Le Contrat

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[chapitre provisoire - nouvelle version au chapitre suivant]

Un rire démoniaque résonna aux oreilles de Fizran. Il ne se retourna pas. Il ne savait que trop bien ce qu'il verrait. Son pied heurta un rocher, il ne s'arrêta pas. La douleur l'obligea cependant à ralentir sa course. Il savait maintenant qu'il n'avait plus la moindre chance d'échapper au combat.

Il ferma les yeux et se concentra sur les bruits de course de son poursuivant. Et soudain, il se jeta sur le côté et fit tournoyer son sabre à l'endroit précis ou il se trouvait une seconde auparavant. Sa lame ne rencontra que le vide.

L'homme-loup était désormais devant lui.

Il se tenait debout sur ses pattes arrières et tenait à la main un long sabre recourbé semblable à celui de Fizran.

— Toujours aussi lent, Fizran ! Il faut te rendre à l'évidence, je te surclasse dans tous les domaines, je suis plus rapide, plus rusé et plus fort que toi. Je pourrais même te battre à l'épée, un domaine dans lequel tu as la prétention d'être imbattable.

— Approche donc ! répliqua Fizran. Et je te montrerai à quel point tu te trompes.

Pour parfaire son apparence monstrueuse, l'homme-loup portait un pantalon de toile noir, une cape et un chapeau de même couleur. On aurait dit un de ce croque-mitaines des livres de contes pour enfants. Mais ce n'était pas un héros de conte mais un adversaire redoutable. Le pire que Fizran ait jamais rencontré.

— Je n'ai pas besoin d'approcher, fit l'homme-loup. C'est à toi de venir à moi. C'est toi qui doit m'affronter pour réussir l'épreuve. L'aurais-tu oublié ? Mais j'y pense, tu as déjà échoué...

Et c'était vrai, Fizran avait déjà vécu cette scène. Tout ceci n'était qu'un souvenir.

— Fiche le camp, Lupin ! Je te retrouverai un autre jour.

— Oh non Fizran, c'est moi qui te retrouverai.

Et subitement, l'homme-loup disparut.

Une respiration sourde se fit entendre, puis une voix résonna dans l'esprit de Fizran.

— Bonsoir, Assassin. Avec qui parlais-tu ?

Et Fizran comprit la raison de la disparition de l'homme-loup.

— Décidément, tout le monde entre dans mon esprit comme dans un moulin.

Dans le même temps, il s'efforça à faire le vide dans son esprit. Sa rencontre avec l'homme-loup était un secret qu'il ne voulait partager avec personne.

— Personne à part moi n'est entré dans ton esprit, si ce n'est ta propre mémoire.

« Une page blanche, pensa Fizran. Il faut que je ne pense à rien. Ou plutôt, il faut que je pense à des choses que je n'ai pas à cacher... »

— Ah, je vois que tu n'as pas oublié Nécros, fit la voix. Est-ce avec son fantôme que tu parlais.

— Oui seigneur, répondit Fizran avec une conviction feinte. Quelques minutes avant de mourir, il était encore en train d'établir la listes des magiciens qu'il voulait me faire tuer... et je dois dire qu'il y prenait beaucoup de plaisir.

— Et toi ? Est-ce que tu t'es amusé en le tuant et en tuant ses apprentis ?

— Tuer les ennemis du Sultan est mon métier, pas un plaisir. Et puisque mon mentor vous a offert mes services, je tuerai également les vôtres. Bien que je ne sache rien de vous.

— Et cela est fort bien. Je veux que tu accomplisses ton travail sans état d'âme et que tu restes dans l'ignorance à mon sujet. N'essaie pas de connaître mes secrets et je n'essaierai pas de connaître les tiens, Bien que je me doute qu'il doivent être terribles pour t'inciter à prendre des drogues aussi fortes pour les oublier.

Fizran ne put s'empêcher de frémir. Malgré sa discrétion affichée, son employeur en savait décidément beaucoup trop.

— Avez-vous encore besoin de mes services ? demanda-t-il pour éloigner la conversation d'un domaine qui ne lui convenait pas.

— Oui, fit la voix. Tu vas retourner dans les rocheuses, j'ai ouvert pour toi un passage magique et je t'ai laissé des instructions pour le franchir. Tu devras retrouver une personne que tu as déjà affronté pendant ta dernière mission et t'attacher à ses pas. Il s'agit de ce chevalier qui commandait l'escorte d'Antonius.

— Le chevalier Eadom! murmura Fizran.

Puis il se réveilla.

Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était toujours sur sa paillasse, dans la cave ou il s'était endormi. Jusque là, tout était normal. Ce qui l'était un peu moins, c'était la lanterne posée sur le sol. Fizran n'employait jamais de lanterne. Il y voyait dans l'obscurité comme un chat.

Sa jambe était entravée par une chaine métallique, ça non plus ce n'était pas normal.

— Merde ! grogna-t-il.

— Tu veux les clés ?

Elle ne devait pas avoir plus de quinze ou seize ans et se tenais dans l'entrebaillement de la porte.

— Envoie ! répondit-il.

Les clés volèrent jusqu'à lui, il les attrapa au vol.

— Tu sais, ma petite chatte, si j'avais eu une crise, ces chaînes ne m'auraient pas retenu bien longtemps. Je t'avais ordonné de me laisser seul, de sortir et de verrouiller la porte, mais tu n'en fais qu'à ta tête, comme d'habitude.

— Qu'est ce qu'il y a dans ces flacons ? demanda-t-elle en désignant une sacoche posée au sol.

— Interroge ton nez, répliqua-t-il. Tu es décidément trop curieuse.

— Morelle noire, Belladone, Opium et Aconit... beaucoup trop d'Aconit pour un calmant si tu veux mon avis... Avec ce que tu as pris, tu devrais être encore endormi, et un homme normal serait mort.

— Si j'étais un homme normal, j'aurais dormi dans mon lit.

Un cliquetis métallique se fit entendre, son pied était enfin libre.

— Tu as eu beaucoup de chance que j'ai pris ce poison, et que je l'ai suffisament bien dosé pour ne pas me réveiller plus tôt... allons, aide-moi à m'habiller, je dois voir le précepteur avant de partir.

— Tu ne m'aurais jamais fait de mal, jamais ! Même drogué au dernier degré.

— Ma petite chatte sauvage, je ne suis ni ton père ni ton petit ami. Je me sers de toi pour espionner ou assassiner ceux que notre précepteur considère comme les ennemis du Sultan. Et si demain il m'ordonne de me débarrasser de toi parce qu'il t'estime plus dangereuse qu'utile, je le ferai sans la moindre hésitation, même sobre comme un moine... donne-moi mes bottes !

— Les voilà! Tu pars encore en mission ? Toujours pour le même client ?

— Toujours ! Mais je pars l'esprit tranquille puisque tu es assez maligne pour me remplacer.

— Tu ne nous a jamais dit qui était ce client. Est-ce un Kytar ou un étranger ? Un magicien, un roi ou un maître de guilde ?

Fizran boucla sa ceinture et ajusta son chapeau sur la tête.

— C'est un dragon ! s'exclama-t-il en partant.

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