73. Journal du Dragon bleu
Journal, l’armée des Kaaïns est née.
Ma déesse a ramené à la vie des milliers de créatures comme moi ; des créatures de Lumières, puissantes, immortelles. Je regardais, émerveillé, à mesure que ces créatures revenaient à la vie. Leur volonté de vengeance est aussi palpable que la mienne. Tous ont leur propre raison de se battre. Tous ont la rage de vaincre l’injustice qu’ils ont subie.
Même si cela prends des cycles lunaires, nous écraserons les humains, la victoire est la seule issue possible.
L’Armée de Créatures de Lumières a peur de moi, son General. Je peux voir leurs yeux briller d’admiration et de crainte. C’est pour cette raison que ma Déesse m’a confié son armée. Elle sait qu’ils m’obéiront. Mais elle sait ce que je suis et elle me surveille. Mon monstre est avide de violence. Il a cru la duper, mais on ne dupe pas un Dieu. Elle peut voir à travers moi, elle peut voir à travers mon monstre.
Je ne suis pas son égal. Je ne le serais jamais.
Journal, nous avançons sur la terre des humains et anéantissons tout sur notre passage.
Nous avons conquis tous les territoires du nord ; des territoires immenses et riches. Il ne reste plus rien des humains qui dirigeaient ces terres paradisiaques, des monstres qui vivaient dans ces contrées sublimes ; le Royaume de Jenna. C’est désormais notre territoire. Bientôt tout Menaskalig sera à nous.
Journal, nous voilà arrivés à la cité Impériale de Menaskalig.
La cité de Doumah était spectaculaire. J’ai vite compris pourquoi toutes les attaques de mes congénères avaient échoué. Je n’avais jamais rien vu de telle : bâtie sur les hauteurs de la montagne, elle paraissait effectivement inaccessible. Des symboles d’anti-Lunsor étranges étaient gravés sur l’énorme porte de l’entrée de la cité, au pied de la montagne et partout sur les murs de Doumah. Il n’y avait certainement pas moyen d’escalader la roche. Transplacer était impossible. Ils avaient l’avantage de la hauteur, rendant toute tentative de percer la porte fort risquée. Tout ce que nous pouvions faire c’était un siège. Mais c’était certain, cela prendrait beaucoup de temps pour venir à bout de cette cité gigantesque. L’impératrice des Humains était paisiblement cachée derrière ses murs solides, persuadé de sa toute-puissance. Lâches !
Les cycles lunaires passées, et l’Impératrice n’était toujours pas prête à se rendre. Aucun dans la cité impériale ne semblait inquiet de la situation. Ma déesse suspectait qu’ils avaient trouvé une façon de faire entrer des denrées alimentaires et autres dans la cité sans que nous nous en apercevions. Je commence à penser qu’elle a raison.
Si les choses continuaient ainsi, nous n’arriverions jamais à bout de notre objectif. Pour la première fois, Ma déesse paraissait impuissante devant ce colosse de roche. Elle aussi ne pouvait pas transplacer dans la cité Impériale. Comment pouvons-nous passer outre ses barrières ? Ma déesse semblait désemparée. La vengeance, la justice était à portée de main, juste au-delà de ces murs. Nous ne pouvions pas nous arrêter là.
Je devais trouver une solution. Il était de mon devoir de tout faire pour satisfaire ma déesse. Elle qui m’a tout donné. Je lui dois tout. Mais comment pouvais-je l’aider ?
Journal, un dilemme se présente à moi.
Nous avons enfin trouvé comment ils faisaient passer des choses dans la cité ; il y avait à notre connaissance trois tunnels souterrains accédant à la cité. Le monstre m’a alors soufflé l’idée : et si j’infiltrais la cité ?
Empoisonne l’esprit de ces monstres.
Tu sais que tu réussiras. Oui, tu l’as déjà fait par le passé !
Séduire est une deuxième nature pour toi.
Tu sais que tu peux les faire crier de milles façons différentes.
Aide-moi journal, je ne sais quoi faire. Le doute s’est installé dans mon esprit. Dois-je écouter la voix malfaisante de mon monstre ?
Car il y a peut-être une façon d’en finir, mais j’ignore si j’en suis capable. La déesse me disait toujours que si je veux vraiment quelque chose, alors je peux l’obtenir. Je désire redonner espoir à ma déesse. Plus que tout, je veux réaliser son rêve, celui d’anéantir la maudite espèce humaine. C’est une guerre sainte. C’est une guerre juste.
Pour toi, ma Déesse, je ferais n’importe quoi, car ta quête est sacrée, elle est divine. Pour toi, je trahirai, volerai, terroriserai, défigurerai, brulerai, torturerai, tuerai, massacrerai quiconque se met sur ton chemin céleste. La violence m’appelle, elle hurle dans mes oreilles et j'y répondrais avec ardeur : Je suis là ! Pour votre malheur et votre plaisir, je suis là, belle violence !
Si tel est mon destin, alors qu’il en soit ainsi. Je te le promets, Déesse du Monde ; je ne te décevrais pas. L’Impératrice tombera sous mes mains et tu verras, l’Empire sera à toi.
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