Chapitre 28F: septembre 1779 - janvier 1780

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Ma nièce reprit l'école au mois de septembre, elle se fit sermonner pour son absence, selon elle, la bonne sœur lui aurait dit : Marie – Louise, je sais que vous n'aimez pas l'école mais vous devez la fréquenter assidûment, c'est important.

Elle avait surtout retenu le fait que l'on avait appelé par son nom complet, ce qu'elle détestait de plus en plus.

—''Quel âge avez-vous Malou aujourd'hui ? Lui demandais - je ce lundi treize septembre tandis qu'elle s'apprêtait à souffler ses bougies d'anniversaire.

—''Neuf ans ! Cria-t-elle fière en soufflant la flamme de chacune de ses neuf bougies dont la cire en fondant dégoulinait sur le gâteau.

Il faisait froid dehors, les carreaux étaient blancs de givre, nous étions au mois de novembre et j'étais bien au chaud sous mes couvertures, sans avoir envie de me lever.

—''Maman… Dit -il en se glissant sous les draps pour profiter de la chaleur de l'endroit.

—''Trésor…

Il se repris, l'air très sérieux, et me regarda.

—''Maman, eque je suis magique ?

—''Magique ? Oh Émile, je suis à peine réveillée que vous me posez déjà de ces questions…

—''Mais vous m'aviez parlé que le bébé il était rendu magique par Dieu.

—''Mon fils… Restez au chaud avec moi et arrêtez de me poser des questions…

—''Je veux repâtir monsieur Gerbure maman !

'' —''Rebâtir'' Émile. Il faut prendre son déjeuner d'abord, et s'habiller chaudement !

Les questions fusaient dans l'esprit de mes fils, que ce soit Émile ou Léon – Paul, mais Émile était plus curieux que son frère.

Cet hiver-là, Monsieur Gerbure fus reconstruit, enfin il eut du mal, puisque Émile prenait un malin plaisir à démonter l’œuvre que son frère passait son temps à remonter. Émile se moquait aussi de son frère qui boitait, ils étaient taquins entre eux, ils aimaient se chercher des ennuis. Léon – Paul faisait souvent la misère à son petit frère en lui tirant les cheveux ou en le tapant quand j'avais le dos tourné, alors Émile se vengeait. Cela se terminait souvent en larmes, Émile sanglotant dans mes bras en réitérant la même phrase :

—''Maman… Léon – Paul il m'a tapé…

Je m'étonnais, car souvent, en moins de cinq minutes, ils étaient redevenus complices comme jamais.

Émile, inséparable de son ami François, préférait de loin jouer avec lui, Gabrielle s'extasiait devant son fils unique qui grandissait, il venait en effet d'avoir quatre ans.

Mon mari, qui lisait son journal, ajusta ses lunettes et s'étonnait en lisant l'article.

— Écoutez donc cela Louise. ''La première sage-femme exerçant à l'hôtel Dieu de Montmorency, Élisabeth Bourgeois, épouse du fameux chirurgien Baugrand, vient d'être nominée, ce vingt – deux décembre, par le titre officiel de sage - femme''

—''Gustavine serait très heureuse d'entendre cela, je lui dirais demain.

Le lendemain je lui disait, elle était très heureuse, et cela ne faisait que confirmer son souhait d'exercer cette profession.

Léon – Paul me réclamait de faire du clavecin, et ce, depuis qu'il était parti en vacances avec ses cousines. En effet, Françoise et Henriette apprenait l'instrument, c'était leur père Louis qui leur dispensait des leçons car il avait toujours très bien su en jouer. Comme cadeau exceptionnel pour la Saint – Nicolas de cette année, Léon en avait fait installer un dans le salon. Mon fils était vraiment très heureux, aussi je devais tout réapprendre pour pouvoir lui dispenser des cours, mes dernières leçons remontant à des décennies. Qui aurait pu m'apprendre ? Et puis, pourquoi chercher loin ? Lorsqu'un soir je lui demandait s’il connaissait quelqu'un qui aurait pu me donner des leçons, mon mari m'avouait qu'il avait fait du solfège, mais qu'il n'avait plus aucun souvenir de ses apprentissages.

Ce fut impossible pour moi de réapprendre ce que je n'avais jamais vraiment appris, et puis je crois que Léon – Paul n'avait pas plus de patience que moi, il s'énervait vite quand il n'y arrivait pas et le clavecin finissait par prendre la poussière au milieu du salon.

Michel en revanche était un jeune garçon patient, il voulait apprendre à jouer, et pour lui, j'étais prête à reprendre sérieusement mes apprentissages.

Et voilà. Nous quittions la décennie qui avait vu ma sœur mourir et mes enfants naître, le premier janvier 1780, Émile avait quatre ans.

Mon enfant recevait un chapeau et une canne à pêche pour cette occasion. Mon mari avait découvert ce loisir il y a peu de temps et il comptait bien initier son fils les dimanches après – midi. Aller pêcher dans l'étang avec son père, Émile ne demandait que cela.

Michel apprenait bien, je suivais des leçons de clavecin avec une amie de Gabrielle venue de Paris, qui avait accepté de m'aider en sachant son handicap. Une jeune femme qui posait beaucoup de questions sur la cécité de mon neveu. Alors que j'aurais pu la croire indiscrète, au contraire qu'elle s'intéresse à Michel me ravissait. Elle s'appelait Joséphine et j'aimais sa patience, sa pédagogie avec mon neveu qui l'aimait bien. Le soir de la première fois qu'elle venait, il me disait qu'elle sentait la rose, et que sa voix était douce comme ma peau.

Léon, après que j’eus invité Joséphine à souper avec nous un soir, me disait qu'elle était envahissante, je ne trouvais pas, mon neveu appréciait beaucoup cette femme qui lui donnait l'attention dont il avait besoin et surtout, elle était gentille et patiente.

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