Chapitre 21F: février - avril 1773

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Michel fêta sa première année en février, avec des premiers pas à l'aveugle, il tâtait tout, que ce soit les cheveux et le visage de sa mère et tendait ses mains devant lui pour parer les éventuels meubles ou obstacles de toutes sortes. Je m'agenouillais près du lit de Camille et lui tenais les mains. Je trempais son drap de mes larmes, j'enfouissais mon visage dans son cou et lui murmurais difficilement avec l'émotion.

—''Je vous en prie .... Ne me quittez pas... je tiens trop à vous pour vous laisser partir. Mon Seigneur donnez-lui rétablissement. Je donnerais corps et âme pour revivre ces moments inoubliables passés avec vous...

Camille toussait et je sursautais. Je n'avais plus entendu le son de sa voix depuis des mois, son rire me manquait, la voir en souffrance me brisait. Je lui racontais mes noces, mes belles - filles, ma grossesse tout en savant que je n'aurais jamais de réponse, mais qu'elle m'entendait.

Les adieux furent déchirants, le six avril, jour de ses douze ans, Thérèse partait en pensionnat au couvent des Ursulines du faubourg St - Jacques. Elle n'y reviendrait normalement pas, puis qu’après ses études là - bas, elle deviendrait religieuse. L'année prochaine, France se retrouverait seule avec son époux puisque son petit dernier Philippe partirait en apprentissage.

Quand un matin devant le miroir je m'exclamais à moi-même:ce n'est plus possible cela se voit trop ! Je passais à l'action. J'essayais tout : sauter à pieds joints, boire des mixtures immondes, me laisser tomber à plat ventre, lui parler pour lui dire de déménager, qu'il devenait trop lourd à porter, mais rien de tout cela ne fonctionnais. Je ne savais plus du tout quoi faire, mon ventre arrondi étant flagrant. Je n'avais plus qu'à annoncer ma grossesse a Léon et à espérer qu'ils ne s'interrogent pas sur la date de conception a sa naissance. Quand je lui annonçais que je me trouvais enceinte de plusieurs mois et il ne dissimula pas sa joie, quant à Caroline et Gustavine, elles espéraient une petite sœur pour l'été. Caroline vint me rejoindre dans le salon et me dit de sa petite voix :

—''Moi j'aimerais bien que la petite sœur elle naisse le vingt - sept juillet... vous savez pourquoi ? et "ben parce-que" le vingt - sept juillet c'est mon anniversaire, et vous savez "de mon quel âge » ? le vingt - sept juillet j'aurais quatre ans et Gustavine elle a même dit que quatre ans, c'était quand on était une grande !

—''Vous êtes encore petite alors ?

—''Oui, parceque j'ai pas encore quatre ans, mais ne vous inquiétez pas, sera bientôt mon anniversaire !

—''Et moi, suis-je une grande ou une petite ? La questionnais - je

—''Une grande, parce - que vous avez environ quarante - six ans.

Je criais en agitant les bras pour la faire rire, mais elle avait pris un air sérieux.

—''Quarante - six ans ! Suis-je si vieille que cela ?

—''C'est Gustavine qui me l'a dit et c'est une grande, alors elle ment jamais.

Si Gustavine ne mentait pas, je serais vieille, mais je n'avais que vingt – deux ans, alors j'avais encore le temps.

Je parlais a mon bébé en caressant tendrement mon ventre '' je n'y crois pas encore tant que vous n'êtes pas là, mais a votre arrivée je serais mère'‘ ; '' votre papa s'appelle Mathurin. Il est beau, gentil, je l'aime très fort, ne vous en faites pas, autant que vous, mais tout ne se passa pas comme je l'aurais voulu et il ne me répond plus. Je vous aimerais plus fort que tous les autres enfants que j'aurais, car vous aurez été le seul à avoir été conçu dans l'amour.

—''Un jour, quand vous serez adulte, je vous présenterais à votre père, mais en attendant, il s'appelle Léon.

Je regardais par la fenêtre de ma chambre, le soleil brillait dehors, les arbres s'agitent au gré du vent, j'entendais au loin les voix de Caroline et Gustavine, ses deux sœurs, mon bébé naîtrait cet été, j’avais hâte, c'était si difficile d'attendre.

Je reçu la première visite de France depuis mes fiançailles, elle salua pour la première fois mes belles-filles en s'extasiant sur la beauté de Caroline et pris de mes nouvelles. Lorsqu'elle s'interrogea sur la santé de ma sœur, mon cœur s'emballa. Le médecin, qui venait de la réexaminer quelques heures avant, avait clairement annoncé qu'elle ne passerait pas le prochain hiver. Ma cousine me réconforta :

—''Il serait peut-être mieux pour elle que Dieu la rappelle en paix. Elle souffre ?

—''C'est horrible France... Elle se plaint sans cesse de ces fichues douleurs aux poumons et tousse à en faire pleurer Michel. Sa maladie est contagieuse et les enfants n'ont plus le droit de dépasser le seuil de sa porte pour la voir. Quant à moi, si je pouvais partir avec elle...

—''Ne dites pas cela Louise, s'il vous plaît.

Pensive, je regardais mon bébé grandir en moi. J'avais si peur de l'accouchement, j'aurais voulu avoir tout de suite mon enfant dans les bras, c'est pour cela que je me demandais si tout cela n'était qu'un cauchemar. Je me pinçais, tout était bien réel, malheureusement.

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