Et d’un geste sec, il repoussa le guerrier qui perdit l’équilibre et lança des ordres à tue-tête. Il n’avait pas la moindre idée de la valeur de ses ennemis, ni du nombre de guerriers susceptibles d’obéïr à ses ordres en cet instant précis, mais il considérait qu’en toutes circonstances, un chef devait donner des ordres et surtout ; veiller à ce que personne d’autre n’en donne à sa place.

— Warg ! Cria un guerrier.

— Hir zatar Warg ! Meugla le xarkhan en réponse.

C’est alors qu’il aperçut son adversaire.

C’était bien un loup. Ushnag en avait souvent combattu, par nécessité ou pour le plaisir de la chasse, mais jamais il n’en avait vu d’aussi féroce. La créature était aussi grande qu’un sanglier, elle se jouait des pitoyables tentatives des orques pour l’atteindre alors que ses crocs traversaient les armures pour arracher les bras et les jambes.

— Il y en avait deux ! Souffia une voix près du chef orque. Mais l’autre a pris la fuite.

C’était le guerrier qu’il avait bousculé quelques instants plus tôt.

— Celui-là ne fuira pas ! Répliqua Ushnag. Je le tuerai avant.

Lorsque le Xarkhan Ushnag se trouva en face du loup, les guerriers orques s’écartèrent aussitôt. Ushnag et son adversaire se dévisagèrent en silence, comme s’ils se reconnaissaient… Pendant quelques instants, le loup secoua la tête comme s’il rechignait à combattre.

De son côté, Ushnag bouillait de rage. Il se rua sur la créature et une furieuse mêlée s’engagea.

Les guerriers orques s’écartèrent prudemment pour observer le combat à distance, mais bientôt, ils furent rejoints par un curieux personnage à la peau livide, revêtu d’un suaire blanc et dégageant une odeur pestilentielle, même pour les critères orques.

L’épée magique d’Ushnag faisait des prodiges, mais le loup semblait invulnérable et il mordit le chef orque à plusieurs reprises. Les guerriers orques, d’abord persuadés que leur chef l’emporterait aisément, commencèrent à douter et certains s’éloignèrent, estimant sagement que les autres termineraient bien le combat sans eux après la mort du Xarkhan.

Lorsque ce dernier poussa un hurlement de douleur, avec l’avant bras droit pris par la mâchoire du loup, les derniers spectateurs se mirent à l’écart, sauf un… l’étrange individu au suaire blanc.

Alors qu’Ushnag donne des ordres, Necros assiste à la débacle sans intervenir…

— I ddwyn bywyd ! Hurla l’homme au suaire en pointant la main vers la créature.

Aussitôt, un éclair verdâtre surgit de sa main et frappa le loup qui lâcha sa proie et se roula au sol, frappé par une atroce douleur. D’étranges filaments verdâtres s’enroulèrent autour des blessures d’Ushnag qui se refermèrent aussitôt.

— Quelle est cette magie ? S’exclama Ushnag en se relevant.

De son côté, le loup était à l’agonie. Ushnag lui enfonça son épée dans la gorge et se tourna vers son sauveur.

— Qui que vous soyez, Xarnadz, merci de votre aide.

Dans la langue orque, « Xarnadz » désigne un magicien de très haut rang.

— Vous n’êtes pas tiré d’affaire, répondit le magicien. Le loup vous a mordu et vous pourriez être infecté par une terrible malédiction… le contenu de ce flacon vous protégera, mais ne prenez qu’une seule gorgée. Une dose trop forte vous tuerait.

Nécros, car c’est bien lui, tendit au Xarkhan une fiole remplie d’un liquide brunâtre.

— Ça pourrait me tuer ? Et qui me prouve que je dois avaler ça ?

— Seulement si vous en prenez trop… mais si vous n’en prenez pas, vous deviendrez vous-même une bête incontrôlable et assoiffée de sang jusqu’à ce que vos propres guerriers vous tuent. J’ai déjà eu affaire à ce loup à l’époque ou il était encore humain, un redoutable assassin. Regardez le bien : dans quelques secondes, il va reprendre son apparence.

En effet, le corps du loup fut pris de spasme. Peu à peu, ses bras et ses jambes s’allongèrent alors que sa fourrure disparut et que sa mâchoire se rétrécit. Et en quelques minutes, le corp du loup n’était plus et le cadavre d’une créature humanoïde gisait aux pieds de Nécros et du chef orque.

Mas cette créature n’était pas un humain.

— Gombagh ! s’exclama Ushnag.

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