Une naissance, une affection

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Je devais avoir environ huit ans quand je le vis pour la première fois. En vacances chez mes grands-parents pour soulager maman qu'une grossesse difficile avait fatiguée, j'étais rentrée trop tard pour être présente le jour de la naissance. Je ne reviendrai pas sur ces congés estivaux qui furent, je crois, les pires de ma vie.

Là n'est pas mon propos. Je parle de mon admiration quand j'aperçus son adorable frimousse. Ce n'était pas le premier bébé que je voyais. Quatre l'avaient précédé, et j'avais des souvenirs précis de ma petite sœur.

Non, sa différence m'emplissait le cœur de tendresse. Sa lèvre, fendue d'un bec-de-lièvre, me sembla tout d'abord étrange, mais rapidement mignonne. Je m'en amusais, car il n'avait rien d'un lapin. Son petit visage fripé grimaçait aisément pour pleurer et je n'avais pas remarqué le bout d'une oreille ou d'une queue en pompon.

J'en étais gaga. Je délaissais mes jouets pour l'observer tendre les mains vers un rayon de soleil, attraper mes cheveux que je portais longs. Je le laissai faire, toute à mon ravissement. Je crois que ce fut la première fois que s'éveillait un sentiment maternel.

Mon cœur d'enfant sensible et facilement impressionnable avait été marqué par ce petit bout de chou, que nous avions eu si peur de perdre.

Un miracle. Pour nous tous, voilà ce qu'il fut. Il a uni notre famille autour de lui. Quelle joie quand il prononça ses premiers mots, lui avec qui nous communiquions par langue des signes ! Allégresse quand il marcha, lui qui devait être en fauteuil pour la vie !

Ce sentiment d'affection qui m'emplit quand je pense à ses progrès dépasse de loin l'irritation que je peux ressentir à son égard, car c'est un enfant comme les autres.

Mais jamais je ne pourrai oublier ce minois qui émut mon âme quand je le voyais posé sur mes genoux par les mains prudentes de maman. Nous étions alors investis de cette mission de protecteurs.

Et c'est toujours le cas. Son existence m'a fait grandir. J'ai compris combien chaque personne à un prix infini. C'est lui qui a manifesté en moi ma vocation d'orthophoniste et mon attirance pour la LSF et les métiers qui s'y rattachent.

Alors, merci. Tu ne liras sûrement jamais ce texte, car j'aurais peur que tu ne prennes la grosse tête et que je m'en veuille toute ma vie, mon rayon de soleil.

Et pardon si je suis parfois dure ou énervée. Je t'aime très fort, et rien ne changera jamais cela.

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