— Bouge plus !
À peine avais-je refermé la porte de chez moi que je sentis la mort dans mon dos, pointée sur mon occiput.
— Tourne-toi !
Je m'exécutai. Un homme cagoulé aux yeux presque noirs se tenait devant moi, immobile, armé d'un pistolet avec silencieux.
— Alors ça y est ? fis-je, sang froid conservé. Fais-moi au moins le plaisir de me dire qui t'envoie ?
— Famille Baccioli.
— Je vois... Toutes les bonnes choses ont une fin.
— Violer et tuer la fille d'un père de la mafia italienne... Tu devais bien te douter qu'il y aurait des représailles.
— Je ne l'ai su qu'après par les infos. Pour moi, c'était qu'une simple touriste. Pas de bol, voilà tout. Et toi, est-ce que t'as la moindre idée de ce que cette fille faisait aux hommes ? C'était une putain de veuve noire. Elle a eu ce qu'elle méritait.
— Lex Talionis !
— Exactement. Œil pour œil, dent pour dent. C'est comme ça que je procède, moi.
— Tu te prends pour Batman ?
— Et toi tu te prends pour qui ? Kuklinski ?
— Pour un simple opportuniste avec quelques limites. Pas de viol. Pas d'enfants. Pas de torture physique, sauf exception. Tu peux donc déjà te réjouir.
— Formidable ! Youpi !
— Content que ça te réjouisse.
— Si c'est l'argent qui te motive, qu'à cela ne tienne. J'ai un coffre en haut, dans ma chambre. Code à six chiffres. Autant dire que si tu comptes me buter tout de suite... Je ne te fais pas un dessin.
Je vis l'intérêt naître dans son regard.
— Pourquoi tu me le dis ? Je te le fais ouvrir et je te bute après. Débile ou louche, j'hésite encore.
— Tu m'as eu en beauté. J'ai une certaine admiration pour les belles approches. Disons que c'est le dernier cadeau d'un mort en sursis. Et puis, je n'en ferai plus rien, autant que ça serve.
— Mouais... Passe devant, m'ordonna-t-il en agitant son canon.
Nous montâmes les escaliers jusqu'au premier étage avant d'arriver dans la pièce en question.
— Il est là.
— Ok. Ouvre-le et on verra.
Mon futur meurtrier s'était arrêté devant la porte. J'avançai vers le coffre à ras de sol, solidement encastré dans le mur. Je vérifiai une dernière fois la position de mon nouvel ami. Inchangée. Le code correspondant était donc :
— 1 1 2 7 7... et 8 !
Une rafale de balles traversa le placoplâtre, criblant tout le côté droit du thorax de mon assaillant, aussitôt à terre. En phase agonique, je balayai aussitôt son arme du pied avant de la ramasser. Je n'avais plus qu'à le regarder mourir, dans son sang.
— Bien... joué... enc...
— Fair play. Merci. Je t'avais pourtant presque prévenu ! Les belles approches...